En Chine, la nomination d’un nouveau ministre des Affaires étrangères est attendue, suite à la disparition du diplomate Qin Gang. 

  • Moins de sept mois après sa prise de fonction comme ministre des Affaires étrangères, Qin Gang a été officiellement remplacé le 25 juillet 2023 par son prédécesseur Wang Yi — fort de dix ans d’expérience à ce poste.
  • Qin Gang avait disparu un mois avant son remplacement officiel.
  • Le ministre de la défense Li Shangfu a subi le même sort et a été limogé le 24 octobre, après avoir disparu à la fin du mois d’août.
  • Si les chaînes de causalité qui ont mené au limogeage des ministres ne peuvent être établies avec certitude, il est cependant à noter que ces renvois se sont produits dans le contexte d’une large opération anti-corruption visant l’armée chinoise et l’industrie de défense.
  • Au moins 15 responsables de l’armée — dont Li Shangfu — ont été publiquement démis de leurs fonctions sur le deuxième semestre de 20231.

Liu Jianchao serait l’un des responsables pressentis pour le poste de ministre des affaires étrangères. 

  • Il occupe depuis juin 2022 la fonction chef du Département International du comité central du PCC, chargé des relations avec les autres partis à l’international. 
  • Fort d’une expérience internationale, Liu a auparavant occupé le poste d’ambassadeur de Chine aux Philippines et en Indonésie. 
  • Entre ces deux postes, son passage au Comité central pour l’inspection disciplinaire du PCC lui a offert une expérience clef dans le domaine de la lutte anti-corruption au sein du parti, spécialisé dans les cadres ayant fui à l’étranger2 — une ligne de curriculum vitae notable dans le contexte de purges actuelles. 
  • Il s’est rendu à Washington le 12 janvier, où il a rencontré Antony Blinken3, dans le cadre de la poursuite du dialogue entre les deux puissances après la rencontre entre Xi et Biden du 15 novembre dernier. 

Sa nomination pourrait avoir lieu durant le cycle législatif de mars — les Deux sessions (两会) annuelles de l’Assemblée nationale du peuple et de la Conférence Consultative Politique du Peuple chinois (CCCPC) —, selon le Washington Post4

Lors d’un autre voyage à l’étranger, cette fois à Paris, Liu exposait en octobre ce qu’il décrivait comme des opportunité de convergences entre l’Europe et la Chine et même un « point de vue partagé » sur le Sud et le « rééquilibrage du développement mondial » : « Un lien particulier unit la France et la Chine, et la France et le Parti communiste chinois ». Une doctrine à lire de près pour mieux comprendre l’entrée de la diplomatie chinoise dans une potentielle ère Liu.