Alors que la Corée du Nord poursuit le développement d’armes nucléaires et de missiles balistiques, une part de l’exécutif coréen remet en cause le recours au parapluie nucléaire américain.

  • En 2022, la Corée du Nord a tiré 43 missiles balistiques, soit plus qu’au cours des quatre dernières années cumulées. Au cours de tests réalisés en octobre 2022, la Corée du Nord a déclaré que le pays conduisait une « simulation » d’attaque nucléaire contre le Sud1.
  • Selon des services de renseignements américains et sud-coréens, le pays s’apprête à effectuer son premier essai d’arme nucléaire depuis 2017. Le premier test de ce genre a été réalisé en 2006, suivi par cinq autres essais au cours des 11 années suivantes.
  • Outre-Pacifique, un haut fonctionnaire américain a déclaré vendredi que le président Biden s’engagerait lors de la rencontre avec Yoon Seok-youl à prendre des mesures « substantielles » pour dissuader la Corée du Nord de lancer une attaque nucléaire2 ; si le gouvernement de Yoon Seok-youl s’est prononcé en faveur d’une intégration plus poussée de la Corée du Sud dans le parapluie nucléaire américain, certains membres de son parti ont appelé au développement national d’armes nucléaires. 

Yoon Seok-youl sera accompagné de chefs d’entreprise coréens, pour des discussions portant sur les chaînes d’approvisionnement et les domaines de haute technologie, notamment les puces et les batteries. Le pays est en effet un des leaders du secteur, ce qui le rend clef dans l’effort américain visant à découpler les chaînes d’approvisionnement chinoises en technologies de pointe. Des discussions sont également en cours pour faire bénéficier les entreprises coréennes des subventions américaines prévues dans l’Inflation Reduction Act.  

L’invasion de l’Ukraine par la Russie a également donné lieu à des frictions entre Séoul et Washington. Des documents américains fuités début avril, relayant des conversations diplomatiques, faisaient état de pressions américaines pour la fourniture d’armes et des réticences coréennes. 

  • La Corée du Sud, grand producteur d’obus d’artillerie, affirme qu’elle n’a pas fourni d’armes létales à l’Ukraine, invoquant ses relations économiques avec la Russie et l’influence de Moscou sur Pyongyang. Elle a limité son soutien à l’aide humanitaire, à hauteur de 200 millions d’euros3 ; ses entreprises de défense ont néanmoins signé des contrats importants en Europe, notamment un de 5,8 milliards de dollars pour la fourniture d’obusiers et de chars d’assaut à la Pologne, finalisé en août dernier.
  • Néanmoins, dans une interview accordée à Reuters mardi 18 avril, Yoon Seok-youl a assoupli pour la première fois sa position, déclarant que son gouvernement pourrait ne pas « insister uniquement sur le soutien humanitaire ou financier » en cas d’attaque à grande échelle contre des civils ou de « situation que la communauté internationale ne peut pas tolérer »4