Le contrat social entre le Parti et le peuple selon Jiang Zemin

Doctrines de la Chine de Xi | Épisode 16

L’ancien président chinois Jiang Zemin s’est éteint mercredi. Arrivé au pouvoir trois semaines après le massacre de Tiananmen, son opposition aux manifestations étudiantes de 1989 trouve une résonance particulière dans le contexte du nouvel embrasement chinois de 2022. Dans son discours d’investiture, il soulevait des craintes existentielles qui taraudent encore le régime déboussolé de Xi Jinping trente ans plus tard.

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Le Grand Continent
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Jiang Zemin (江泽民, 1926-2022) est un homme d’État chinois, maire de Shanghai entre 1985 et 1988. En 1989, Jiang succède à Zhao Ziyang lorsque Deng Xiaoping lui confie le poste de secrétaire général du Parti communiste chinois, qu’il occupe jusqu’en 2002. 

Dans la foulée des réformes d’ouverture portées par Deng Xiaoping, Jiang est souvent retenu comme celui qui a accompagné la transformation économique de la Chine dans les années 1990, symbolisée par son intégration au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2001. Pourtant, dans le contexte d’une période d’instabilité politique en Chine, Jiang Zemin avait été initialement choisi par Deng Xiaoping en tant que figure transitoire. Il était plus proche de la ligne du Parti que Zhao Ziyang, son prédécesseur. Ce dernier incarnait, avec Hu Yaobang, la ligne de la « bourgeoisie libérale occidentale » tant décriée par Deng Xiaoping et les anciens du Parti. Jiang disait de Zhao Ziyang qu’il était « dur sur l’économie, mou sur la politique ».

Jiang Zemin a ainsi marqué de son empreinte idéologique les arcanes du pouvoir chinois. Après la pensée de Mao et l’ouverture de Deng Xiaoping, la théorie des Trois représentations (三个代表) de Jiang Zemin a cherché à matérialiser le contrat social entre le peuple chinois et le Parti. Sur le papier, le Parti avait désormais la responsabilité de développer les forces productives du pays, de l’orientation de sa culture, et de représenter les intérêts fondamentaux du peuple chinois.

Mercredi, peu après son décès, les autorités chinoises ont publié « l’Avis au parti, à l’armée et au peuple de toutes nationalités du pays ». Certains observateurs ont noté qu’il pourrait s’agir d’une diversion pour détourner l’attention de l’embrasement chinois qui a débuté la semaine dernière. Dans tous les cas, c’est seulement la troisième fois que la Chine annonce la mort d’un dirigeant de cette manière après Mao Zedong et Deng Xiaoping. La nécrologie officielle du Parti a salué Jiang Zemin comme un « excellent leader avec un grand prestige » et a qualifié sa mort de « perte incommensurable ». La nécrologie officielle du Parti a également félicité Jiang Zemin pour avoir mis en œuvre une politique « d’opposition claire aux troubles » lors de l’incident de la place Tiananmen en 1989. Les autorités ont annoncé la mise en place d’un comité funéraire, avec Xi Jinping comme président, et déclaré que jusqu’à la date de la réunion commémorative, de nombreux départements gouvernementaux mettraient leurs drapeaux en berne.

De nombreuses entreprises du pays telles qu’Alipay ont mis leurs pages internet en noir et blanc pour exprimer leurs condoléances. Sur Weibo, la mort de l’ancien secrétaire général (avec le hashtag #江泽民先生在上海死亡) est devenu un sujet brûlant (微博热搜榜), mais les commentaires sous de nombreux comptes officiels ont été filtré manuellement. 

Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes chinois ont exprimé leur tendresse pour la figure de Jiang Zemin. Beaucoup ont regretté, non sans nostalgie, le temps passé au pouvoir du « président de leur enfance ». Il semble avoir incarné pour beaucoup la promesse d’une Chine plus ouverte sur le monde au tournant du siècle, marqué par ses nombreux voyages diplomatiques aux États-Unis. Certains internautes ont déclaré que la politique zéro-Covid de Xi Jinping leur a même fait apprécier sous un jour nouveau la liberté qu’ils avaient sous Jiang Zemin, et que ce dernier était également différent des dirigeants traditionnels du PCC, avec une personnalité plus exubérante. Sur les réseaux sociaux occidentaux, d’autres l’ont critiqué pour ne pas avoir poursuivi la transformation politique du pays post-Tiananmen, et d’avoir ramené Hong Kong et Macao sous le giron chinois.

