Un accord sur le Fonds pour les pertes et dommages destiné à financer les pays les plus vulnérables au changement climatique a été annoncé comme une victoire dès le premier jour de la COP 28, par son président Sultan Ahmed Al-Jaber.

  • Les contributions reposent à ce jour sur des engagements volontaires des États. 
  • Plus de 15 pays et organisations internationales ont annoncé des promesses chiffrées de contribution au Fonds, pour le moment à hauteur de 656 millions de dollars au total. 
  • L’Allemagne et les Émirats arabes unis, qui ont lancé l’initiative, ainsi que la France et l’Italie ont annoncé à ce jour les plus importantes contributions (entre 100 et 108 millions de dollars).

Ces dernières sont largement sous-dimensionnées en comparaison des ressources allouées à d’autres fonds. 

  • La capitalisation du Fonds représente en l’état actuel 2 % du fonds lancé à la COP 28 à l’initiative des Émirats arabes unis, cette fois associés à BlackRock et deux autres gestionnaires d’actifs1 : le fonds privé Altérra, auquel les Émirats arabes unis se sont déjà engagés à contribuer à hauteur de 30 milliards de dollars.
  • Le fonds a pour ambition de devenir « le plus grand instrument d’investissement privé au monde en faveur de la lutte contre le changement climatique ». Il sera dirigé par le président de la COP 28, Sultan Ahmed Al-Jaber.
  • Sa stratégie s’appuiera notamment sur le mécanisme de réduction des risques (de-risking) des investissements dans les pays du Sud, visant à attirer davantage de fonds privés — avec un objectif de 250 milliards de dollars d’ici 20302

Le Fonds est par ailleurs sous-dimensionné par rapport aux besoins de financement liés aux pertes et dommages causés par le réchauffement climatique. 

  • Les contributions annoncées représentent au plus 0,2 % du montant annuel estimé des pertes et dommages dans les pays en développement d’ici 2030. 
  • Les estimations actuelles prévoient des pertes annuelles comprises entre 290 et 580 milliards de dollars jusqu’en 2030, et entre 1132 et 1741 milliards de dollars d’ici 20503.

Outre la question des contributions, les principaux désaccords entre les pays du Nord et les pays du G77+Chine, en amont de la COP 28, touchaient au mode de gouvernance, à la localisation du siège du Fonds ainsi qu’ au type de financement et aux conditions d’attribution.

  • Le conseil d’administration du Fonds sera composé en majorité de représentants de pays en développement, selon la classification de la Banque mondiale. 
  • Après plusieurs mois de négociations, les pays du Sud ont finalement accepté que le Fonds soit « initialement » hébergé à la Banque mondiale pour une durée de quatre ans.
Sources
  1. Brookfield et TPG.
  2. Altérra, Press release, December 2023.
  3. Anil Markandya, Mikel González-Eguino, « Integrated Assessment for Identifying Climate Finance Needs for Loss and Damage : A Critical Review », November 2018.