Les prix du pétrole ont augmenté lundi, après que les pays de l’Opep+ ont annoncé des réductions surprises de la production de plus d’un million de barils par jour, face à une demande plus faible.

  • Dimanche 2 avril, l’Arabie saoudite a annoncé qu’elle mettrait en œuvre une « réduction volontaire » d’un peu moins de 5 % de sa production, soit 500 000 barils par jour, « en coordination avec d’autres pays de l’OPEP+ et des pays non OPEP ».
  • Le vice-président du gouvernement russe Alexandre Novak a déclaré le même jour que la Russie prolongerait sa réduction de production de 500 000 b/j jusqu’à la fin de l’année. La réduction de Moscou avait été annoncée pour la première fois en février, en représailles au plafond de prix à ses exportations de pétrole par voie maritime adopté par le G7.
  • En conséquence des annonces, le Brent a augmenté de 8,4 % pour atteindre un sommet de 86,44 $ le baril dans les premiers échanges asiatiques lundi, tandis que le marqueur américain West Texas Intermediate a grimpé de 8 % pour atteindre 81,69 $ le baril.

À la suite des annonces saoudiennes et russes, les pays membres de l’Opep+, qui se réunissaient ce lundi, ont déclaré réduire eux aussi leur production. D’après le communiqué de presse1, ces coupes volontaires commenceront en mai et dureront jusqu’à la fin de 2023. L’Irak réduira sa production de 211 000 b/j, les Émirats arabes unis de 144 000 b/j, le Koweït de 128 000 b/j, le Kazakhstan de 78 000 b/j, l’Algérie de 48 000 b/j et Oman de 40 000 b/j. 

  • Cumulés à celles de la Russie, les réductions des pays de l’Opep font descendre de 1,7 millions de barils/jour l’offre mondiale de pétrole. La production mondiale atteignait les 100 millions de barils/jour en février 2023, dont 44 millions par les pays de l’Opep+. 

Ces réductions font suite à une chute brutale des prix du pétrole le mois dernier, après l’effondrement de la Silicon Valley Bank et le rachat forcé du Crédit suisse par UBS, qui ont suscité des craintes de contagion sur les marchés financiers mondiaux et une baisse de la demande de pétrole brut.

  • Le mois dernier, le Brent avait brièvement chuté vers les 70 dollars le baril, les turbulences du secteur bancaire ayant entraîné la vente d’actifs à risque. Il était plus proche des 100 dollars le baril pendant la majeure partie de 2022.
  • Alors que les États-Unis s’étaient précédemment engagés auprès de l’Arabie saoudite à acheter davantage de pétrole si leurs réserves diminuaient, la secrétaire à l’Énergie Jennifer Granholm a déclaré jeudi 30 mars que l’administration Biden excluait de nouveaux achats de pétrole brut pour reconstituer son stock stratégique provoquant une brève baisse des prix. 
  • La réserve avait été partiellement vidée en 2022 pour aider à maintenir les prix sous contrôle, après l’invasion de l’Ukraine par la Russie. 

La hausse des prix du pétrole pourrait compliquer les efforts des banques centrales dans la lutte contre l’inflation. Les marchés tablent actuellement sur une hausse des taux directeurs de la BCE de 25 points de base lors de la prochaine réunion du directoire en mai.