Au début du mois, l’Arabie saoudite annonçait prolonger sa réduction volontaire de production de pétrole — entrée en vigueur en juillet — jusqu’à la fin de l’année1. Selon le ministre saoudien de l’Énergie, Riyad manque de « données et de clarté » concernant les effets d’une augmentation de la production sur les risques de récession2.

  • La production saoudienne a diminué de 2 millions de barils par jour entre août 2022 et 2023.
  • L’annonce jeudi 21 septembre par Moscou d’une interdiction temporaire d’exportation de diesel et d’essence a elle aussi contribué à resserrer le marché, tandis que la demande mondiale a atteint en juin un nouveau record de 103 millions de barils par jour3.
  • Cette mesure, qui vise à freiner la hausse du prix du carburant en Russie depuis mai, exerce une pression supplémentaire sur le marché global4. Celle-ci devrait toutefois être d’une durée limitée et prendre fin une fois les réserves russes reconstituées.

Cette diminution de l’offre globale intervient alors que les réserves de pétrole sont faibles. Dans le parc américain de stockage de pétrole de Cushing, en Oklahoma, les dernières données hebdomadaires fournies par l’Agence d’information sur l’énergie indiquent que le niveau est au plus bas depuis 14 mois5. Suite à des prélèvements historiques, la réserve stratégique de pétrole (SPR) américaine — la plus importante au monde — n’a quant à elle jamais été aussi vide depuis 19836.

Bien que ces décisions russe et saoudienne constituent un parti financier et politique risqué, les deux pays ont vu leurs recettes liées aux ventes de pétrole augmenter ces derniers mois.

  • Le prix moyen du baril de pétrole a augmenté de 30 % depuis juin, le Brent se trouvant à son niveau le plus élevé depuis novembre 20227.
  • Tandis que les analystes pétroliers estiment que son prix devrait bientôt dépasser 100 $ par baril, l’OPEP+ anticipe un déficit de 3,3 millions de barils par jour au quatrième trimestre.
  • Les faibles coûts de production pour Riyad et Moscou — entre 9 et 13 dollars par baril — devraient conduire à une augmentation des recette pétrolières de 2,6 milliards pour l’Arabie saoudite et de 2,8 milliards pour la Russie ce trimestre, soit une augmentation d’environ 5,7 % par rapport à avril-juin8.

Les bénéfices énergétiques supplémentaires engrangés par Moscou financent directement l’effort de guerre du Kremlin en Ukraine. En 2024, le budget russe de la Défense pourrait augmenter de presque 70 % — passant de 6 400 à 10 800 milliards de roubles — et ainsi devenir le premier poste de dépenses du pays, largement devant les dépenses sociales, l’éducation ou la santé.

Sources
  1. « Saudi Arabia will extend the voluntary cut of one million barrels per day for three months to include October until the end of December 2023 », Agence de presse officielle d’Arabie saoudite, 5 septembre 2023.
  2. Stanley Reed, « Oil Prices ‘Melt Up’ in a March Toward $100 a Barrel », The New York Times, 27 septembre 2023.
  3. Oil Market Report – August 2023, Agence internationale de l’énergie, 8 août 2023.
  4. Julian Lee, « Russia’s Diesel Exports Ban Is Risky for Moscow and World Alike », Bloomberg, 22 septembre 2023.
  5. Arathy Somasekhar and Stephanie Kelly, « Cushing oil hub’s low levels spur quality, operational, price worries », Reuters, 27 septembre 2023.
  6. Weekly U.S. Ending Stocks of Crude Oil in SPR, U.S. Energy Information Administration.
  7. Daria Mosolova,George Steer et Jaren Kerr, « Crude climbs above $96 a barrel on US stockpiles concern », Financial Times, 27 septembre 2023.
  8. Anna Hirtenstein, « Saudi Arabia and Russia Win Big in Gamble on Oil Cuts », The Wall Street Journal, 28 septembre 2023.