Plusieurs opposants politiques actuellement détenus dans les prisons russes ont annoncé dans un communiqué publié le 5 octobre se mettre collectivement en grève de la faim pour une journée ce lundi 30 octobre. 

  • Le communiqué signé par Alexeï Navalny et cinq autres opposants – Vladimir Kara-Mourza, Vadim Ostanine, Lilia Tchanycheva, Daniel Kholodny et Ilia Iachine – appelle également à une mobilisation plus large et collective de leurs soutiens dans la population pour cette journée de grève de la faim. 
  • La date est symbolique puisque le 30 octobre marque la Journée du prisonnier politique, lancée par deux dissidents de l’URSS au Goulag en 1974. Alors que depuis 1991, la journée consistait essentiellement à commémorer les prisonniers de l’ex-URSS, l’opposant Navalny a souhaité en 2023 la faire renaître, déclarant : « Le pouvoir russe revient à ses racines, avec des arrestations, des répressions, des procès secrets et une anarchie gratuite déguisée en justice ».
  • Dans son rapport publié en août 20231 sur les prisonniers politiques en Russie, l’ONG Memorial décrit un durcissement de la répression au cours de l’année 2022, notamment contre les opposants à la guerre en Ukraine. Le nombre de prisonniers politiques identifiés dans les listes établies par l’ONG – décrites comme « très incomplètes » par cette dernière – atteignait 512 au 31 décembre 2022.

La semaine dernière, la Russie a également connu une grève exceptionnelle des avocats, en réaction aux violences qu’ils subissent dans l’exercice de leurs fonctions. Si celles-ci existent depuis des décennies, leur gravité et leur intensité n’ont fait qu’augmenter depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine. « C’est un trait du pouvoir poutinien que de pratiquer l’illégalisme le plus patent et le plus brutal, en le nimbant des formes d’un légalisme étroit », résumait Guillaume Lancereau.

Sources
  1. Mémorial, Août 2023.