Après une première année dominée par les aides américaines, les aides européennes se placent désormais en tête avec une contribution totale représentant plus du double de celle des États-Unis. Les aides déjà accordées et les engagements à long terme de l’Union atteignent au total 131,9 milliards d’euros, contre 69,5 milliards d’euros pour les États-Unis.

  • La principale raison de ce bond à la première place du classement est la prise en compte de la proposition de la Commission européenne pour la création d’une nouvelle « facilité spécifique pour soutenir le redressement, la reconstruction et la modernisation de l’Ukraine » d’un montant total de de 50 milliards d’euros maximum sur la période 2024-2027 (33 milliards de prêts et 17 milliards de don). Elle devrait être discutée et adoptée avant la fin de l’année dans le cadre de la révision de mi-parcours du Cadre financier pluriannuel1.
  • Les plans d’aide à long terme récemment mis en place par plusieurs États membres sont également comptabilisés : 10,5 milliards d’euros en aide militaire entre 2024 à 2027 pour l’Allemagne, ou encore 6,6 milliards d’euros entre 2023 et 2027 pour la Norvège, à travers son « Programme de soutien Nansen »2.
  • Parmi les aides à court terme récemment annoncées et d’un montant significatif s’ajoutent également une aide de 619 millions d’euros de la part de l’Allemagne et une de 286 millions d’euros de la part du Royaume-Uni. 
  • À l’intérieur de l’Union européenne, si, en valeur absolue l’Allemagne arrive en première place avec 69,4 milliards d’euro d’aide (dont 42,1 milliards d’aide militaire, 3,5 milliards d’aide humanitaire et 23,8 milliards d’aide financière), en pourcentage du PIB, ce sont bien les pays de l’Est de l’Europe qui ont le plus contribué : la Lituanie a consacré 1,4 % de son PIB à l’assistance bilatérale, suivi par l’Estonie (1,3 %). L’aide bilatérale de la France représente 0,06 % de son PIB. La part de la France dans l’aide totale au niveau européen représente toutefois 0,5 % de son PIB.

Du côté des États-Unis, en août, la Maison Blanche a envoyé au Congrès une demande3 de budget supplémentaire de 40 milliards de dollars, dont plus de la moitié serait consacrée à l’aide à l’Ukraine et aux efforts connexes visant à renforcer les défenses des alliés de l’OTAN et à fournir un soutien à d’autres pays vulnérables touchés par la guerre. 

  • Son adoption n’est toutefois pas certaine alors que de plus en plus de Républicains au Congrès questionnent la politique du président Biden et que l’opinion des Américains à l’égard du conflit est en train de changer. Dans un sondage réalisé par CNN publié au mois d’août, 55 % des personnes interrogées estimaient que le Congrès ne devrait pas autoriser de fonds supplémentaires pour soutenir l’Ukraine4. Ce chiffre est de 71 % pour l’électorat républicain. 
  • Les États-Unis restent le principal contributeur à l’aide militaire, avec un total de 42,1 milliards d’euros d’engagements.
  • Les institutions européennes sont les premières en matière d’assistance macro-financière avec 77,1 milliards d’euros d’engagements, dont 18,2 milliards ont déjà été déboursés.  

Cette répartition souligne une tendance qui devrait s’accentuer : si les États-Unis sont les mieux placés pour soutenir l’effort de guerre de Kiev, l’Union est attendue à jouer un rôle central, de long terme, dans la reconstruction du pays, estimée à 382 milliards d’euros en mars dernier5.

Sources
  1. Commission européenne, Ukraine : la Commission propose de mettre en place une facilité spécifique pour soutenir le redressement, la reconstruction et la modernisation de l’Ukraine, 20 juin 2023.
  2. Ukraine Support Tracker, Kiel Institute, actualisation au 7 septembre 2023.
  3. Lettre adressée le 10 août à Kevin McCarthy Président de la Chambre des représentants.
  4. CNN Poll : Majority of Americans oppose more US aid for Ukraine in war with Russia, 4 août, 2023.
  5. Banque mondiale, Updated Ukraine Recovery and Reconstruction Needs Assessment, mars 2023.