Quentin Deluermoz, Emmanuel Fureix et Clément Thibaud (dir.), Les mondes de 1848 : Au-delà du Printemps des peuples, Champ Vallon

« 1848 signe bien sûr le « printemps des peuples », soit une révolution très largement européenne, nationalitaire et démocratique. Et s’il manquait, dans ce récit dominant, certaines pièces du puzzle ? Les révolutions de 1848 sont aussi inscrites dans une histoire plus large, atlantique et impériale sinon mondiale, que cet ouvrage se propose d’exhumer. Il restitue la pluralité des « mondes de 1848 », au plus près des expériences vécues. Il fait ainsi se côtoyer au fil des pages des révolutionnaires traversant l’atlantique, des exilés et utopistes en quête de nouvelles « colonies agricoles », des féministes réunies à Seneca Falls (États-Unis), et des esclaves aspirant à l’émancipation après la deuxième abolition de l’esclavage dans les colonies françaises. Il montre les multiples réverbérations de 1848 dans des espaces lointains. »

Parution le 9 juin

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Julian Jackson, France on Trial. The Case of Marshal Pétain, Allen Lane

« Peu d’images ont autant choqué la population française pendant l’Occupation que la photographie du maréchal Philippe Pétain – le grand héros français de la Première Guerre mondiale – serrant la main d’Hitler le 20 octobre 1940. Dans un discours radiodiffusé à l’issue de cette rencontre, Pétain déclare au peuple français qu’il « s’engage dans la voie de la collaboration ». Il termine par ces mots : « Telle est ma politique. Les ministres ne sont responsables que devant moi. C’est moi seul que l’Histoire jugera ». Cinq ans plus tard, en juillet 1945, l’heure du jugement – mais pas encore celle de l’Histoire – arrive. Pétain est traduit devant une Haute Cour spécialement créée pour répondre de sa conduite entre la signature de l’armistice avec l’Allemagne en juin 1940 et la Libération de la France en août 1944.

Julian Jackson s’appuie sur les trois semaines de procès de Pétain pour examiner la crise centrale de l’histoire française du XXe siècle – la défaite de 1940, la signature de l’armistice et la politique de collaboration de Vichy – ce que le procureur principal Mornet a appelé « quatre années à effacer de notre histoire ». En tant que chef du régime de Vichy pendant la Seconde Guerre mondiale, Pétain est devenu l’un des personnages publics les plus célèbres de France et le symbole de la culpabilité collective et de la vengeance immédiatement après la Seconde Guerre mondiale. Dans France on Trial, Jackson mêle politique et drame personnel pour explorer comment différentes factions nationales ont cherché à revendiquer le passé, ou à établir leur interprétation du passé, comme moyen de revendiquer le présent et l’avenir. »

Parution le 15 juin

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Peter Brown, Journeys of the Mind : A Life in History, Princeton University Press

« La fin du monde antique a longtemps été considérée par les historiens comme une période de décadence, de déclin et de chute. Au cours de sa carrière, l’historien Peter Brown a pourtant démontré que le « demi-millénaire négligé » que l’on appelle aujourd’hui l’Antiquité tardive a en fait joué un rôle crucial dans le développement de l’Europe moderne et du Moyen-Orient. 

Dans Journeys of the Mind, Brown raconte sa vie et son travail, décrivant ses efforts pour retrouver l’esprit d’une époque. En ouvrant, avec d’autres chercheurs, l’histoire du monde classique des derniers siècles au monde plus large de l’Eurasie et de l’Afrique du Nord, il a découvert des domaines de créativité religieuse et culturelle jusqu’alors négligés, ainsi que la création d’institutions fondamentales. Le respect de la diversité et l’ouverture au monde non européen, préoccupations relativement récentes dans d’autres domaines, sont devenus une évidence depuis des décennies pour les principaux spécialistes de l’Antiquité tardive.

