Mathieu Arnoux, Un monde sans ressources. Besoin et société en Europe (XIe-XIVe siècles), Albin Michel

« Le réchauffement climatique et la transition écologique ont placé la notion de « ressources » au centre de nos préoccupations. Or son histoire, plus ancienne qu’il n’y paraît, est une problématique majeure de la construction des sociétés. Dès le Moyen Âge, les Européens eurent le souci de nourrir les affamés, vêtir les indigents, loger les sans-abris, autant de besoins concrets auxquels tâchèrent de répondre l’Église et les pouvoirs politiques, en s’efforçant de construire un mode de vie durable.

Explorant les liens tissés au cœur de la grande croissance médiévale entre besoin et développement, sobriété et consommation, Mathieu Arnoux souligne à la fois les réussites et les impasses d’un système économique construit presque exclusivement sur l’exploitation de ressources renouvelables, au risque de mettre en crise le régime féodal ; ce dont témoignent aussi bien une célèbre œuvre de fiction, le Roman de Renart, que les statuts de grandes communautés monastiques, comme l’ordre de Cîteaux.

À l’heure où l’épuisement des ressources pose la question de la survie des modes contemporains de développement et d’existence, nous pouvons tirer profit des leçons, étonnamment modernes et ingénieuses, du Moyen Âge chrétien. »

Parution le 4 janvier

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Paolo D’Angello, Benedetto Croce. La biografia I. Gli anni 1866-1918, Il Mulino

« La figure de Croce a dominé la culture italienne pendant toute la première moitié du XXe siècle. Auteur de plus de soixante-dix ouvrages, il a joué un rôle crucial dans l’animation de la vie culturelle de son temps, notamment par le biais de magazines et de collections de livres. Des générations de critiques littéraires, d’historiens et de philosophes ont été influencées par son œuvre. Non moins remarquable fut son activité politique : attentif dans sa jeunesse au socialisme et à Marx, il adopte des positions neutralistes au début de la Grande Guerre avant de devenir antifasciste.

Ce premier volume reconstruit sa biographie depuis la perte tragique de ses parents dans le tremblement de terre de Casamicciola en 1883 jusqu’à ses voyages, ses amitiés, ses amours, ses habitudes domestiques et les milliers de discussions et de polémiques avec les protagonistes de la culture de l’époque, pour se terminer en 1918 : la fin de la Première Guerre mondiale est un tournant non seulement dans la vie du pays mais aussi dans celle du grand savant. »

Parution le 13 janvier

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Robert Kagan, The Ghost at the Feast. America and the Collapse of World Order, 1900-1941, Knopf

« À l’aube du vingtième siècle, les États-Unis étaient l’une des nations les plus riches, les plus peuplées et les plus avancées sur le plan technologique. C’était aussi une nation divisée le long de nombreuses lignes de faille, avec des aspirations et des préoccupations contradictoires qui la tiraient dans différentes directions. Enfin, c’était une nation incertaine quant au rôle qu’elle voulait jouer dans le monde, si tant est qu’elle devait en jouer un. Les Américains étaient les bénéficiaires d’un ordre mondial qu’ils n’avaientpas la responsabilité de maintenir. Beaucoup préfèraient éviter d’être entraînés dans un environnement international qui semblait de plus en plus compétitif, conflictuel et militarisé. Cependant, beaucoup étaient également impatients de voir les États-Unis assumer une part de la responsabilité internationale, en travaillant avec d’autres pour préserver la paix et faire progresser la civilisation. L’histoire de la politique étrangère américaine au cours des quatre premières décennies du vingtième siècle est celle d’un effort pour faire les deux – « ajuster la nation à sa nouvelle position sans sacrifier les principes développés dans le passé », comme l’a dit un contemporain.

Cette tâche s’avérera difficile. L’effondrement de la puissance navale britannique, conjugué à la montée en puissance de l’Allemagne et du Japon, placèrent soudainement les États-Unis dans une position charnière. La puissance militaire américaine a permis de vaincre l’Allemagne lors de la Première Guerre mondiale, et la paix qui a suivi a été façonnée de manière significative par un président américain. Mais les Américains ont reculé devant leur profonde implication dans les affaires mondiales et, pendant les deux décennies suivantes, ils ont assisté sans rien faire à la propagation incontrôlée du fascisme et de la tyrannie, provoquant finalement l’effondrement de l’ordre mondial libéral. L’intervention américaine dans la Seconde Guerre mondiale qui en a résulté a marqué le début d’une nouvelle ère, pour les États-Unis et pour le monde. »

