Passée l’escalade de septembre dernier — entre menace de Varsovie d’arrêter ses livraisons d’armes à l’Ukraine et dépôt de plainte à l’OMC de la part de Kiev — les négociations pour un accord sur les céréales durent depuis plusieurs mois.
- Malgré sa place parmi les chefs de file des soutiens à Kiev, la Pologne conserve une position ferme vis-à-vis de la libéralisation des échanges avec l’Ukraine, qui a engendré des protestations de son secteur agricole et des transports routiers.
- L’Ukraine souhaite maintenir l’accord de libéralisation des échanges avec l’Union, conclu en soutien à la suite de l’invasion russe, tandis que la Pologne souhaite un découplage de l’aide humanitaire et militaire du soutien commercial.
- Concrètement, les négociations — difficiles aux dires du ministère de l’agriculture polonais Czesław Siekierski — portent sur des licences d’exportation accordées à certains produits. Des débats sont en cours sur les gammes de biens concernés 1.
À l’échelle de l’Union, les États-membres ont trouvé un accord le 19 mars sur des mécanismes de sauvegarde permettant de limiter les importations de certains produits venus d’Ukraine, malgré le maintien de la libéralisation des échanges.
La Commission a également proposé le 22 mars une augmentation des droits de douane sur les importations de céréales de Russie et de Biélorussie à 95 euros par tonne et à 50 % du prix de vente pour les oléagineux.
- Le double but affiché est de diminuer les revenus issus de ces importations — l’Europe ayant acheté pour 1,3 milliards d’euros de produits russes en 2023 — tout en « protégeant le marché européen ».
- Les importations de céréales russes ne représentent cependant que 1 % de la demande européenne.
- Le chancelier Scholz s’est réjoui de cette proposition tandis que Moscou a annoncé que les consommateurs européens pâtiront de cette mesure 2.
Un treizième train de sanctions visant la Russie a été adopté par la Commission en février 2024. Il élargit le champ des personnes et des sociétés visées en ciblant particulièrement le complexe militaro-industriel. L’arrêt complet des importations de GNL est l’un des prochains leviers étudiés par les États membres. Des disparités importantes persistent entre les pays européens : en décembre, 98 % du gaz importé par l’Autriche provenait de Russie.
Sources
- Reuters, EU envoys to discuss limits on Ukraine farm product imports, 27 mars 2024.
- Berliner Tageszeitug, « Scholz findet eu-zölle für russisches getreide « richtig » », 22 mars 2024.