Documentant à la fois son propre parcours intellectuel et l’émergence d’un nouveau domaine d’étude influent, Brown décrit son enfance et son éducation en Irlande, sa formation universitaire et académique en Angleterre, ainsi que ses nombreux voyages, en particulier en Méditerranée orientale et au Moyen-Orient. Il évoque les interactions fructueuses avec les travaux d’universitaires et de collègues tels que l’anthropologue britannique Mary Douglas et le théoricien français Michel Foucault et offre des instantanés fascinants de lieux aussi éloignés que le Soudan colonial, Oxford au milieu du siècle et l’Iran prérévolutionnaire. »

Parution le 6 juin

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Maurice Godelier, Quand l’Occident s’empare du monde (XVe – XXIe siècle), Peut-on alors se moderniser sans s’occidentaliser ?, CNRS Éditions

« Si la modernisation est un phénomène social d’emprunt qui a revêtu au cours de l’histoire bien des formes, force est de constater que l’Occident, depuis le XVe siècle, s’est imposé – par les armes bien souvent ou par la propagande – comme le modèle de la modernité. Volontairement ou non, des centaines de sociétés se sont transformées sous son influence, de sorte que, pour la première fois, toutes sont entrées dans la trame d’une histoire commune. Mais quelles ont été les différentes modalités de cette vaste mutation ? Dans quelle mesure certaines sociétés ont-elles pu s’intégrer à ce mouvement d’ensemble tout en conservant des traits spécifiques, différents, voire opposés à ce qui était promu par l’Occident ? Car on peut s’occidentaliser sans devenir occidental. Et comment faire alors la part entre les transformations irréversibles et celles qu’il est aujourd’hui possible de remettre en cause ?

Longtemps, la croyance dans le progrès a laissé croire que développement économique, évolution des mœurs et démocratisation politique allaient de pair. L’effondrement de ce mythe permet aujourd’hui de mieux caractériser ce qui a réellement été en jeu dans la mondialisation portée par le capitalisme industriel, et ainsi d’appréhender les défis qui attendent aujourd’hui des sociétés occidentales en butte à une hostilité exacerbée et sur le point, peut-être, de perdre le leadership économique, politique et militaire qui a nourri leur expansion. Mettant à profit une vie de recherches sur le fonctionnement des sociétés, Maurice Godelier propose ici une relecture de la naissance et de l’essor du monde moderne, et un bilan sans concession sur le rôle et la place de l’Occident. »

Parution le 8 juin

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Ashli White, Revolutionary Things : Material Culture and Politics in the Late Eighteenth-Century Atlantic World, Yale UP

« L’historienne Ashli White explore la circulation de la culture matérielle pendant les révolutions américaine, française et haïtienne, en soutenant qu’à la fin du XVIIIe siècle, les idéaux radicaux étaient contestés par le biais d’objets et de textes. Elle examine comment les objets révolutionnaires, en se déplaçant à travers l’Atlantique, ont mis les gens en contact avec ces mouvements politiques transformateurs de manière viscérale, multiple et provocante.

En se concentrant sur une série d’objets – céramiques et meubles, vêtements et accessoires, gravures, cartes et amusements publics – Ashli White montre comment la culture matérielle a revêtu une signification politique pour diverses populations. Esclaves et libres, femmes et hommes, pauvres et élites, tous se sont tournés vers les objets pour concrétiser leurs visions variées et parfois contradictoires du changement révolutionnaire. »

Parution le 20 juin

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Gilles Gressani et Giorgia Serughetti, L’Europa e la sua ombra, Bompiani

« En saluant la réalisation de l’Europe unie rêvée par Colorni, Spinelli et Rossi, le cardinal Martini a observé que pour donner vie à cette extraordinaire « occasion éthique et civile », il faudrait de l’« enthousiasme » et la capacité de construire « une synthèse politique fondée sur le respect des individus et des groupes, mais en même temps sur la volonté des individus et des groupes de faire des sacrifices pour le bien commun ». 