Parution le 10 janvier

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Uwe Neumahr, Das Schloss der Schriftsteller. Nürnberg ’46, C. H. Beck

« Jamais sans doute autant d’écrivains et de reporters célèbres du monde entier n’ont été réunis sous le même toit qu’à Nuremberg en 1946. Ils sont venus là pour raconter les horreurs de la guerre et de l’Holocauste qui y ont été jugées. Ils ont vécu et écrit au château Faber-Castell, ont discuté, dansé, désespéré, bu. Erich Kästner était à Nuremberg, tout comme Erika Mann, John Dos Passos et Martha Gellhorn, Willy Brandt et Markus Wolf. Augusto Roa Bastos venait du Paraguay, Xiao Qian de Chine. Dans la salle d’audience, ils ont regardé les criminels en face, dans le Press Camp du château, ils ont essayé de mettre des mots sur l’inconcevable. Dans le microcosme du château Faber, des exilés de retour au pays ont rencontré des survivants de l’Holocauste, des communistes ont rencontré des représentants de groupes de médias occidentaux, des journalistes de guerre rompus au terrain ont rencontré des reporters vedettes extravagants. Et tandis qu’ils contemplaient l’abîme de l’histoire, qu’ils réfléchissaient à la culpabilité, à l’expiation et à la justice, ce ne sont pas seulement eux qui ont changé, mais aussi la manière dont ils écrivaient. »

Parution le 26 janvier

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Giorgio Agamben, Filosofia prima filosofia ultima. Il sapere dell’Occidente fra metafisica e scienze, Einaudi

« Quel est l’enjeu de ce que la tradition de la philosophie occidentale a appelé la philosophie première, ou métaphysique ? S’agit-il d’une spéculation abstraite aujourd’hui obsolète, ou bien un problème qui nous concerne de près dont dépend l’unité du savoir en Occident ? La métaphysique n’est en effet « première » que par rapport aux deux autres sciences qu’Aristote appelle théoriques, à savoir la physique et les mathématiques. C’est le sens stratégique de cette « primauté » qui est alors à interroger, puisqu’il ne s’agit rien moins que de la relation de domination ou de subordination, de conflit ou d’harmonie entre la philosophie et les sciences.

L’hypothèse du livre est que la tentative de la philosophie de s’assurer une primauté sur les sciences par le biais de la métaphysique s’est finalement résolue en un assujettissement de la philosophie, qui est devenue plus ou moins consciemment ancilla scientiarum, comme elle avait été ancilla theologiae dans le passé. Il est d’autant plus urgent d’étudier, comme le fait ce livre à travers une enquête archéologique de la métaphysique, la nature et les limites de cette primauté et de cette subordination. »

Parution le 10 janvier

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Denis Cogneau, Un empire bon marché. Histoire et économie politique de la colonisation française, XIXe-XXIe siècle, Éditions du Seuil

« Au XIXe siècle, la France s’est lancée dans la colonisation de pays entiers en Afrique et en Asie. Quelles ont été les motivations et les méthodes de cette politique ? Comment les sociétés dominées ont-elles été bouleversées, et quel développement économique et social ont-elles connu ? La décolonisation est-elle achevée aujourd’hui ? Un Empire bon marché propose de nouvelles réponses à ces questions controversées.

Grâce à un long travail d’archives et d’analyse statistique, l’ouvrage décrit ainsi avec une grande précision les États coloniaux et leur fonctionnement – à travers notamment la fiscalité, le recrutement militaire, les flux de capitaux et les inégalités. Il montre que l’empire a peu coûté à la métropole jusqu’aux guerres d’indépendance, et que les capitaux français n’ont pas ruisselé vers les colonies. La « mission civilisatrice » que la République française s’était assignée n’a donc pas débouché sur le développement des pays occupés, et c’est plutôt un régime à la fois violent et ambigu qui s’y est établi. De fait, le régime colonial a surtout bénéficié à une petite minorité de colons et de capitalistes français. Quant aux élites nationalistes, elles ont le plus souvent reconduit un État autoritaire et inégalitaire après les indépendances. »

Parution le 13 janvier

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Sylvain Venayre,  Les guerres lointaines de la paix. Civilisation et barbarie depuis le XIXᵉ siècle, Gallimard

