Doctrines de la Chine de Xi Jinping

Peng Liyuan, guerrière culturelle : le Nouvel An avec Xi Jinping

Soprane populaire, star nationaliste, général de division au sein de l’armée, pilier du Parti communiste chinois. Peng Liyuan — qui est aussi l’épouse de Xi Jinping — a acquis sa notoriété à l’occasion des monumentaux Galas du Nouvel An diffusés chaque année sur la télévision d’État chinoise. La « Première Dame de Chine », qui assume aujourd’hui un rôle de représentation diplomatique, reste une figure clef dans le dispositif imaginaire et culturel de Pékin. Pour comprendre pourquoi, il suffit d’écouter ses chansons.

Auteur
Alexandre Antonio
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© AP Photo

Peng Liyuan (彭丽媛, née le 20 novembre 1962) est l’une des chanteuses folkloriques chinoises les plus connues et une interprète popularisée par ses apparitions régulières dans le gala annuel du Nouvel An de CCTV. Elle a obtenu de nombreux honneurs et les premières places dans de nombreux concours de chant de haut niveau à l’échelle nationale.

En 2005, son opéra musical « Mu Lang poems » lui a valu un prix de « Outstanding Artist » du Lincoln Center for the Performing Arts aux États-Unis. Elle a aussi été la première en Chine à obtenir une maîtrise en musique ethnique traditionnelle chinoise lorsque cette spécialité a été créée dans les années 1980.

Surnommée « la fée Pivoine », Peng Liyuan a rejoint l’Armée populaire de libération chinoise (APL) au début de sa carrière jusqu’à obtenir le grade de général de division. Elle se fait rapidement un nom en tant qu’artiste approuvée par le Parti communiste, apparaissant fréquemment à la télévision d’État pour chanter des chansons de propagande portant des titres. Parmi ses plus célèbres figurent : Dans le champs de l’espoir (在希望的田野上), Les gens de notre village (父老乡亲), et Le Mont Everest (珠穆朗玛).

C’est le Gala du Nouvel An sur la CCTV en 1983 qui a fait d’elle une célébrité nationale. Ce n’est que trois ans plus tard, en 1986, que la star rencontrera le futur Président Xi par l’intermédiaire d’un ami commun. À l’époque, le Président Xi est le maire adjoint de la ville de Xiamen, dans la province méridionale de Fujian.

Peng  jouit d’une réputation positive en Chine. Depuis que son mari est devenu le secrétaire général du Parti communiste chinois en 2012, elle est la Première Dame de Chine sur le plan international. Peng est d’ailleurs activement impliquée dans la politique chinoise et internationale en tant que membre du 11e Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois et ambassadrice de l’OMS. 

Aujourd’hui, Peng Liyuan ne chante plus — ou à de très rares occasions. Mais ses chansons permettent de mieux comprendre l’état d’esprit des populations lors des transformations de la Chine induites par les réformes de l’ouverture à la fin du XXème siècle.

« 在希望的田野上 » (« Dans le champ de l’espoir »), 1982

我们的家乡 在希望的田野上

炊烟在新建的住房上飘荡

小河在美丽的村庄旁流淌

一片冬麦 (那个)一片高粱

十里(哟)荷塘 十里果香

哎咳哟 嗬 呀儿咿儿哟

咳! 我们世世代代在这田野上生活

为她富裕 为她兴旺

我们的理想 在希望的田野上

禾苗在农民的汗水里抽穗

牛羊在牧人的笛声中成长

西村纺花(那个)东岗撒网

北疆(哟)播种 南国打场

哎 咳哟嗬 呀儿咿儿哟

咳! 我们世世代代在这田野上劳动

为她打扮 为她梳妆

我们的未来 在希望的田野上

人们在明媚的阳光下生活

生活在人们的劳动中变样

老人们举杯(那个)孩子们欢笑

小伙儿(哟)弹琴 姑娘歌唱

哎咳哟嗬呀儿咿儿哟

咳! 我们世世代代在这田野上奋斗

为她幸福 为她争光

为她幸福 为她争光

Il s’agit d’une chanson qui loue l’apparente vitalité de la Chine rurale des années 1980.  Après la troisième session plénière du onzième comité central du Parti communiste chinois qui a formulé un projet de réforme sur la ruralité en Chine, l’auteur de la chanson — Chen Xiaoguang — a fait l’expérience de la vie dans les provinces du Sichuan et du Anhui et a ressenti les changements rapides dans les campagnes chinoises.

