Les Républicains ont remporté la majorité à la Chambre des représentants suite aux élections de mi-mandat de novembre dernier — tandis que les Démocrates ont conservé le Sénat.

  • Les Républicains disposent toutefois d’une faible majorité qui implique une cohésion presque sans faille.
  • Cette cohésion est testée en ce moment avec l’élection du speaker de la Chambre, qui devrait être issu du parti majoritaire.

La 118ème législature de la Chambre des représentants a tenu hier sa première session, ouverte par un vote visant à élire le président qui succèdera à Nancy Pelosi. Le républicain Kevin McCarthy, bien que favori du GOP, n’a pas réussi à réunir les 218 votes requis au cours d’un premier vote — puis d’un deuxième, et d’un troisième.

  • Cette situation ne s’était pas produite depuis 1923, nécessitant alors 9 scrutins. Le représentant républicain Frederick H. Gillett avait été élu avec 215 voix, soit moins que la majorité requise, après que les Républicains aient accepté des réformes procédurales1.
  • Le règlement de la Chambre ne prévoit l’imposition d’aucune restriction en cas d’échec du vote. Le scrutin peut techniquement durer plusieurs mois, comme ce fut le cas en février 1856 lorsque Nathaniel P. Banks fut élu speaker après 133 votes2.

Ces situations anecdotiques ne doivent pas occulter l’important clivage qui se trouve derrière l’incapacité des élus républicains à élire le président de la Chambre. Parmi les 20 républicains ayant voté pour un autre candidat que McCarthy, 12 ont nié le résultat des élections de 2020 — ayant conduit à la défaite de Trump — et 17 d’entre eux ont été personnellement soutenus par l’ancien président pour les élections de novembre 20223.

  • La surreprésentation de ces 20 élus au sein du Freedom Caucus — un groupe parlementaire qui regroupe les représentants de l’aile trumpiste de la Chambre — ainsi qu’au sein de la liste des élus ayant voté le 6 janvier 2021 pour annuler les résultats du collège électoral est un indicateur de leur extrémisme.
  • Si environ 15 % des élus républicains ont nié publiquement les résultats de l’élection de 2020, cette proportion est de 60 % parmi les 20 représentants n’ayant pas voté pour McCarthy4.

La Chambre des représentants se réunira à nouveau aujourd’hui pour tenter d’élire un speaker. Afin d’obtenir une majorité de 218 voix, Kevin McCarthy ne peut se passer du vote que de 4 Républicains seulement. Ce scénario paraît à ce stade peu probable considérant que l’opposition d’hier par 19 puis par 20 élus républicains ne vise pas à faire émerger un autre candidat crédible, mais à affirmer une revendication politique — alors même que Trump s’est déclaré en faveur de l’élection de McCarthy5.

Sources
  1. Speakers of the House : Elections, 1913-2021, Congressional Research Service, mis à jour le 25 janvier 2021.
  2. Speaker Elections Decided by Multiple Ballots, History, Art & Archives of the U.S. House of Representatives.
  3. Danielle Ivory, Charlie Smart et Karen Yourish, « How Far Right Are the 20 Republicans Who Voted Against McCarthy », The New York Times, 4 janvier 2023.
  4. Karen Yourish, Danielle Ivory, Aaron Byrd, Weiyi Cai, Nick Corasaniti, Meg Felling, Rumsey Taylor et Jonathan Weisman, « Over 370 Republican Candidates Have Cast Doubt on the 2020 Election », The New York Times, 13 octobre 2022.
  5. Madeleine Hubbard, « Trump says McCarthy ‘deserves the shot’ to be House Speaker », Just the News, 18 décembre 2022.