« Il y avait eu la guerre de Cent Ans et la guerre de Trente Ans et la guerre de Sept Ans. Il y avait eu les guerres de Religion, celles de Louis XIV et celles de la Révolution. Mais, après 1815, un moment insolite avait commencé pour l’Europe : une paix de cent ans. Des guerres de la Révolution et de l’Empire à la Première Guerre mondiale, il y eut bien quelques batailles — Sébastopol, Solferino, Sadowa, Sedan —, mais rien qui n’égalât ce qui se passait en d’autres lieux du monde, de la guerre de Sécession aux États-Unis à cette révolte des Taiping qui fit en Chine peut-être vingt millions de morts. Pendant un siècle, la plupart des hommes et des femmes qui vécurent sur le sol de l’Europe ne connurent pas la guerre. Le XIXe siècle à leurs yeux passait pour un siècle de paix.

Pour les historiens, il est devenu pourtant difficile de le considérer comme tel. Les guerres étaient lointaines, mais elles étaient bien là. Les Espagnols en Amérique du Sud, au Maroc, à Cuba, aux Philippines ; les Hollandais en Indonésie ; les Britanniques aux Indes, en Afghanistan, en Birmanie, en Afrique du Sud, en Chine, en Nouvelle-Zélande, sur les côtes occidentales de l’Afrique, dans le golfe Arabo-Persique, en Abyssinie, en Égypte, au Soudan ; les Français en Algérie, en Afrique de l’Ouest, au Mexique, en Indochine, en Tunisie, à Madagascar, au Maroc ; les Portugais en Angola et au Mozambique ; les Allemands au Togo, au Cameroun, dans le Sud-Ouest africain, au Tanganyika ; les Italiens dans la corne de l’Afrique et en Tripolitaine.

Ces guerres lointaines d’une Europe en paix donnèrent lieu, dès leur époque, à de très vifs débats. L’avènement des journaux quotidiens, l’apparition des correspondants de guerre, la mise en place du réseau télégraphique, l’invention de l’illustration et de la photographie, le triomphe du roman, l’immense succès du théâtre et des expositions universelles bouleversèrent leurs représentations. Elles ont fait de nous, bien avant les guerres mondiales du XXe siècle, les spectateurs fascinés et velléitaires des souffrances des autres. »

Parution le 19 janvier

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Joseph Fronczak, Everything Is Possible. Antifascism and the Left in the Age of Fascism, Yale University Press

« Au milieu des années de la Grande Dépression, le mouvement antifasciste est devenu une force politique mondiale, unissant des personnes par-delà les divisions idéologiques, géographiques, raciales, linguistiques et nationales. Joseph Fronczak montre comment les socialistes, libéraux, communistes, anarchistes et autres sont parvenus à un semblant d’unité dans la lutte contre le fascisme. Les antifascistes de l’époque de la dépression étaient populistes, militants et internationalistes. Ils comprenaient le fascisme en termes globaux et étaient déterminés à le combattre en termes locaux. Aux États-Unis, les antifascistes ont combattu le fascisme dans les rues de villes telles que Chicago et New York et ils ont relié leurs propres combats à ceux qui faisaient rage en Allemagne, en Italie et en Espagne. En retraçant la trajectoire mondiale du mouvement antifasciste, Joseph Fronczak affirme que son héritage le plus significatif est la création de la « gauche » telle que nous la connaissons aujourd’hui : un conglomérat international de personnes engagées dans une politique commune de solidarité. »

Parution le 24 janvier

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Anna Veronica Pobbe, Un manager del Terzo Reich. Il caso Hans Biebow, Laterza

« Łódź, printemps 1947. Dans le box des accusés du tribunal de district, est assis Hans Biebow, né à Brême en 1902 et qui fut l’administrateur (Amtsleiter) du ghetto de Łódź pendant la guerre. L’État polonais considère ce grand homme blond aux yeux bleus comme l’un des dix pires criminels nazis encore en circulation, au même titre que Rudolf Höß (le chef d’Auschwitz), Arthur Greiser (Gauleiterdel Warthegau) ou Hans Frank (chef du gouvernorat général). Mais Biebow n’est ni un militaire ni un membre haut placé du parti national-socialiste. Pourquoi alors accorder une telle attention à quelqu’un qui, sur le papier, n’a jamais été autre chose qu’un administrateur civil ? La réponse se trouve dans l’enchevêtrement des politiques de gestion nazies des territoires occupés. Grâce à la masse de documents disponibles aujourd’hui, il est possible de reconstituer ce qui était à toutes fins utiles une grande mise en scène. Une tragédie chorale de mythes et de luttes de pouvoir. Une enquête choquante sur la banalité du mal, la mesquinerie et la lâcheté de ceux qui « n’ont fait qu’obéir aux ordres «  ».

