TikTok est un un réseau social détenu par l’entreprise chinoise ByteDance, qui héberge des vidéos de courte durée. Celui-ci revendique plus d’un milliard d’utilisateurs — dont plus de 100 millions rien qu’aux États-Unis —, ce qui en fait la quatrième plateforme la plus utilisée au monde derrière Facebook, YouTube et Instagram.

Au total, 36 pays ont introduit à ce jour une interdiction complète, temporaire ou partielle de TikTok.

  • En février 2023, la Commission européenne a interdit à son personnel de télécharger et d’utiliser l’application sur leurs appareils officiels en raison de « préoccupations concernant la sécurité des données ».
  • Certains États-membres comme la Belgique ou le Danemark ont également interdit l’utilisation du réseau social sur les téléphones et ordinateurs utilisés par les personnels travaillant pour le gouvernement.
  • En Inde, en Indonésie ou en Afghanistan, TikTok est complètement interdit en raison de craintes liées à la potentielle exposition à des contenus pornographiques, à la sécurité des données personnelles ou bien parce que celle-ci risque « d’égarer la jeune génération », selon le porte-parole adjoint afghan Inamullah Samangani1.

Aux États-Unis, TikTok devra être effacé des appareils électroniques et des systèmes fédéraux d’ici la fin du mois de mars 2023 suite à un vote du Congrès de décembre 20222. Cependant, certains législateurs américains souhaitent aller plus loin pour limiter le « transfert de données d’utilisateurs de TikTok » à « tout agent étranger » associé au gouvernement chinois. Une proposition de loi, intitulée « Deterring America’s Technological Adversaries Act » (DATA Act), a été déposée par le représentant républicain du Texas Michael McCaul et a été adoptée par la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants à 24 voix contre 163.

  • Le DATA Act — s’il devenait loi — ne conduirait pas directement à une interdiction de la plateforme TikTok, mais octroierait à Joe Biden le pouvoir d’interdire celle-ci aux États-Unis en assouplissant certaines restrictions sur les « importations de supports d’informations » contenues dans l’International Emergency Economic Powers Act4.
  • S’il existe un consensus bipartisan sur la menace que représente le Parti communiste chinois pour la « sécurité nationale » américaine, les élus démocrates de la Chambre s’opposent pour le moment au DATA Act, jugeant qu’il est « précipité » et qu’il nécessiterait préalablement un « débat ainsi qu’une consultation avec des experts »5
  • Les craintes américaines liées au réseau social chinois ont été largement amplifiées depuis les propos tenus en décembre — réitérées depuis — par le directeur du FBI, Christopher A. Wray, qui a déclaré que l’agence fédérale craignait que Pékin puisse « manipuler le contenu » diffusé sur TikTok en raison du contrôle que le PCC exercerait sur l’algorithme de l’application à des fins « d’influence »6.

Demain, jeudi 23 mars, le PDG du réseau social, Shou Zi Chew, témoignera devant la commission de la Chambre sur l’énergie et le commerce pour rassurer les législateurs américains quant à l’utilisation des données des utilisateurs collectées par TikTok. Pour ce faire, ByteDance compte notamment sur le « Projet Texas » — État par ailleurs dont le gouverneur républicain, Greg Abbott, est particulièrement faucon vis-à-vis de l’application7 —, qui vise à améliorer la transparence des données du réseau social chinois collectées aux États-Unis en permettant à l’entreprise américaine Oracle de consulter le code ainsi que le logiciel de l’application au sein de « centres de transparence ». En outre, Oracle serait également en charge du stockage des données des utilisateurs américains8.