Aujourd’hui, les citoyens européens sont sortis de l’illusion de vivre dans un « jardin » à l’abri de la guerre ; les défis économiques, environnementaux, énergétiques et migratoires sont au cœur des préoccupations de tous les gouvernements et les pulsions identitaires s’opposent à nouveau aux idéaux de solidarité : que reste-t-il du rêve européen ? Et comment tourner les esprits vers une nouvelle espérance, nourrie du pragmatisme nécessaire à toute politique et de l’élan donné par la dimension religieuse ? 

Giorgia Serughetti, spécialiste des démocraties contemporaines, et Gilles Gressani, fondateur de la revue Le Grand Continent, répondent à ces questions en dialoguant avec les propos du cardinal Martini qui, dans son magistère, a posé sur l’Europe un regard attentif et profondément bienveillant. »

Paru le 31 mai

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Florence Noiville, Milan Kundera. « Écrire, quelle drôle d’idée ! », Gallimard

« Une amitié ancienne lie Florence Noiville et son mari, « le garçon de Jablonec », à Milan Kundera et son épouse Vera. Saisies au vol comme le souvenir éclos d’une sensation, des scènes de complicité malicieuse – déjeuners au Touquet, visites à leur appartement, rencontres au café, « insoutenable nostalgie d’un insignifiant bavardage dans une auberge » – dessinent avec sensibilité et tendresse l’œuvre (vécue) et la vie (romanesque) de Milan Kundera. Jamais une œuvre n’aura autant dit de son auteur.

Des fragments de textes et de conversations, des souvenirs, un carnet de voyage en Bohême et de nombreuses photos sont ici rassemblés dans un seul but : donner envie de (re)découvrir l’un des plus grands artistes du XXe siècle. Ce maître de l’ironie et de la désillusion qui n’a cessé de nous montrer de quelles plaisanteries nous nourrissons nos rêves et nos mensonges. »


Paru le 1er juin

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David Blackbourn, Germany in the World A Global History (1500-2000), Liveright

« David Blackbourn révise radicalement les récits conventionnels de l’histoire allemande, démontrant l’existence d’une présence allemande dans le monde des siècles avant l’unification de l’Allemagne, et révélant une identité nationale bien plus complexe qu’on ne l’imaginait auparavant. David Blackbourn retrace l’évolution de l’Allemagne, qui est passée du Saint Empire romain germanique de 1500 à une puissance coloniale tentaculaire, puis à un phare de la démocratie au XXIe siècle. 

Vus au prisme d’une focale mondiale, les repères familiers de l’histoire allemande – la Réforme, la Révolution de 1848, le régime nazi – se transforment, tandis que d’autres sont mis au jour et explorés, David Blackbourn révélant le rôle de premier plan joué par l’Allemagne dans la création des universités modernes et son implication sinistre dans les économies de traite esclavagiste. Histoire mondiale pour une époque mondiale, Germany in the World est un récit audacieux et original qui bouleverse l’idée selon laquelle l’histoire d’une nation doit être écrite comme si elle se déroulait entièrement à l’intérieur de ses frontières. »

Parution le 6 juin

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Giorgio Manganelli, Emigrazioni oniriche, Adelphi

« Comme il est agréable de ne pas faire profession de critique d’art, mais de se promener en regardant des toiles et des dessins, et de dire des bêtises, proclame Manganelli en s’adressant à la peinture de Pitocchetto. Difficile en effet de reconnaître en lui le sérieux bien pensant du spécialiste : il se méfie des musées, fruits « d’une machination, d’une brimade, d’une fraude » ; il déclare que créer une galerie d’art « n’est pas plus raisonnable que de faire vivre tous les Joseph dans un seul quartier d’une ville » et il fait savoir qu’il préfère parfois les dessins aux peintures, reflets de la « consistance menteuse » du monde, car ils appartiennent « à l’endroit discontinu des fantômes ». 

