L’administration Biden a expliqué qu’il ne s’agissait pas d’une rançon accordée à l’État iranien, que ces fonds étaient destinés exclusivement à des fins humanitaires, et qu’il était possible que les États-Unis en bloquent le dégel s’ils étaient utilisés à d’autres fins. 

  • Concrètement, les fonds seront transférés à la Banque centrale du Qatar où leur usage par l’Iran sera surveillé.
  • Le Président Ebrahim Raïssi s’est réjoui depuis New York, où il se trouve pour l’Assemblée générale des Nations Unies. 
  • Le sénateur républicain Mitt Romney a pour sa part critiqué cet échange, considérant qu’il invitait les puissances hostiles à kidnapper des ressortissants américains. Mike Pense a fustigé l’accord comme « la plus grande rançon de l’histoire des États-Unis aux mollahs de Téhéran ». 
  • Parmi les cinq ressortissants irano-américains libérés — considérés comme Iraniens par l’Iran — se trouvent Siamak Namazi, homme d’affaire retenu en Iran depuis 2015, Emad Sharqi, naturaliste et défenseur de la nature, Morad Tahbaz, investisseur en capital-risque, et deux personnes qui ont préféré rester anonymes. 
  • L’administration Biden a rappelé à plusieurs reprises que cette libération n’avait aucun rapport avec la question des négociations sur le nucléaire iranien qui constituait un tout autre sujet. 

L’ accord s’inscrit dans le cadre d’une politique plus générale de l’administration Biden visant à ramener aux États-Unis tous les ressortissants américains détenus à l’étranger, comme Paul Rusesabagina en mars du Rwanda, et le basketteur Brittney Griner, en décembre 2022 de Russie.  Depuis son arrivée à la Maison Blanche, Joe Biden tente de reprendre le dialogue avec l’Iran, après les quatre ans de « pression maximale » imposés par Trump. 

  • Les négociations sur le nucléaire iranien sont néanmoins au point mort depuis le printemps 2022 malgré de régulières tentatives de les relancer. Les responsables européens et américains semblent adopter un narratif commun dans le sillage de l’annonce de ces libérations, consistant à dire qu’il est nécessaire que l’Iran coopère davantage avec l’Agence internationale pour l’énergie atomique, tout en laissant la porte de la diplomatie ouverte. Il semblerait que les directeurs politiques du groupe E3 (Royaume-Uni, Allemagne, France) rencontrent le négociateur iranien Ali Bagheri Kani en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies, aujourd’hui, le 19 septembre.

La semaine dernière, le 16 septembre, le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, avait vivement réagi à l’annonce de Téhéran de ne plus autoriser plusieurs inspecteurs de l’Agence à effectuer leur travail de vérification au titre de l’accord de sauvegarde du Traité sur la non-prolifération. Il avait notamment regretté que du fait de cette décision, qualifiée de « profondément regrettable », un tiers des inspecteurs les plus expérimentés sur la question ne puissent plus mener leur travail – une déclaration publique aussi ferme étant rare de la part du directeur générale de l’Agence1. Les résultats du Conseil annuel des gouverneurs de l’AIEA qui doit avoir lieu ce 25 septembre 2023 seront à suivre de près.