Vendredi 31 mai, des responsables israéliens ont présenté aux négociateurs américains, qataris et égyptiens — qui oeuvrent depuis plusieurs mois pour élaborer une proposition de cessez-le-feu qui conviendrait à Israël et au Hamas — les contours d’un plan présenté deux jours plus tôt par le Cabinet de guerre israélien contre l’avis de Benyamin Netanyahou1.

  • La partie américaine a réagi positivement à la proposition de Tel-Aviv, dans la mesure où celle-ci est sensiblement similaire au précédent plan rejeté par Israël quelques semaines auparavant.
  • Tel-Aviv avait déclaré alors que la proposition — à laquelle le Hamas avait préalablement consenti — était « loin de répondre aux exigences fondamentales d’Israël », avant d’envoyer son armée à Rafah, dans le sud de l’enclave.
  • Dans un exercice de diplomatie publique en apparence peu coordonné entre Israël et les États-Unis, Joe Biden a déclaré vendredi soutenir la proposition israélienne qu’il qualifie de « feuille de route vers un cessez-le-feu-durable »2.

La première phase du « plan de paix » consiste à établir un cessez-le-feu d’une durée de six semaines qui serait garanti par le retrait des forces armées israéliennes de Gaza, la libération de « quelques » otages israéliens par le Hamas ainsi qu’une amélioration de la condition des civils permise par « un accroissement de l’aide humanitaire »3.

En Israël, beaucoup d’observateurs et de personnalités politiques considèrent que Joe Biden a mis le Premier ministre israélien au pied du mur en communiquant aussi largement sur cet accord qui pourrait, du moins temporairement, mettre fin aux combats.

  • Samedi 1er juin, le principal conseiller du Premier ministre israélien en matière de politique étrangère, Ophir Falk, qualifiait dans The Times la proposition comme « un accord que nous [le gouvernement israélien] avons accepté »4.
  • Quelques heures plus tard, le chef de l’opposition et ancien Premier ministre Yaïr Lapid menaçait Netanyahou du fait qu’un retrait entraînerait à ce stade une « condamnation à mort » des otages israéliens ainsi qu’une « crise de confiance » avec les États-Unis, l’Égypte et le Qatar5.
  • Dans le même temps, Benny Gantz, membre du cabinet de guerre, a fixé le 8 juin comme date limite à Netanyahou pour lui présenter un plan sur « l’après-guerre à Gaza ». Son parti est allé plus loin en déposant le 30 mai une proposition de loi pour dissoudre la Knesset.
  • Au cours du week-end, plusieurs dizaines de milliers d’Israéliens sont descendus dans les rues des grandes villes du pays, notamment à Tel-Aviv, pour accentuer la pression sur Netanyahou et le contraindre à accepter l’accord6.

Le Premier ministre israélien est tiraillé entre une opinion publique qui réclame son départ et l’aile droite de son gouvernement qui menace de faire éclater sa coalition s’il accepte la proposition de paix7. À l’international, Netanyahou est également de plus en plus isolé, particulièrement depuis l’attaque du 26 mai ayant provoqué au moins 45 morts civils à Rafah.

Sources
  1. Alessandro Ford, « White House prods Israel to accept Gaza peace plan », Politico, 2 juin 2024.
  2. Zolan Kanno-Youngs et David E. Sanger, « Biden Calls for End to Gaza War, Endorsing Israeli Cease-Fire Proposal », The New York Times, 31 mai 2024.
  3. Publication de Joe Biden sur X (Twitter), 31 mai 2024.
  4. Christina Lamb, « Israeli hardliners threaten to topple Netanyahu over ceasefire deal », The Lamb, 1er juin 2024.
  5. Publication de Yaïr Lapid sur X (Twitter), 2 juin 2024.
  6. « Tens of thousands rally in Tel Aviv to demand hostage deal, denounce government », Times of Israel, 2 juin 2024.
  7. Eliav Breuer, « Ben-Gvir reiterates threat to leave government if Netanyahu accepts hostage deal proposal », The Jerusalem Post, 3 juin 2024.