Les représentants d’une quarantaine de pays ont assisté au Dialogue de Petersberg pour le climat, qui s’est tenu à Berlin du 2 au 3 mai. Celui-ci constitue l’une des réunions internationales précédant la Conférence des Parties au cours desquelles les États font connaître leurs positions qui serviront de base aux négociations qui se dérouleront lors de la COP 28, qui se tiendra en fin d’année à Dubaï.

À la fin du sommet, le président désigné de la prochaine COP, le sultan émirati Ahmed Al Jaber, a déclaré que les combustibles fossiles « continueront à faire partie du mix énergétique mondial dans un avenir proche », prenant ainsi le contre-pied de la position défendue par l’Allemagne et d’autres pays représentés à Berlin consistant à plaider pour mettre fin le plus vite possible à la dépendance aux énergies fossiles1.

  • Mardi 2 mai, la ministre des Affaires étrangères allemande, Annalena Baerbock, a déclaré que l’objectif de la COP 28 « doit être d’ouvrir la voie à la fin de l’ère de l’énergie fossile ».
  • Cependant, plutôt que d’éliminer l’extraction et la consommation de combustibles fossiles, Al Jaber a indiqué que l’objectif des Émirats arabes unis était de réduire les émissions émanant des combustibles fossiles plutôt que la production.
  • Pour ce faire, les principaux producteurs de pétrole et de gaz misent notamment sur des solutions de capture et de stockage du dioxyde de carbone (CCS). Ces dernières ne sont toutefois pas viables à grande échelle pour le moment et nécessiteraient des investissements importants au détriment du développement des énergies renouvelables2.

La nomination d’Ahmad Al Jaber à la présidence de la COP 28 a été largement critiquée par des ONG environnementales qui considèrent que « chaque Conférence des Parties doit être libérée de l’influence polluante de l’industrie des combustibles fossiles pour espérer résoudre la crise climatique »3. Certains experts, comme Laurence Tubiana ou Rachel Kyte, arguent au contraire que « les Émirats arabes unis peuvent conduire une diplomatie énergétique moderne grâce à leur statut de producteur de pétrole »4.

En raison de la part de la rente pétrolière dans le PIB du pays ainsi que son appartenance à l’OPEP, les Émirats arabes unis accusent un déficit de crédibilité.

  • La part des bénéfices tirés du pétrole dans le PIB émirati a considérablement baissé depuis les années 1970, mais représentait toujours 11,5 % de la production totale de richesse du pays en 2020 — soit presque le double de la Russie. 
  • Si le GIEC considère que les technologies de captage et de stockage du dioxyde de carbone peuvent avoir un rôle à jouer dans la décarbonation du secteur industriel (notamment pour la fabrication du ciment), la réduction des émissions globales de gaz à effet de serre doit passer par une réduction de l’extraction de combustibles fossiles5.
  • La position affichée par Al Jaber a ainsi été reçue par une franche opposition de la part des pays représentés. Le ministre danois de la Coopération pour le développement et de la Politique climatique globale, Dan Jørgensen, a notamment déclaré qu’il fallait « s’assurer que les CCS ne deviennent pas une excuse pour ne pas réaliser la transformation énergétique dont nous avons besoin »6.

Les représentants de la quarantaine de pays présents ont également discuté d’un éventuel accord visant à éliminer progressivement les combustibles fossiles. Les pays participants avaient échoué à parvenir à un accord similaire lors de la COP 27, le texte final appelant seulement à « augmenter les énergies renouvelables et à faibles émissions »7.