Mais ne vous y trompez pas : l’« incompétence » autorise l’imprécision, l’émotion, l’irresponsabilité – exactement ce qui permet aux critiques de partager la nature mystérieuse, insaisissable et nocturne de la littérature. Ce n’est pas un hasard si Manganelli précisait en 1977 que « l’écrivain est celui qui est suprêmement, héroïquement incompétent en matière de littérature ». Les essais réunis ici seront donc une littérature générée par l’art – ou plutôt par les arts, puisque ses prédilections vont des stèles de Lunigiana, « fœtus de dieux », à sa chère peinture du XVIIe siècle et à ses amis comme Toti Scialoja, en passant par les ex-votos et les libellules-mascottes de Lalique, divinités tutélaires du voyage. Et c’est précisément en tant que littérature, libérée des contraintes disciplinaires, que ces écrits parviennent à subvertir toutes les idées sur l’art et à nous enseigner une nouvelle grammaire de la vision. »

Parution le 20 juin

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Mária M. Kovács, The Beginnings of Anti-Jewish Legislation : The 1920 Numerus Clausus Law in Hungary, CEU Press

« La loi nazie de 1933 sur le service civil et les lois de Nuremberg de 1935 sont généralement considérées comme les premiers décrets antijuifs en Europe. Toutefois, Mária Kovács soutient de manière convaincante que la loi XXV de 1920 concernant l’inscription à l’université en Hongrie peut être considérée comme l’un des premiers textes législatifs antijuifs du XXe siècle, si ce n’est le tout premier. Cette loi, connue sous le nom de « loi du numerus clausus », précisait que les membres d’une même « nationalité » ou « race populaire » ne pouvaient être admis à un taux supérieur à leur part dans la population totale.

Cette loi visait en particulier les Juifs, qui représentaient 6 % des habitants mais, jusqu’alors, environ 25 % des étudiants universitaires. L’étude présente l’histoire de la loi, y compris son amendement en 1928, la réintroduction du quota juif en 1939 et son abolition en 1945. En décrivant les conditions qui ont suivi la désintégration de la monarchie austro-hongroise et de l’éphémère République soviétique de Hongrie, Kovács montre comment ces événements, et en particulier la loi sur le numerus clausus, ont affecté les Juifs.

Cette loi annonce un nouveau courant de pensée politique. Selon elle, la « question juive » ne peut être résolue que par des lois spéciales qui nient leur égalité devant la loi. En ce sens, la loi sur le numerus clausus est tout autant une « loi juive » que les quatre lois, explicitement qualifiées comme telles, adoptées par le Parlement hongrois entre mai 1938 et septembre 1942. »

Parution le 30 juin

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Yves Chevrier, L’Empire terrestre. Histoire du politique en Chine aux XXe et XXIe siècles. Tome 2 : L’État restauré de 1977 à nos jours, Le Seuil

« Entre la fin du XIXe siècle et la mort de Mao, le premier volume de L’Empire terrestre analysait une suite d’échecs démocratiques. Le second tome met en lumière le basculement vers l’État autoritaire après 1976. Le régime n’a pas changé la Chine sans changer lui-même. La révolution s’est muée en tradition, le maoïsme est recyclé par un pouvoir conservateur qui agit dans le monde afin qu’à l’échelle planétaire la démocratie soit l’exception qu’elle est devenue dans la Chine du XXe siècle.

Comment, au XXIe siècle, cet empire qui se veut mondialisant prend-il la suite de l’ancien empire mondialisé par l’Occident au XIXe siècle ? Au rebours d’un bilan simplement géopolitique de la puissance chinoise, l’auteur met en rapport les transformations des régimes du politique avec une histoire des régimes de la mondialité étendue aux derniers siècles de l’époque impériale. Mais point d’éternel retour ici : l’empire-nation d’aujourd’hui est aussi éloigné de l’empire-monde d’hier que son conservatisme l’est de Mao. L’enquête donne à voir combien, au terme du court siècle démocratique de la longue histoire chinoise, l’historicité de l’État, saisie au travers des profondeurs cumulées de ses temporalités, est la clé des temps à venir. »

Parution le 2 juin

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Esteban Mira Caballos, El descubrimiento de Europa. Indígenas y mestizos en el Viejo Mundo, Critica

« Esteban Mira Caballos démonte le vieux cliché selon lequel la présence des Indiens d’Amérique dans l’Ancien Monde se limitait à une poignée d’entre eux amenés par certains découvreurs, comme Christophe Colomb. Il établit qu’il existait un trafic d’Indiens destinés aux marchés européens de l’esclavage. Jusqu’au milieu du XVIe siècle, ils entraient par le port de Séville et, dans la seconde moitié du siècle, par celui de Lisbonne.

