Dimanche 19 mai, l’hélicoptère de la Force aérienne de la république islamique d’Iran qui transportait le président iranien Ebrahim Raïssi, le ministre des Affaires étrangères Hossein Amir Abdollahian ainsi que plusieurs hauts responsables iraniens, s’est écrasé dans la forêt de Dizmar, au nord-ouest du pays, dans l’Azerbaïdjan iranien.

  • L’hélicoptère qui transportait Raïssi était un Bell 212 construit par l’industriel américain Bell Textron. Il est entré en service dans l’armée iranienne en 1994.
  • Ce n’est pas tant l’âge de l’appareil que la difficulté de trouver des pièces pour son entretien qui a potentiellement joué un rôle dans la défaillance technique qui a conduit au crash.
  • Si la flotte iranienne d’hélicoptères a en moyenne plus de 40 ans, son âge est comparable à celui d’autres pays1. À ce jour, l’appareil le plus répandu au sein de l’aviation légère de l’Armée de terre française est la Gazelle, un modèle développé à la fin des années 1960.

Rien ne permet à cette heure de prouver que les sanctions sont à l’origine d’un problème technique provoqué par la difficulté de l’armée iranienne à se procurer des pièces pour ce modèle d’hélicoptère. Les données indiquent néanmoins que le nombre d’accidents d’avions et d’hélicoptères a significativement augmenté dans les pays visés par des sanctions internationales par rapport au reste du monde.

Les sanctions américaines supervisées par l’Office of Foreign Assets Control interdisent à toute personne ou entité du secteur de l’aviation sous juridiction américaine ou non de « s’engager dans des transferts non autorisés d’aéronefs d’origine américaine ou de biens, de technologies ou de services connexes à destination de l’Iran »2. Celles-ci rendent ainsi impossible le transfert de pièces pour réparer des appareils construits par des industriels américains, dont le Bell 212 qui transportait Ebrahim Raïssi.

  • Le graphique ci-dessous, qui repose sur les données de l’Aviation Safety Network, indique le nombre annuel d’accidents d’avions, d’hélicoptères et d’autres aéronefs signalé par an dans chaque pays.
  • Dans les quatre pays sélectionnés ici, on constate une augmentation considérable du nombre d’accidents à partir des années 1990-2000. Celle-ci est notamment due au développement du secteur de l’aviation et à l’augmentation du nombre de vols.
  • En Allemagne et en France, le volume d’accidents est plus important en raison du plus grand nombre de vols quotidiens et d’appareils en circulation.

Entre la décennie 1950 et 2010, le nombre d’accidents signalés en Iran a été multiplié par 7,38 et 5,25 en Russie. En Allemagne et en France, le nombre a été multiplié respectivement par 2,09 et 1,84, soit en moyenne trois fois moins. Avant l’invasion russe de l’Ukraine de février 2022, l’Iran était le pays le plus sanctionné au monde, devant la Russie et la Syrie3.

Sources
  1. John Paul Rathbone, Sylvia Pfeifer et Philip Georgiadis, « How sanctions played havoc with Iran’s ageing helicopters », Financial Times, 21 mai 2024.
  2. Deceptive Practices by Iran with respect to the Civil Aviation Industry, Département du Trésor américain, 23 juillet 2019.
  3. Russia Sanctions Dashboard, Castellanum.AI, 22 avril 2024.