Des soldats combattant pour l’Ukraine ont-ils conduit une opération militaire en territoire russe ?

Les différents rapports faisant état de ce qui s’est passé le 2 mars 2023 dans l’oblast de Briansk fournissent des chiffres différents relatifs au nombre de personnes impliquées.

• Jeudi 2 mars, le « Corps des volontaires russes » a publié une vidéo visant à revendiquer l’attaque qui aurait eu lieu dans les villages de Sushany et Lyubechane, situés dans l’oblast russe de Briansk, à la frontière nord-est de l’Ukraine.
• Cette unité (Русский выболонческий корпус) ferait partie des forces armées intégrées à la Légion internationale de l’armée ukrainienne (sans que cette information puisse être confirmée), qui regroupe des combattants étrangers se battant contre l’armée russe en Ukraine.
• Selon le représentant de la Direction principale du renseignement militaire ukrainien, Andriy Yusov, cet épisode témoigne des « conflits internes, internationaux, sociaux et politiques » qui traversent la Russie¹.

Dans la vidéo, ces combattants revendiquent se battre contre le régime de Poutine et non contre les citoyens russes, qu’ils appellent à « prendre conscience qu’ils ne sont pas des esclaves ». Très rapidement, dans les heures ayant suivi les premiers rapports, Vladimir Poutine a qualifié cet acte « d’attaque terroriste ». Selon le gouverneur de l’oblast de Briansk, Aleksandr V. Bogomaz, deux civils auraient été tués et un enfant de 11 ans aurait été blessé².

Vendredi 3 mars, le Service fédéral de sécurité russe (FSB) a publié une vidéo montrant deux véhicules qui auraient été attaqués, ainsi que des armes et équipements utilisés.

• Les récits divergents diffusés depuis hier par des internautes russes, des médias ainsi que des canaux officiels suscitent des doutes quant à la véracité des faits rapportés.
• Hier, certains rapports faisaient état de l’attaque d’un bus scolaire ayant conduit à la mort du chauffeur et blessé un enfant de dix ans — deux informations qui diffèrent de la vidéo publiée par le FSB ainsi que des déclarations officielles récentes³.
• Plusieurs informations relayées par l’agence TASS ont également fait état d’une prise d’otage d’habitants de l’oblast de Briansk, ce qui n’a pour l’heure pas pu être confirmé⁴.
• Plusieurs internautes, anciens fonctionnaires mais également des personnalités publiques tel que le chef de la république de Tchétchénie Ramzan Kadyrov ont appelé à renforcer la sécurité aux frontières de la Russie ainsi qu’à conduire des raids punitifs en Ukraine⁵.

Si plusieurs attaques (notamment de drones sur des réserves d’essence ou bien des bases aériennes) ont frappé le territoire russe — et biélorusse, dernièrement le 26 février avec l’attaque par drone d’un avion de détection russe ​​Beriev A-50 sur la base aérienne de Machulishchy, près de Minsk⁶ — au cours des derniers mois, aucune attaque terrestre n’avait été signalée jusqu’alors. Celle-ci pourrait être mobilisée par le Kremlin pour susciter la peur chez la population afin d’accentuer le soutien en faveur de la guerre.