En 2021, la Corée du Nord avait tiré 10 missiles balistiques au total : 4 en mars et 6 en septembre. Cette année, au 14 octobre, le pays en est déjà à 43 tirs. Cette augmentation sans précédent de la cadence indique une montée en puissance des capacités nord-coréennes, ainsi qu’un désir de se présenter comme une puissance capable de répondre à son voisin du Sud — et aux États-Unis.

Il faut lire cette augmentation à la lumière du changement du contexte international de ces dernières années, particulièrement en lien avec les États-Unis.

  • En 2018, les dirigeants nord-coréen et américain se rencontraient en personne pour la première fois, rencontre suivie par un autre sommet en 2019 à Hanoï.
  • En juin 2018, Donald Trump déclarait à propos de Kim Jong-Un : « J’ai appris qu’il était un homme talentueux qui aime beaucoup son pays […] Il a une bonne personnalité et est très intelligent »1.
  • Si on peut aujourd’hui douter des résultats de cette politique d’apaisement et de tentative de dénucléarisation conduite par Trump, les deux dirigeants semblaient toutefois partager une certaine affinité.
  • En 2020, la découverte des « love letters  » envoyées par Kim Jong-Un à Trump offraient un aperçu de leur « relation particulière »2.
  • Depuis l’arrivée de Biden au pouvoir, les deux dirigeants ne se sont jamais rencontrés et le président démocrate semble prêter beaucoup moins d’attention à la péninsule coréenne que son prédécesseur.
  • La relation entre Washington et Séoul — récemment marquée par la visite de Kamala Harris dans le pays — irrite la Corée du Nord, qui voit la présence militaire dans la région comme une potentielle menace.

Aujourd’hui, l’attention se porte tout particulièrement sur un potentiel nouvel essai nucléaire. Le premier test de ce genre a été réalisé en 2006, suivi par cinq autres essais au cours des 11 années suivantes3. Depuis 2017, Pyongyang n’a plus réalisé d’essai nucléaire, mais des services de renseignement américains et sud-coréens pensent que ce serait bientôt le cas.

Alors que la guerre en Ukraine et la rhétorique russe ont remis au premier plan la menace d’une potentielle attaque nucléaire en Europe, le sujet est particulièrement délicat. Au cours de tirs réalisés mardi dernier, la Corée du Nord a déclaré que le pays conduisait une « simulation » d’attaque nucléaire contre le Sud4.

Dans la dernière stratégie de sécurité nationale dévoilée avant-hier par l’administration Biden, aucune mention n’est faite à la Corée du Nord. À l’inverse, la Russie et la Chine dominent le tableau des puissances mentionnées avec respectivement 71 et 55 occurrences.

Sources
  1. « Trump says he learned Kim Jong Un is ‘very talented man’ who loves his country very much », AP News, 12 juin 2018.
  2. « Transcript : Kim Jong Un’s letters to President Trump », CNN, 9 septembre 2020.
  3. Jungmin Kang et Peter Hayes, « Technical Analysis of the DPRK Nuclear Test », NAPSNet Special Reports, 20 octobre 2006.
  4. Frances Mao, « North Korea says missile launches were nuclear attack simulation on South », BBC, 11 octobre 2022.