Depuis le début de la guerre lancée par la Russie contre l’Ukraine le 24 février dernier, au moins 10 000 soldats russes y seraient morts au 16 décembre. Ce chiffre est en réalité bien plus élevé, mais l’absence de données officielles communiquées par les gouvernements russe et ukrainien contraint à l’utilisation de données publiques, plus longues et difficiles à corroborer.

On observe toutefois une sur-représentation géographique de soldats venant des oblasts (régions administratives) du Sud et de l’Est de la Russie, tandis que la population (ainsi que les richesses) est principalement concentrée dans le Nord-Ouest.

  • Moscou et Saint-Pétersbourg représentent, à elles seules, presque 15 % de la population du pays (environ 19 millions d’habitants).
  • Pourtant, seulement 1,38 % (141) des soldats morts en Ukraine viennent de ces deux villes.

Bien qu’aucune données officielles n’existent, les analyses du site de journalisme d’investigation russe indépendant Important Stories (Важные истории) indiquent que ces données partagent des similarités avec les chiffres réels de la « mobilisation partielle » annoncée par Vladimir Poutine en septembre1.

  • Si le ministre de la défense russe Sergueï Choïgou avait annoncé que celle-ci concernerait 300 000 hommes — soit 1,19 % des réserves russes —, ce chiffre serait en réalité plus élevé et comporterait d’importantes disparités géographiques.
  • Certains oblasts de l’Est (république de Bouriatie, kraï de Krasnoïarsk) ainsi que la Crimée envoient 4 à 5 fois plus de conscrits que les villes et régions de l’Ouest — dont Moscou et Saint-Pétersbourg2.

Les troupes volontaires ont subi les pertes les plus lourdes, avec une accélération depuis cet été. Un grand nombre d’officiers (plus de 1 500) seraient également morts en Ukraine, ainsi que 110 pilotes, dont la formation est particulièrement longue et coûteuse — tout comme leurs appareils3.

Les premiers mois de la guerre ont été, de loin, les plus meurtriers du conflit, avec environ 500 décès confirmés par semaine au mois de mars — et certainement tout autant, si ce n’est plus, côté ukrainien.

L’arrivée de l’hiver ainsi que les moyens humains et matériels conséquents déployés par l’armée ukrainienne pour les contre-offensives de ces derniers mois (dans l’Est et le Sud du pays, puis à Kherson) conduisent à l’établissement de positions plus statiques. Depuis plusieurs semaines, l’armée russe construit des infrastructures défensives et creuse des tranchées dans le Sud du pays, en Crimée notamment, dans ce qui semble être une préparation à des attaques de re-conquête.

Sources
  1. « Какие регионы отдали больше всего мужчин на войну », Важные истории, 5 octobre 2022.
  2. « Poorer Russian Regions Conscripting More Soldiers, Investigation Says », The Moscow Times, 6 octobre 2022.
  3. « Russian casualties in Ukraine », Mediazona, mis à jour le 16 décembre 2022.