En 1982, chanté par une jeune Peng Liyuan — moins de 20 ans à l’époque —, le titre est  immédiatement largement diffusé. La chanson est ensuite réutilisée dans divers cercles de la capitale pour célébrer les 60ème et 70ème anniversaires de la fondation de la République populaire de Chine.  

« 父老乡亲 » (« Les gens de notre village »), 1991 

我生在一个小山村

那里有我的父老乡亲

胡子里长满故事

憨笑中埋着乡音

一声声喊我乳名

一声声喊我乳名

多少亲昵

多少疼爱

多少开心

啊 父老乡亲

啊 父老乡亲

我勤劳善良的父老乡亲

啊 父老乡亲

啊 父老乡亲

树高千尺也忘不了根

啊 父老乡亲

父老乡亲

啊 父老乡亲

父老乡亲

我勤劳善良的父老乡亲

我生在一个小山村

那里有我的父老乡亲

小米饭把我养大

风雨中教我做人

临别时送我上路

临别时送我上路

几多叮咛

几多期待

几多情深

啊 父老乡亲

啊 父老乡亲

我勤劳善良的父老乡亲

啊 父老乡亲

啊 父老乡亲

树高千尺也忘不了根

啊 父老乡亲

啊 父老乡亲

树高千尺也忘不了根

La caractéristique principale de cette chanson patriotique est le mot amour. Peng Liyuan chante les espoirs, attentes du peuple chinois, ainsi que la gloire de l’armée dirigée par le Parti communiste chinois. La dernière phrase de sa chanson, « Un arbre aussi grand que mille pieds ne peut jamais oublier ses racines », ( 树高千尺也忘不了根) est censée exprimer le sentiment d’enracinement de millions de chinois.

En 2019, le Parti a décerné à la chanson la récompense des « 100 excellentes chansons pour célébrer le 70e anniversaire de la fondation de la République populaire de Chine ».

« 珠穆朗玛 » (« Zhumulangma », Le Mont Everest), 1995 

珠穆朗玛

珠穆朗玛

你高耸在人心中

你屹立在蓝天下

你用爱的阳光抚育格桑花

你把美的月光洒满喜马拉雅

珠穆朗玛

珠穆朗玛

我多想弹起神奇的弦子

向你倾诉着不老的情话

我爱你珠穆朗玛

心中的珠穆朗玛

珠穆朗玛

珠穆朗玛

你走进亲人梦中

你笑在高原藏家

你那堂堂正气闪着太阳的光华

你用阵阵清风温暖大地妈妈

珠穆朗玛

珠穆朗玛

我多想挑起热情的锅庄

为你献一条洁白的哈达

献给你 珠穆朗玛

圣洁的珠穆朗玛

珠穆朗玛

珠穆朗玛

Elle a été chantée pour la première fois le 29 novembre 1995 lors du gala « Commémoration du premier anniversaire de la mort de Kong Fansen » (孔繁森) — secrétaire du Parti communiste de la préfecture de Ngari en 1992 et érigé en modèle pour les dirigeants et les fonctionnaires du Parti. 

Après sa mort, Kong a reçu plusieurs distinctions du Parti et a été présenté comme un travailleur modèle de la « nouvelle Chine ». Il existe un film basé sur sa vie, ou une version de celle-ci que la propagande chinoise veut donner. Kong a été comparé à un Lei Feng moderne.

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