La première Assemblée constituante a été élue il y a maintenant plus de deux ans, en mai 2021. Un premier projet constitutionnel, présenté par cette Assemblée, a été refusé le 4 septembre 2022. 

  • En 2020, le projet de renouveler la Constitution datant de la dictature de Pinochet l’avait emporté dans les urnes par référendum avec 78 % des voix, donnant le feu vert au premier processus de réécriture.
  • Le 4 septembre 2022, 61,9 % des électeurs chiliens se sont cependant prononcés contre le projet de réforme constitutionnelle présentée par la première Assemblée constituante.
  • L’échec du projet a été suivi de nouvelles élections le 7 mai 2023, ayant abouti à la formation d’une nouvelle Assemblée constituante.

La seconde Assemblée constituante rend aujourd’hui son projet de constitution. La population devra se prononcer sur ce nouveau projet par référendum, le 17 décembre. Il pourrait cependant également avoir des difficultés à l’emporter dans les urnes.

  • Contrairement au premier projet, perçu comme très à gauche et en rupture avec le modèle néolibéral par une partie de la population, celui-ci a été conçu par une Assemblée dominée par la droite. Le Parti républicain de José Antonio Kast, aux positions d’extrême-droite, est arrivé en tête des élections constituantes de mai 2023 devant la coalition Unité pour le Chili. 
  • L’Assemblée constituante a adopté le 20 septembre, à 33 voix contre 17, un article dont la formulation a été dénoncée par l’opposition comme susceptible de remettre en cause le droit à l’avortement. La gauche craint une remise en question de la loi de 2017 qui autorise l’avortement pour les cas de viols, d’inviabilité du foetus à caratère létal et de mise en danger de la vie de la mère. 
  • L’Assemblée a aussi souhaité inscrire dans la Constitution des amendements concernant l’expulsion des étrangers en situation irrégulière « dans les plus brefs délais » du territoire chilien. 
  • Le président Gabriel Boric, avait reconnu que le processus constituant précédent avait échoué entre autres parce que les différents camps n’avaient « pas su s’écouter », aboutissant à un projet perçu comme trop clivant. À l’issue des élections de mai 2023, il avait appelé le Parti républicain à « ne pas commettre les mêmes erreurs » que son parti1.

Le projet de révision qui sera soumis à la population par référendum en décembre pourrait subir un nouveau rejet. Selon un sondage Cadem, la majorité de l’électorat (65 %) pense à ce stade que le « non »  l’emportera, indépendamment de leur intention de vote. Une part non négligeable de l’électorat reste cependant indécise sur son vote de décembre – au moins 15 % selon ce sondage Cadem.

Sources
  1. Discours de Gabriel Boric à l’issue du scrutin du 7 mai 2023, Palais de la Moneda, Santiago.