Le porte-parole du groupe oriental des forces armées ukrainiennes, Illia Yevlash, a déclaré samedi 7 octobre que la Russie avait entamé le déploiement de « toutes ses forces et réserves disponibles » au nord de Bakhmout.

Depuis la capture de la ville par l’armée russe à la fin du mois de mai, Volodymyr Zelensky a fait de la reprise de Bakhmout un objectif militaire majeur pour Kiev.

  • Tandis que l’effort principal de l’offensive ukrainienne se situe dans le Sud du pays, autour de la brèche ouverte à Robotyne à la fin de l’été, la pression maintenue aux alentours de Bakhmout a pour effet d’y fixer d’importantes ressources russes.
  • Selon Yevlash, Moscou tient à tout prix à contenir l’avancée ukrainienne autour de la ville, quitte à y affecter des unités de réserve disponibles et à dégarnir d’autres secteurs du front1.

La progression ukrainienne autour de la ville est lente mais régulière. Selon l’Institute for the Study of War, l’avancée des unités ne se mesure dernièrement qu’en quelques centaines de mètres par jour2. La stratégie de Kiev consisterait à occuper les hauteurs autour du village de Kurdyumivka, situé à une dizaine de kilomètres au Sud de la ville, selon un milblogeur russe3.

L’un des commandants d’unités de la 3e brigade d’assaut ukrainienne, qui a contribué à la capture d’Andriivka à la fin de l’été, considère que la prise des hauteurs au Sud de la ville permettrait de « couper les approvisionnements et les mouvements à l’intérieur et à l’extérieur de la ville »4.

  • Au-delà de l’équipement et des munitions, le principal défi pour Moscou semble être le facteur humain, tandis que plusieurs rapports indiquent que les pertes russes à Bakhmout ont été particulièrement importantes.
  • La mort sur le front des militaires et conscrits russes fait partie des multiples causes justifiant le besoin pour Moscou d’affecter des réserves dans l’Est du pays — qui seraient potentiellement plus utiles dans le Sud.
  • La faiblesse structurelle du service militaire de santé en fait également partie — bien que les données permettant de l’affirmer manquent5 —, tout comme la désertion : selon le porte-parole d’une des associations aidant les soldats russes à éviter la mobilisation, Ivan Chuvilyaev, les demandes liées à la désertion sont en forte hausse depuis mai6.

Cette augmentation semble concerner avant tout les militaires professionnels, tandis que les mobilisés n’auraient pas reçu de congés depuis leur enrôlement. Le manque voire l’absence de rotation sur le front contribue directement à la lassitude et à la perte de morale qui se manifeste par une « faible coopération » au sein et entre les unités — une tendance observée à de multiples reprises au cours des derniers mois7.

Sources
  1. Daria Shulzhenko, « Ukraine war latest : Russia deploys reserves north of Bakhmut, launches over 700 strikes in Kupiansk-Lyman direction », The Kiv Independant, 8 octobre 2023.
  2. Karolina Hird, Grace Mappes, Kateryna Stepanenko, Angelica Evans et Mason Clark, Russian Offensive Campaign Assessment, October 8, 2023, Institute for the Study of War.
  3. Publication de WarGonzo, Telegram, 8 octobre 2023.
  4. Ian Lovett, « Inside Ukraine’s Fight to Retake Bakhmut : ‘The Ground Was Covered in Bodies’ », The Wall Street Journal, 3 octobre 2023.
  5. Fil de publications de ChrisO_wiki, X (Twitter), 8 octobre 2023.
  6. « « Из отпусков они не возвращаются ». Иван Чувиляев из « Идите лесом » – о россиянах, которые пытаются вернуться с фронта или дезертировать », Настоящее Время, 8 octobre 2023.
  7. Jack Watling et Nick Reynolds, Meatgrinder : Russian Tactics in the Second Year of Its Invasion of Ukraine, Royal United Services Institute for Defence and Security Studies, 19 mai 2023.