La Cour constitutionnelle d’Albanie a validé le 29 janvier un accord migratoire permettant à l’Italie de déplacer des demandeurs d’asile secourus ou appréhendés en mer dans des centres situés sur le sol albanais1 pour le traitement de leur demande d’asile par Rome.

  • L’accord signé en novembre prévoit l’installation de deux centres dans le nord de l’Albanie d’une capacité totale de 3 000 personnes — et pour un nombre de passages estimé à 36 000 par an2.
  • Le coût, pris en charge par l’Italie, n’a pas été officiellement dévoilé et seul un premier décaissement de 16,5 millions d’euros dans les 90 premiers jours du protocole a été évoqué3. Le député d’opposition Matteo Mauri estime que le coût des centres pourrait atteindre 653 millions d’euros sur cinq ans4.
  • L’accord s’ajoute à des précédentes mesures d’externalisation de la gestion de la migration, pilier de la politique migratoire menée par le gouvernement Meloni — en ligne avec la réorientation du pacte migratoire de l’Union européenne.
  • Après un accord conclu avec la Tunisie, des discussions seraient en cours avec l’Algérie, l’Égypte et le Maroc5.

La question des migrations était également au centre d’un sommet Italie-Afrique qui s’est tenu à Rome le même jour, lundi 29 janvier.

  • Ursula von der Leyen, Charles Michel et Roberta Metsola étaient présents, ainsi que des représentants des Nations unies, du FMI et de la Banque mondiale.
  • Meloni a présenté son « Plan Mattei », conçu pour offrir « une alternative sérieuse au phénomène de la migration de masse »6 en Afrique tout en menant des investissements stratégiques pour l’Italie, notamment dans le secteur de l’énergie. 
  • La présidente du Conseil revendique un renouvellement du partenariat avec l’Afrique « loin d’une conception prédatrice ou même charitable ».
  • Le montant initial annoncé est de 5,5 milliards d’euros, sans détails sur les projets qui seront financés à ce stade. Il s’ajoute au plan européen, Global Gateway, qui prévoit de mobiliser 150 milliards d’investissements — publics et privés — pour l’Afrique sur la période 2021-2027.
  • Dans le cadre de la présidence italienne du G7, les relations avec l’Afrique seront l’une des deux priorités du Sommet de juin, avec l’intelligence artificielle. 

Giorgia Meloni, élue sur un programme de réduction de l’immigration, est mise en difficulté par la hausse des arrivées irrégulières sur le sol italien depuis son élection et multiplie les initiatives face aux critiques. 157 651 arrivées irrégulières en Italie ont été décomptées en 2023, contre 105 131 en 20227.