Parution le 18 janvier

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Thomas Gomart, Les Ambitions inavouées. Ce que préparent les grandes puissances, Tallandier

« Que savons-nous des plans échafaudés par nos partenaires et adversaires ? La guerre en Ukraine nous a brutalement rappelé qu’une décision prise par un chef d’État a un impact sur le sort de millions de personnes. Pour rompre avec une vision du monde souvent nombriliste, la France doit mieux comprendre les ambitions des autres grandes puissances. C’est l’objectif de cet essai inédit et stimulant. Quelle importance accorder à la foi religieuse dans les stratégies conduites par la Turquie d’Erdogan, l’Iran de Khamenei et l’Arabie saoudite de MBS ? De quelle manière les orientations prises par l’Allemagne de Scholz, la Russie de Poutine et la Chine de Xi Jinping reconfigurent-elles l’Eurasie ? Le Royaume-Uni et les États-Unis se définissent désormais comme des « démocraties maritimes ». Qu’en est-il de l’Inde ? Combinant temps long et ruptures récentes, Thomas Gomart nous invite à regarder « d’en haut » neuf grandes stratégies. Pour concevoir sa propre vision, Paris doit intégrer celle des pays avec lesquels elle entretient des relations cruciales tout en considérant le contexte global : réchauffement climatique, crise énergétique, conflits, innovations technologiques ou encore flux économiques et numériques. Au regard des transformations à l’oeuvre, il y a urgence pour la France à repenser sa stratégie pour les décennies à venir si elle veut encore compter dans le monde. »

Parution le 19 janvier

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Domenico Paone, La fabrique des sémites. Ernest Renan entre langues et religions, Puf

« S’il n’a pas inventé les « Sémites », Ernest Renan en est sans doute le majeur théoricien au XIXe siècle. Dans sa vision, les Sémites fondent la civilisation occidentale avec les « Aryens », mais ils y apportent uniquement le monothéisme car ils ne possèdent ni mythologie, ni art, ni philosophie, ni raison, ni science. Fondé sur des manuscrits inédits, le livre suit l’évolution sinueuse et contradictoire de cette catégorie capitale de la pensée renanienne, de l’« atelier des langues », où elle se cristallise dans une vision essentialiste, à l’« atelier des religions », d’où elle sort enrichie, en s’ouvrant sur de multiples perspectives philosophiques, religieuses et politiques. Montrant par quelles voies la catégorie rentre dans la construction des préjugés raciaux et comment elle arrive à se libérer, en partie, des contraintes déterministes, l’ouvrage avance une nouvelle interprétation du paradoxe des « deux Renan » – l’« antisémite » et le « philosémite » – que la critique a toujours cherché à comprendre et composer. »

Parution le 18 janvier

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Mary Ziegler, Roe. The History of a National Obsession, Yale University Press

« Comment expliquer l’attraction persistante de Roe v. Wade ? Mary Ziegler, spécialiste du droit de l’avortement, soutient que la décision de la Cour suprême des États-Unis, qui a dépénalisé l’avortement en 1973 et a été annulée en 2022, a exercé sur la société américaine une emprise qui n’était pas simplement le résultat d’une politique polarisée sur l’avortement. L’arrêt Roe a pris une signification qui va bien au-delà de son objectif initial, à savoir la protection de la confidentialité de la relation médecin-patient. Il a obligé les Américains à se confronter à des questions sur la violence sexuelle, l’activisme et la retenue judiciaires, la justice raciale, la liberté religieuse, le rôle de la science dans la politique, et bien plus encore. Dans cette histoire de la signification de la décision la plus connue de la Cour suprême, Mary Ziegler identifie les incohérences et les questions non résolues de la politique américaine en matière d’avortement. Elle incite à redécouvrir la nuance qui réside depuis longtemps là où l’on s’attend le moins à la trouver : dans le sens même de Roe. »

Parution le 24 janvier

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Marie Moutier-Bitan, Le pacte antisémite. Le début de la Shoah en Galicie orientale (juin-juillet 1941), Passés Composés

« Le 22 juin 1941, les troupes nazies pénétraient en Union soviétique. Immédiatement les Juifs furent pris pour cibles lors d’exécutions qui se déroulèrent des Pays baltes à la mer Noire. En Galicie orientale, dans l’ouest de l’Ukraine, du jour au lendemain, des soldats de la Wehrmacht, des hommes des Einsatzgruppen et d’autres formations de police massacrèrent des civils juifs. Du jour au lendemain, des paysans locaux déferlèrent sur les villes, menant la chasse aux Juifs. Du jour au lendemain, des voisins assassinèrent leurs voisins.

