Afin de modéliser l’impact d’une guerre chinoise contre Taïwan sur le PIB mondial, le service économique de Bloomberg considère que celle-ci aboutirait à :

  • l’arrêt des exportations et importations de l’île ;
  • la mise en pause quasi-totale des relations commerciales sino-américaines ;
  • l’imposition de tarifs douaniers de 50 % par les États-Unis et leurs alliés sur les biens chinois ;
  • une hausse de 40 points du Volatility Index (VIX), qui produit une mesure de la volatilité du marché boursier américain ;
  • une chute de 80 % du commerce en direction et en provenance du Japon, de la Corée du Sud et des pays de l’ASEAN.

En calculant le coût associé à ces conséquences directes, l’impact d’une guerre contre Taïwan pourrait être de 10,2 % du PIB mondial au cours de la première année, soit 10 trillions de dollars. Un blocus chinois de l’île pourrait quant à lui aboutir à une perte de 5 % du PIB mondial. Dans les deux cas de figure, la Chine elle-même s’exposerait à de lourdes conséquences économiques1.

  • Taïwan serait le pays le plus impacté économiquement par une guerre chinoise. Sa perte de PIB au cours de la première année est estimée à 40 %. À fin de comparaison, le Fonds monétaire international estime que le PIB ukrainien s’est contracté d’environ 30 % en 20222.
  • Au-delà des chocs commerciaux et financiers, c’est l’impact sur l’approvisionnement mondial en semi-conducteurs qui devrait porter le coup le plus dur aux économies (-8 % à l’échelle mondiale et pour l’Union, -12 % pour la Chine et -5 % pour les États-Unis).
  • Bloomberg reconnaît qu’il existe une incertitude quant à « la mesure dans laquelle la production taïwanaise de semi-conducteurs pourrait être remplacée par la production d’autres sites ».
  • Selon un rapport d’International Data Corporation d’octobre 2023, la part de marché des industriels taïwanais représentait 46 % de la production globale de semi-conducteurs l’an dernier3.

Le risque posé par une invasion chinoise de Taïwan occupera une place centrale dans l’élection présidentielle qui se tiendra ce samedi 13 janvier. Lors de son discours du Nouvel An, Xi Jinping déclarait que « la Chine sera certainement réunifiée et tous les Chinois des deux côtés du détroit de Taïwan devraient être liés par un objectif commun »4. Cette formulation marque un ton plus ferme par rapport à celui employé fin 2022, lorsque Xi Jinping se contentait de qualifier les Chinois et Taïwanais comme étant les « membres d’une seule et même famille »5.