Officiellement, un seul programme guidera le mandat de Donald Trump s’il venait à être réélu en novembre 2024 : l’Agenda 47. Celui-ci rassemble déjà plusieurs dizaines de propositions allant de la « protection des étudiants de la gauche radicale et des maniaques marxistes qui infectent les établissements d’enseignement » à la « reconstruction de l’armée américaine », supposément en crise et affaiblie1.

Dans les faits, son agenda est bien plus large et structuré. L’architecture de celui-ci est essentiellement contenue dans le Projet 2025, un guide pratique développé par la Heritage Foundation, un think-tank conservateur, avec le soutien de plus de 80 organisations2.

  • La campagne de Trump se défend de collaborer avec toute personne ou institution « fournissant des suggestions quant à un second mandat », bien qu’elle « apprécie l’effort »3.
  • Si la Heritage Foundation revendique avoir également briefé Ron DeSantis et Nikki Haley, au coude-à-coude dans les sondages pour la deuxième place de la primaire républicaine, il n’y a aucun doute quant au fait que le Projet 2025 est développé avant tout pour Trump.
  • L’ancien directeur du Bureau de la gestion et du budget de Trump, Russell Vought, ainsi que l’un de ses proches conseillers politiques, John McEntee, participent directement au Projet 2025.
  • La Fondation America First Legal — dont la mission est de contre-attaquer la « gauche radicale » en intentant des actions en justice4 —, présidée par l’architecte de la politique anti-immigration de Trump, Stephen Miller, fait partie du conseil consultatif du Projet.

Le « Projet de transition présidentielle 2025 » n’est pas le premier policy agenda développé par la Heritage Foundation mais s’inscrit dans une série intitulée « Mandate for Leadership », dont la première édition a été remise à Ronald Reagan lors de son élection en 1980. Selon son directeur, Paul Dans, ancien chef de cabinet à l’Office of Personnel Management sous l’administration Trump, l’objectif du Projet 2025 est de « rassembler une armée de conservateurs alignés, contrôlés, formés et préparés pour se mettre au travail dès le premier jour afin de déconstruire l’État administratif »5.

  • Trump et ses alliés considèrent qu’il « ne suffit pas d’adapter le personnel », mais qu’il faut « refondre entièrement » l’organisation du pouvoir exécutif en plaçant à la Maison-Blanche, dans les Départements et agences fédérales, des fonctionnaires qui adhèrent entièrement au projet trumpiste6.
  • Au-delà de l’exécutif, l’ex-président se considère comme ayant lui-même été trahit par d’autres Républicains comme son vice-président Mike Pence ou le secrétaire d’État de Géorgie Brad Raffensperger. 

Afin de sélectionner des candidats disposés à travailler dans la prochaine administration républicaine et qui partagent les valeurs et convictions de Donald Trump, la Heritage Foundation vise à disposer d’une liste de 20 000 fonctionnaires potentiels lors du retour à la Maison-Blanche de Donald Trump. En avril, deux journalistes du New York Times présentaient ce processus comme un « LinkedIn de droite »7.

Vendredi 1er décembre, Axios a rendu public le questionnaire utilisé dans les derniers jours de l’administration Trump afin de déterminer la fidélité des fonctionnaires restants8. Les questions utilisées par la Heritage Foundation pour le Projet 2025 sont similaires à celles du questionnaire de 2020, et visent avant tout à tester la loyauté sans faille des répondants envers le projet MAGA.