Les mécanismes de ces violences reposèrent sur deux éléments. D’abord un cadre légal posé par les Allemands, véritable permis de tuer relayé sur le terrain par des figures d’autorité locales ; ensuite un puissant ressentiment de la population non juive à l’égard de ses voisins. Envahisseurs et locaux scellèrent ainsi un terrible pacte antisémite. C’est ce que démontre Marie Moutier-Bitan dans cet ouvrage s’appuyant sur de nombreuses archives et enquêtes de terrain. L’auteure relate ainsi la fin d’un monde multiséculaire, lorsque transformant les voisins en meurtriers et les villages en lieux de massacre, les hommes d’Hitler déclenchèrent une spirale meurtrière d’une brutalité inouïe. »

Parution le 18 janvier

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Javier Moreno Luzón, El rey patriota. Alfonso XIII y la nación, Galaxia Gutenberg

« Alphonse XIII (Madrid 1886-Rome 1941) est l’un des personnages les plus puissants et les plus controversés de l’Espagne du XXe siècle. Son règne a changé le pays. Lorsqu’il atteint sa majorité en 1902, il est présenté comme le sauveur de l’Espagne. Mais trois décennies plus tard, en 1931, il doit s’exiler, balayé par les républicains et accusé de corruption. Ce livre étudie sa figure d’un point de vue inédit : celui de la relation entre monarchie et identité nationale. Comme d’autres monarques, il a adopté le langage du nationalisme et le goût des spectacles dynastiques. Voyages, fêtes de cour et cérémonies de masse parsèment son image publique. Charmant et insouciant, il a joué de multiples rôles : soldat valeureux, aristocrate moderne, sportif et dandy cosmopolite, diplomate et prince humanitaire, il ne laissait personne indifférent.

Cependant, Alphonse XIII n’a jamais accepté un simple rôle symbolique et représentatif, mais a voulu être un roi patriote, actif et engagé dans la vie politique de son temps. Encouragé par la majorité des forces politiques et convaincu d’être personnellement en phase avec le peuple, il a exercé ses pouvoirs constitutionnels jusqu’à la limite. Il évolue d’un espagnolisme régénérateur, compatible avec les projets libéraux, à des positions contre-révolutionnaires qui se méfient du Parlement et fusionnent l’Espagne avec la foi catholique. Ainsi, il ne s’est pas érigé en emblème national incontesté, à l’abri des luttes partisanes, mais a fini par soutenir une dictature militaire qui n’a convaincu qu’une partie de l’opinion. Sa trajectoire, aussi riche que passionnante, nous parle de conflits graves, sur la nation et la monarchie, qui résonnent encore aujourd’hui. »

Parution le 18 janvier

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Jennifer Tamas, Au NON des femmes. Libérer nos classiques du regard masculin, Éditions du Seuil

« Rien ne semble plus incongru que de prendre appui sur la société d’Ancien Régime pour penser le refus féminin. Assignées au devoir de « réserve » par les traités de civilité et au silence ou à la « feinte résistance » par les codes de séduction, les héroïnes de la littérature classique n’auraient rien à nous transmettre, surtout pas le pouvoir de dire « non ». On aurait pu croire l’affaire pliée sans la sagacité de Jennifer Tamas. Car, à leur manière, les femmes du Grand Siècle ont résisté, elles ont désobéi, et de ces combats à bas bruit il demeure des traces. Sous les images de princesses endormies célébrées par l’industrie du divertissement se cachent de puissants refus, occultés par des siècles d’interprétations patriarcales. Jennifer Tamas les exhume. Elle traque l’expression du féminin sous le regard masculin et tend savamment l’oreille vers le bruissement des voix récalcitrantes. Conviant les figures dissidentes des siècles anciens, du Petit Chaperon rouge à Bérénice, elle vivifie le discours féministe et trouve chez Marilyn Monroe le secret d’Hélène de Troie. Elle révèle ainsi, non sans un brin d’irrévérence, un magnifique matrimoine, trop longtemps séquestré dans les forteresses universitaires. »

Parution le 6 janvier

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Crédits
Sauf indications contraires, les textes utilisés sont ceux des quatrièmes de couverture disponibles sur les sites des éditeurs.