L’armée ukrainienne peut-elle percer les défenses russes à Bakhmout ?

Vendredi 15 septembre, Kiev annonçait avoir capturé le village d’Andriivka, un hameau de quelques dizaines d’habitants désormais entièrement détruit. Deux jours plus tard, les forces ukrainiennes reprenaient le contrôle du village de Klishchiivka, à environ 7 kilomètres au Sud de Bakhmout¹.

Bien qu’avant tout symboliques, ces avancées témoignent des capacités ukrainiennes à mener des assauts coordonnés et des frappes précises.

• Des sources ukrainiennes comme russes considèrent que ces progrès sont principalement imputables à l’amélioration de la coordination entre les unités ukrainiennes, de la précision des tirs d’artillerie ainsi que qu’à une meilleure utilisation des systèmes de guerre électronique².
• L’écart avec la qualité des troupes russes qui se battent sur le front Nord-Est est d’autant plus important que celles-ci semblent peu coordonnées, notamment en raison de « problèmes persistants d’intégration horizontale ».
• Un commandant d’unité de la 80e brigade d’assaut aéroportée ukrainienne a également confié que la libération de Klishchiivka avait été facilitée par « un bon moral, un meilleur niveau de formation ainsi qu’une quantité suffisante de ressources matérielles »³.

Selon l’Institute for the Study of War, les forces russes défaites au Sud de Bakhmout sont « épuisées par les récents efforts déployés pour tenir Klishchiivka et Andriivka » et « auront probablement du mal à reconstituer leur force de combat et à se défendre contre toute nouvelle activité offensive ukrainienne »⁴. L’État-major ukrainien a également souligné mardi 19 septembre les importantes « pertes de main-d’œuvre et d’équipement » qui épuisent l’armée russe autour de Bakhmout⁵.

• Ces avancées constituent un succès tactique permettant aux forces ukrainiennes de se rapprocher de la route T-05-13, qui constitue l’une des principales voies d’approvisionnement de la ville depuis le Sud du pays.
• Cependant, le ministère de la Défense britannique considère la zone de repli des forces russes entre la voie ferrée et la T-05-13 comme « facilement défendable », notamment en raison de la présence de forêts et de lacs offrant une couverture. Les éléments ukrainiens devront quant à eux traverser des champs ouverts pour continuer d’avancer⁶.

Si la pression ukrainienne autour de Bakhmout fixe des ressources russes qui pourraient être affectées sur le front Sud — où Kiev progresse également —, une avancée significative ouvrant la voie à la reprise de la ville par l’Ukraine semble peu probable en raison des multiples obstacles auxquels devront faire face les forces ukrainiennes. De plus, les troupes russes stationnées dans et autour de la ville reçoivent une partie de leur approvisionnement depuis Popasna, située à plusieurs dizaines de kilomètres à l’Est de Bakhmout, dans l’oblast de Louhansk⁷.