Véritable atout stratégique, objet de spéculations et de guerre de communication entre Israël et le Hamas, le réseau de tunnels qui perce la bande de Gaza est revenu au centre des préoccupations à l’approche d’une possible invasion terrestre de la bande de Gaza suite à l’attaque du Hamas le 7 octobre

  • L’une des deux otages israéliennes libérées le 23 octobre a rapporté dans son témoignage avoir parcouru des portions des tunnels à Gaza suite à son enlèvement dans le kibboutz de Nir Oz. 
  • Les tunnels qui traversent la bande de Gaza ont des usages stratégiques multiples et peuvent être utilisés à la fois pour la mobilité à l’abri des frappes aériennes, le stockage d’armement et la communication. 
  • Leur destruction est un objectif de l’armée israélienne depuis plusieurs années, avant l’attaque du Hamas du 7 octobre. Dans le contexte de la guerre de Gaza qui s’est déroulée entre juillet et août 2014, la destruction des tunnels était déjà présentée comme un objectif de la phase terrestre de l’opération militaire israélienne nommée « Bordure protectrice ». L’armée israélienne affirme avoir détruit 32 tunnels appartenant au Hamas dont 14 pénétraient à l’intérieur du territoire israélien, à l’issue de l’opération1. En 2021, l’opération de l’armée israélienne dite « Gardien des murs » a également ciblé les tunnels, l’armée affirmant en avoir détruit 100 km. 
  • L’un des chefs militaires du Hamas Yahya Sinwar a déclaré en 2021 après cette dernière opération que l’organisation disposait de 500 km de tunnels dans la bande de Gaza, et que 5 % seulement avaient été endommagés par l’opération israélienne2.
  • Les tunnels passent sous des infrastructures civiles et en milieu urbain. Les forces de défense israélienne continuent dans leurs communiqués quotidiens de dénoncer régulièrement un usage des civils comme « boucliers humains » par le Hamas. 

Les prises de position des dirigeants internationaux  ont émergé plus clairement ces derniers jours quant à la possibilité d’une invasion terrestre de la bande de Gaza par l’armée israélienne, évoquée dès les premiers jours de la guerre de Soukkot après l’attaque du Hamas. 

  • Le New York Times a rapporté d’une source officielle américaine que l’administration Biden avait demandé à Israël d’ajourner l’invasion terrestre, notamment pour continuer les négociations sur les otages. Les États-Unis souhaiteraient aussi davantage de temps pour déployer leurs systèmes de défense aérienne dans la région afin de protéger leurs positions, d’après le Wall Street Journal3.
  • Le président égyptien Al-Sissi a déclaré le 25 octobre, lors d’une conférence de presse conjointe avec le président français Emmanuel Macron, avoir discuté avec son homologue des « moyens d’éviter une invasion terrestre de Gaza ». Le président français a ensuite précisé sa position, déclarant qu’une « intervention massive, qui [mettrait] en danger la vie des populations civiles » serait « une erreur ». 
  • L’exécutif israélien conserve sa ligne dure. Netanyahou a réaffirmé sa volonté de « détruire » entièrement le Hamas, tandis que son ministre de la Défense Yoav Galant avait affirmé le 11 octobre qu’Israël « effacerait le Hamas de la surface de la terre ».