Beaucoup d’autres sont venus volontairement : certains pour connaître les secrets de la Terre – comme un touriste du XXIe siècle – et d’autres pour demander leurs droits, en se rendant en personne au tribunal pour rencontrer le souverain. Ils revendiquaient les terres de leurs ancêtres, ainsi que des privilèges, tels que des armoiries, le droit de porter des armes ou d’utiliser des chevaux.

Certains retournent dans leur patrie, d’autres restent en Europe et s’adaptent à un nouveau mode de vie. Vassaux, ayant appris la langue castillane et catholiques pratiquants, ils suscitaient moins de méfiance que d’autres minorités ethniques. Comment ont-ils survécu ? Qu’ont-ils pensé de la civilisation européenne ? Qu’ont-ils fait ? Comment se sont-ils comportés ? Autant de questions auxquelles ce livre tente de répondre. »

Parution le 14 juin

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David Gwyn, The Coming of the Railway : A New Global History, 1750-1850, Yale University Press

« Les chemins de fer, en bois ou en pierre, existent depuis la préhistoire. Mais à partir des années 1750, l’introduction de rails en fer a entraîné une évolution technologique spectaculaire, qui allait véritablement changer le monde.

Sous l’impulsion d’entreprises impitoyables, d’expérimentateurs brillants et de la coopération internationale, la construction de chemins de fer a commencé à se développer dans le monde entier avec une rapidité étonnante. De la Grande-Bretagne à l’Australie, de la Russie à l’Amérique, les chemins de fer relient des villes, des nations et des continents entiers. Le chemin de fer est devenu un outil pour l’industrie et l’empire, ainsi que pour le transport de passagers, et les développements technologiques se sont produits à une vitesse fulgurante, même si la première locomotive américaine ne pouvait atteindre qu’une vitesse de 6 miles par heure.

The Coming of the Railway explore ces développements fascinants et documente l’impact social, politique et économique considérable des premiers chemins de fer, dessinant les contours de l’économie mondiale telle que nous la connaissons aujourd’hui. »

Parution le 13 juin

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Natasha Wheatley, The Life and Death of States : Central Europe and the Transformation of Modern Sovereignty, Princeton University Press

« Étendu au cœur de l’Europe, l’empire des Habsbourg a résisté à toutes les théories habituelles de la souveraineté singulière. Les révolutions de 1848 ont déclenché des décennies d’expérimentation constitutionnelle enivrante qui ont poussé le concept même d’« État » jusqu’à ses limites. Cette polarité multinationale complexe est devenue un foyer de droit public et de philosophie juridique et a engendré des idées qui façonnent encore aujourd’hui notre compréhension de l’État souverain. The Life and Death of States retrace l’histoire de la souveraineté sur cent années tumultueuses, expliquant comment un régime d’États-nations théoriquement égaux en vertu du droit international a émergé des cendres d’un empire dynastique.

Natasha Wheatley montre comment une nouvelle forme d’expérimentation a vu le jour lorsque la Première Guerre mondiale a fait s’effondrer l’empire des Habsbourg : la création de nouveaux États. Les terres des Habsbourg sont alors devenues un laboratoire de la souveraineté post-impériale et d’un nouvel ordre international, dont les résultats allaient se répercuter dans les débats mondiaux sur la décolonisation pendant les décennies à venir. Natasha Wheatley explore la manière dont l’expérience de l’Europe centrale ouvre une perspective unique sur une fiction juridique essentielle : l’immortalité juridique supposée des États.

