Ces élections s’inscrivent dans la continuité de la crise constitutionnelle initiée par le président tunisien en juillet 2021 après que ce dernier a annoncé le licenciement du chef du gouvernement et le gel des travaux du Parlement.
- Les dernières élections législatives ont eu lieu en octobre 2019, mais les députés n’ont pas pu terminer leur mandat de cinq ans en raison de la dissolution du Parlement en mars.
- Selon la nouvelle Constitution, la Tunisie dispose depuis juillet d’un Parlement bicaméral. La chambre haute — l’Assemblée nationale des régions et des districts — sera élue au suffrage indirect à une date qui reste à déterminer.
Kaïs Saïed a pris, depuis juillet 2021, plusieurs décisions perçues comme anticonstitutionnelles et qui menacent d’altérer l’essence même du système parlementaire tunisien.
- En juillet 2021, Saïed a limogé son Premier ministre — critiqué pour sa mauvaise gestion de l’économie — et a procédé à une série d’arrestations de membres de l’opposition.
- Par la suite, des manifestations ont éclaté en soutien et en opposition aux décisions du président Saïed, conduisant à la mise en place d’un couvre-feu d’un mois.
En juillet, le président tunisien avait soumis à un référendum un projet de nouvelle constitution visant à renforcer les pouvoirs présidentiels.
- Le texte instaure un Parlement bicaméral et un régime qui concentre les pouvoirs dans les mains du président.
- Celui-ci peut nommer les membres du gouvernement sans vote de confiance du Parlement ainsi que les membres de la Cour constitutionnelle.
- Le référendum — bien qu’ayant été adopté — a été largement boycotté par la société civile et les partis politiques, celui-ci n’ayant recueilli les votes que de 30 % du corps électoral.
Les principaux partis politiques tunisiens ont choisi de boycotter ces élections.
- À l’incertitude autour des résultats de ce scrutin s’ajoutent des critiques visant la légitimité et le caractère démocratique des élections.
- Les partis politiques qui vont boycotter ces élections représentent près de la moitié des sièges du Parlement actuel : Ennahda (52 sièges), Au Cœur de la Tunisie (38 sièges), le Parti Destourien Libre (17 sièges).
Enfin, la suppression par Saïed de l’alternance obligatoire entre les sexes sur les listes électorales conduira à une Assemblée largement dominée par des hommes — selon la commission électorale environ un dixième des candidats sont des femmes —, en rupture avec la précédente législature élue en 2014 qui comportait près d’un tiers de femmes.