À mesure qu’un scénario opposant en novembre 2024 les mêmes candidats que quatre ans plus tôt — ce qui ne s’est pas produit depuis 1956 — paraît de plus en plus crédible, de récents sondages mettent en lumière les faiblesses d’une nouvelle candidature Biden.

  • Traditionnellement, les partis aux États-Unis sont réticents à accorder une deuxième chance à un candidat ayant déjà perdu — particulièrement face au même opposant.
  • Si lors des deux derniers rematch de ce type en 1900 (William McKinley face à William Jennings Bryan) et 1956 (Dwight D. Eisenhower face à Adlai Stevenson II) le deuxième scrutin a donné le même résultat final avec un écart plus important dans le vote du collège électoral, l’issue pourrait être différente cette fois-ci.

Une série de sondages récents indiquent un certain nombre de faiblesses structurelles du soutien à Joe Biden au sein de l’électorat qui lui a permis de remporter l’élection de 2020. Au sein des communautés afro-américaines, hispaniques et parmi les jeunes électeurs, le président en exercice peine à vendre les réussites de son mandat — et ce malgré un bilan économique positif1.

  • Selon un nouveau sondage réalisé par le New York Times et Siena Poll, Trump est en tête des intentions de vote dans 5 swing states. Biden ne dispose d’une avance de 2 points que dans le Wisconsin2.
  • Ces six États — Arizona, Géorgie, Minnesota, Nevada, Pennsylvania et Wisconsin — ont tous été remportés par Biden en 2020. L’an prochain, ce sont ces mêmes États qui seront le plus susceptibles de départager les deux candidats.
  • Il est encore trop tôt dans la campagne pour tirer des conclusions définitives de ces chiffres. En un an, le scénario qui se dessine pourrait être complètement renversé par l’état de santé de Biden et Trump ou bien par les affaires judiciaires de ce dernier — d’autant que les deux partis disposent d’alternatives crédibles3.

Cependant, la directrice de campagne de Joe Biden elle-même, Julie Chávez Rodríguez, reconnaît que l’élection générale de novembre 2024 sera « très serrée »4. Parmi les électeurs démocrates, l’âge de l’actuel président est un vrai sujet de préoccupation, tout comme sa capacité à améliorer les conditions de vie des Américains. Au Michigan, qui concentre la plus grande part de population arabe, le soutien sans équivoque de Biden à Israël dans le cadre de la guerre de Soukkot pourrait offrir à Trump la faible marge dont il a besoin pour emporter l’État en 20245.

Tout ne joue cependant pas en faveur de Donald Trump. Tandis que l’organisation Citizens for Responsibility and Ethics in Washington (CREW) a intenté des actions en justice dans plusieurs États pour exclure Trump du scrutin, l’année 2024 sera rythmée par un calendrier juridique qui pourrait lui nuire politiquement6. Si les multiples mises en examen dont il fait l’objet n’ont pas fait bouger les lignes jusqu’alors, des condamnations auraient un impact bien plus important.

Sources
  1. Nate Cohn, « How to Interpret Polling Showing Biden’s Loss of Nonwhite Support », The New York Times, 6 septembre 2023.
  2. Cross-Tabs : October 2023 Times/Siena Poll of the 2024 Battlegrounds, 5 novembre 2023.
  3. Notamment : Alex Thompson, « Newsom, Pritzker signal White House ambitions in donations to S. Carolina candidate », Acios, 6 novembre 2023.
  4. Biden year out memo, Julie C. Rodriguez, 2 novembre 2023.
  5. En 2020, Biden a remporté le Michigan avec seulement 150 000 voix de plus que Donald Trump. Selon le census de 2020, 310 087 personnes d’origine moyen-orientale ou nord-africaine résidaient dans l’État : Niraj Warikoo, « Census : Arab Americans now a majority in Dearborn as Middle Eastern Michiganders top 300K », Detroit Free Press, 26 septembre 2023.
  6. Daily updates on Colorado 14th Amendment trial, Citizens for Responsibility and Ethics in Washington (CREW).