Zaloujny limogé. Qui est son remplaçant, Oleksandr Syrsky ?

Dix jours après avoir prévenu Valeri Zaloujny de son limogeage, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé, jeudi 8 février, la nomination du colonel-général Oleksandr Syrsky au poste de commandant en chef des forces armées ukrainiennes¹.

• Si le remplacement d’un chef militaire en plein conflit est un fait rare, il n’est pas unique : en décembre 1916, le maréchal Foch fut contraint de démissionner de son poste de commandant en chef des forces françaises, avant d’être remplacé par Robert Nivelle.

Oleksandr Syrsky occupe le rang de colonel-général au sein de l’armée ukrainienne. Depuis août 2019, il est le commandant des forces terrestres d’Ukraine. 

• Syrsky est notamment connu pour son rôle joué lors de la défense de Kiev dans les premières semaines de l’invasion russe de février 2022. 
• Par la suite, il a commandé les forces ukrainiennes lors de l’offensive de Kharkiv de septembre 2022, qui s’est soldée par la libération de plus de 12 000 kilomètres carrés de territoire en l’espace de quelques semaines — soit l’une des principales réussites offensives ukrainiennes depuis le début de la guerre.

Au-delà de ces deux importants succès, Syrsky jouit d’une mauvaise réputation au sein de l’armée, et semble bien moins apprécié par les officiers et les soldats ukrainien que son prédécesseur².

• Son approche tactique — héritée de sa formation à l’École supérieure de commandement interarmes de Moscou puis à ses années passées dans le corps d’artillerie soviétique — est notamment pointée du doigt comme impactant négativement le moral des troupes opérant sous son commandement ainsi que les ressources humaines ukrainiennes, de plus en plus réduites³. 
• Des témoignages lui attribuent notamment les lourdes pertes subies par Kiev lors de la bataille de Bakhmout entre 2022 et 2023 qui auraient pu être évitées si Syrsky avait adopté une approche plus stratégique que tactique⁴.

Plusieurs analystes émettent des réserves quant à la capacité de Syrsky d’apporter le « changement » jugé nécessaire par Zelensky pour vaincre militairement la Russie. Celui qui a acquis la réputation de « boucher » aura la tâche d’établir une relation avec les partenaires de Kiev en matière de sécurité, cultivée par Zaloujny depuis plus de deux ans, tandis que les troupes sur le front pourraient voir d’un mauvais œil ce changement de leadership en faveur d’un commandant qui semble accorder moins d’importance à la vie de ses soldats que son prédécesseur.