The Life and Death of States offre une analyse pénétrante et originale de la relation entre la souveraineté et le temps, illustrant comment les nombreux décès et les vies précaires des États de la région exposent la tension entre le besoin de continuité du droit et la volatilité de l’histoire. »

Parution le 13 juin

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Felix Heidenreich, Nachhaltigkeit und Demokratie. Eine politische Theorie, Suhrkamp

« Que signifie l’objectif de durabilité pour notre démocratie ? Il existe prétendument une contradiction entre l’exigence de liberté individuelle d’une part et la nécessité écologique d’autolimitation collective d’autre part. Afin de montrer une voie pour sortir de ce prétendu dilemme, Felix Heidenreich recourt à la tradition républicaine de la théorie de la démocratie. Là où le libéralisme célèbre la liberté comme absence d’engagement individuel, le républicanisme conçoit la liberté comme auto-engagement collectif. La démocratie ne consiste dès lors pas à être soumis à un minimum de réglementations, mais à se considérer comme co-auteur d’auto-engagements collectifs qui permettent la construction de milieux de vie durables. »

Paru le 15 mai

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Thomas Angeletti, L’invention de l’économie française, Presses de Sciences-Po

« Comment se porte l’économie française ? Est-elle grippée ? En forme ? Des analystes saluent ses élans de croissance, auscultent ses ralentissements, relèvent les signes avant-coureurs de crise. Des indicateurs devenus familiers, tel le PIB, lui donnent sa consistance.

La notion d’économie nationale n’a pourtant rien de naturel. Elle est le produit d’un lent travail d’institutionnalisation entrepris durant l’entre-deux-guerres dans l’espoir de redonner à l’État une marge de manœuvre, de lui fournir de nouveaux terrains d’intervention.

L’auteur explore le travail des économistes, statisticiens, représentants patronaux et syndicaux, responsables politiques et administratifs qui ont accumulé les preuves de l’existence d’une entité économique dont on peut mesurer les variations. Après avoir servi de cadre privilégié à la planification, l’objet primordial ainsi créé a aussi révélé sa face contraignante, lorsqu’en période de crise l’État subit l’économie plus qu’il n’agit sur elle. »

Parution le 23 juin

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Charles S. Maier, The Project-State and Its Rivals : A New History of the Twentieth and Twenty-First Centuries, Harvard University Press

« Nous pensions connaître l’histoire du XXe siècle. Pour beaucoup d’Occidentaux, après les deux conflits mondiaux et la longue guerre froide, le verdict était clair : les valeurs démocratiques l’avaient emporté sur la dictature. Mais si le XXe siècle a signifié le triomphe du libéralisme, comme l’ont proclamé de nombreux intellectuels, pourquoi les pulsions les plus sombres de l’époque – nationalisme ethnique, violence raciste et autoritarisme populiste – ont-elles ressurgi ?

The Project-State and Its Rivals propose une interprétation radicalement différente qui nous mène des défis transformateurs des guerres mondiales à notre époque. Au lieu de s’en tenir au récit traditionnel de la politique intérieure et des relations internationales, Charles S. Maier s’intéresse aux impulsions politiques et économiques qui ont propulsé les sociétés au cours d’un siècle où les États territoriaux et les forces transnationales ont tous deux revendiqué le pouvoir, s’engageant tantôt en tant que rivaux, tantôt en tant qu’alliés. Maier se concentre sur les constellations institutionnelles récurrentes : les États-projets, y compris les démocraties et les dictatures, qui cherchaient non seulement à conserver le pouvoir mais aussi à transformer leurs sociétés ; les nouvelles formes de domination impériale ; les réseaux financiers mondiaux ; et les associations internationales, les fondations et les ONG qui tentaient de façonner la vie publique en faisant appel à la science et à l’éthique, prétendument apolitiques. »

Paru le 16 mai

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Crédits
Sauf indications contraires, les textes utilisés sont ceux des quatrièmes de couverture disponibles sur les sites des éditeurs.