Les États-Unis ont finalisé et précisé la semaine dernière les directives concernant les conditions d’attribution des subventions aux entreprises de semi-conducteurs, afin qu’elles ne puissent profiter indirectement à des pays étrangers « sensibles », au premier rang desquels la Chine. 

  • Le CHIPS Act, première section du CHIPS and Science Act qui vise à créer des incitations pour faciliter la production de semi-conducteurs sur le sol américain avec des subventions à hauteur de 52,7 milliards de dollars, a été ratifié le 9 août 2022 par Joe Biden.
  • La majorité des fonds prévus est dédiée au déploiement de nouvelles capacités de production sur le sol américain, à hauteur de 75 %. 
  • Sur l’enveloppe totale, 39 milliards de dollars sur cinq ans sont destinés aux subventions pour la construction d’infrastructures de production. En parallèle, 11 milliards de dollars sont consacrés à la recherche et développement1


La conception
et le calendrier du plan de subventions met l’accent sur l’urgence de la construction des capacités et la nécessité d’une attribution rapide des subventions, dans le contexte de l’accélération de la compétition technologique avec la Chine, mais des retards sont à noter sur le calendrier de l’année fiscale 2022. 

  • Malgré l’urgence affichée, le déploiement des fonds semble prendre du retard par rapport aux versements initialement prévus : les 2,3 milliards de subventions aux infrastructures de production estimés pour l’année fiscale 20232 — qui se termine le 30 septembre — n’ont pas été distribués.
  • Un montant de subventions de 238 millions de dollars a été annoncé par l’administration Biden le 20 septembre, mais ces premières subventions seront dédiées à la recherche.

La mise en œuvre des projets d’investissement annoncés par une série d’entreprises pourrait ainsi ne pas être si rapide que prévue, à la fois du fait de ces retards mais à cause des contraintes concrètes sur le terrain. 

  • Plusieurs entreprises ont exprimé publiquement leurs inquiétudes concernant le recrutement et les pénuries de main-d’œuvre qualifiée pour le fonctionnement des futures usines.
  • Le cas le plus emblématique est celui du géant taïwanais des semi-conducteurs TSMC qui avait dès 2020 annoncé un investissement de 12 milliards de dollars pour la construction d’une usine en Arizona, auquel s’est ajouté un nouveau projet de 40 milliards de dollars en décembre 2022 dans le même État. Il fait face à des difficultés de recrutement et est par ailleurs pointé du doigt par les syndicats3 concernant les conditions de travail sur le chantier des usines. 
  • Le département du Commerce estime qu’une augmentation de la main-d’œuvre du secteur à hauteur de 90 000 personnes est nécessaire d’ici 2025. Parmi les investissements prévus par le CHIPS Act, 200 millions de dollars sont dédiés à la formation de la main-d’œuvre domestique dans le secteur des semi-conducteurs.
Sources
  1. The CHIPS Act of 2022.
  2. Cost estimate, Congressional Budget Office, 2022.
  3. « ‘They would not listen to us’ : inside Arizona’s troubled chip plant », The Guardian, 28 août 2023