L’héritage du défunt dirigeant chinois reste celui d’un individu qui a consolidé la position de « leader suprême » qu’occupe désormais le secrétaire général du Parti communiste. Plus que ses récents prédécesseurs, il a voulu chasser délibérément tous les opposants au Parti, de l’expression de son soutien entier à l’utilisation de la force militaire contre les étudiants chinois sur la place Tiananmen à Pékin en 1989, jusqu’à la répression du mouvement Falun Gong en 1999. 

Le 24 juin 1989, trois semaines après la répression des manifestations par l’APL, Jiang Zemin utilisait son discours d’investiture pour livrer une critique de son prédécesseur Zhao Ziyang, accusé d’avoir voulu attiser la révolte et de transformer la Chine en une « bourgeoisie occidentale décadente ». Il aborde alors la stratégie à adopter pour que le PCC « éradique en profondeur les facteurs » qui ont généré le premier embrasement chinois, avec lequel les manifestations qui secouent la Chine actuellement offrent de troublantes similitudes.

Lorsque cette session plénière du Comité central m’a élu comme membre du Comité permanent du Bureau politique et Secrétaire général du Comité central, je n’étais pas mentalement préparé. Je manque d’expérience dans toute la gamme des travaux du Comité central, et je ressens fortement la lourde charge sur mes épaules et je ne suis peut-être pas à la hauteur de la tâche. Cependant, la décision a déjà été prise lors de la session plénière et je vous remercie tous camarades, pour la confiance que vous m’accordez. Je suis résolu à travailler en étroite collaboration avec vous tous, à travailler avec ardeur, à multiplier mes recherches et mes études, et à faire tout mon possible pour bien accomplir mon travail et être à la hauteur des attentes de l’ancienne génération de révolutionnaires et de vous tous, camarades.

Notre Parti a déjà élaboré une ligne et une série de politiques fondamentales pour construire le socialisme aux caractéristiques chinoises. D’une manière générale, comme le camarade Deng Xiaoping l’a souligné à maintes reprises et récemment réitéré, nous devons faire du développement économique notre tâche centrale et respecter les quatre principes cardinaux et la politique de réforme et d’ouverture. Ceci est la base fondamentale et solide de notre confiance dans notre capacité à bien faire notre travail. La direction centrale a procédé à un certain nombre de changements de personnel, mais la ligne et les politiques de base suivies par le Parti depuis la Troisième session plénière du Onzième Comité central n’ont pas changé et nous devons continuer à les appliquer. Sur cette question la plus fondamentale, je souhaite clarifier deux points : premièrement, nous les mettrons en œuvre fermement et inébranlablement ; et, deuxièmement, nous les appliquerons dans leur intégralité.

Les quatre principes fondamentaux (四项基本原则), ou cardinaux, ont été présentés par Deng Xiaoping en mars 1979 au cours de la première phase de la « réforme et ouverture ». Ils comprennent : le maintien du socialisme, de la dictature démocratique populaire, de la direction du Parti communiste, du marxisme-léninisme et de la pensée de Mao Zedong. Dans son discours rétrospectif sur les évènements du 9 juin 1989, Deng écrit qu’il n’y avait « rien de mal avec les quatre principes cardinaux. S’il y a quelque chose qui cloche, c’est que ces principes n’ont pas été mis en œuvre de manière approfondie », notamment dans l’éducation des jeunes.

