L’espace informationnel relatif à la guerre en Ukraine est saturé d’informations — vraies, fausses ou situées entre les deux — visant à influer sur le moral et les décisions de l’ennemi ainsi que sur les soutiens des deux belligérants. En affirmant — avec, pour seule preuve, une vidéo prise par un drone montrant des véhicules détruits par des tirs d’artillerie — avoir repoussé une attaque ukrainienne « de grande ampleur » dimanche 4 juin dans l’oblast de Donetsk, la Russie s’insère dans cette stratégie1.

Le timing de ces revendications est critique, à l’approche d’une opération ukrainienne offensive de grande ampleur dont Moscou affirme avoir mis fin aux prémices dimanche 4 juin.

  • Samedi dernier, le président ukrainien Volodymyr Zelensky affirmait, lors d’une interview avec le Wall Street Journal, que l’armée ukrainienne est « prête » pour lancer sa contre-offensive2.
  • Celle-ci se fera toutefois sans les F-16 — promis tacitement à l’Ukraine lors du dernier du G7 à Hiroshima — en raison du temps nécessaire à la formation des pilotes ukrainiens, et il est à ce stade difficile d’anticiper si les chars d’assaut occidentaux envoyés à l’Ukraine au cours des derniers mois occuperont une place dans le dispositif ukrainien3.
  • Si c’est le cas, la question est de savoir si la maintenance et la logistique déployées leur permettront de mettre à profit la supériorité technique dont ils jouissent vis-à-vis de leurs adversaires russes.

Selon le ministère de la Défense russe, 16 chars d’assaut, 3 véhicules de combat d’infanterie et 21 véhicules blindés de combat ukrainiens auraient été détruits au cours de « l’attaque » du 4 juin stoppée par l’armée russe4. Il est permis, de par la stratégie de désinformation russe ainsi que l’ampleur des pertes annoncées — il est également fait mention de 250 soldats ukrainiens tués —, de conserver une distance vis-à-vis de ces annonces, considérant que 322 chars d’assaut ukrainiens ont été détruits depuis le lancement de l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022, pour une perte totale de 514 unités (détruites, endommagées, capturées et abandonnées)5.

Au cours du week-end, l’administration et l’armée ukrainienne ont fait circuler sur les réseaux sociaux des appels au respect d’un « silence » informationnel relatif aux opérations militaires, conduisant certains à penser que la contre-offensive ukrainienne pourrait être lancée très prochainement6. Dans tous les cas, l’absence de communication de Kiev sur « l’état d’avancement » de la préparation en amont de la contre-offensive serait plus susceptible d’annoncer le lancement imminent de celle-ci plutôt que les déclarations régulières de ces derniers mois, avant tout à destination de la population et des États y ayant contribué7.