Dans plusieurs de ses récents discours, le camarade Deng Xiaoping a exprimé son enthousiasme à l’égard de la nouvelle direction centrale. Je suis profondément convaincu que si nous voulons bien faire notre travail, nous devons d’abord développer pleinement la démocratie au sein du Parti et nous appuyer sur la sagesse et la force de la direction centrale collective, et sur le soutien et la surveillance de tous les membres du Parti et du peuple. De plus, nous sommes favorisés par l’heureuse circonstance que le camarade Deng et d’autres révolutionnaires de l’ancienne génération sont encore en bonne santé. Nous devons néanmoins ne pas les déranger avec les affaires courantes mais, lorsque nous rencontrons des problèmes majeurs, nous pouvons demander l’avis du camarade Deng et écouter les recommandations des autres révolutionnaires plus âgés à tout moment. La riche expérience de gouvernance du Parti, du pays et de l’armée qu’ils ont accumulée et le grand prestige qu’ils ont acquis au cours des longues années de lutte révolutionnaire et de construction nationale constituent un bien précieux du Parti et sont toujours d’une importance capitale pour le travail de notre nouvelle direction collective.

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Cette session plénière a été très fructueuse. Lors de cette réunion, nous avons non seulement traité correctement le problème du camarade Zhao Ziyang, mais également fait un premier examen des leçons apprises, et examiné et délibéré de nombreux problèmes importants. Récemment, le camarade Deng a prononcé plusieurs discours importants, et divers autres camarades plus âgés ont également prononcé des allocutions ; celles-ci contiennent des conseils pratiques et sont d’une grande importance historique pour tout travail auquel le Parti doit faire face, maintenant et par la suite.

Zhao Ziyang (1919-2005), originaire du comté de Huaxian, province de Henan, a été élu secrétaire général secrétaire général du Comité central lors de la première session plénière du treizième Comité central en novembre 1987. En juin 1989, le « Rapport sur les erreurs commises par le camarade Zhao Ziyang au cours des troubles antipartisans et antisocialistes » a été délibéré et adopté lors de la quatrième session plénière du Comité central, le privant de tous ses postes de direction au sein du Parti. Zhao, plus libéral politiquement, avait soutenu les manifestations étudiantes pro-démocratiques en Chine, et avait été accusé par les anciens du Parti de vouloir transformer le régime en une « bourgeoisie occidentale prétendument démocratique ». 

Dans la troisième partie du rapport de la réunion élargie du Bureau politique du Comité central, que le camarade Li Peng a soumis à cette session au nom du Bureau politique, des dispositions préliminaires ont été établies pour notre travail actuel. J’y souscris entièrement. Ces discours m’ont inspiré à partager certains de mes points de vue avec vous ici aujourd’hui. Je viens à peine de commencer à travailler pour le Comité central et ma compréhension de la situation est encore limitée, je vous demande donc, camarades, de bien vouloir me signaler de manière critique tout ce que j’ai pu dire d’incorrect.

Li Peng (1929-2019), originaire de Chengdu, dans la province du Sichuan, était membre du Comité permanent du Bureau politique du Comité central et Premier ministre du Conseil d’État au moment de ce discours.

Étouffer complètement la rébellion contre-révolutionnaire est la première tâche politique principale à l’heure actuelle. En regardant cette rébellion rétrospectivement, il est difficile de concevoir ce qui aurait pu se passer s’il n’y avait pas eu la détermination de Deng et d’autres révolutionnaires plus âgés, ainsi que la bravoure et l’abnégation des membres de l’Armée populaire de libération (APL), de la Force de police armée du peuple et de la police de sécurité publique.

Nous allons certainement dénicher et exposer toutes les conspirations politiques qui ont donné lieu aux perturbations et à la rébellion, et nous ne nous arrêterons pas en si bon chemin. Quant aux conspirateurs qui ont comploté, organisé et dirigé les perturbations et la rébellion, et les hooligans contre-révolutionnaires qui y ont participé, ils doivent être strictement punis conformément à la loi. Nous devons sévir fermement et ne faire preuve d’aucune indulgence à leur égard. Quant à ceux qui se sont simplement laissés entraîner dans les troubles et la rébellion à des degrés divers, nous devons faire davantage pour éduquer et les diviser et les gagner à la cause par l’éducation. Quant aux jeunes étudiants et d’autres personnes qui ont commis des erreurs en paroles et en actes parce qu’ils n’ont pas compris la véritable situation, nous devons les aider à revoir les leçons de cette expérience et ainsi améliorer leur compréhension. Nous devons rapidement formuler une série de politiques spécifiques afin de distinguer strictement et de traiter correctement ces deux types de problèmes différents. Les autorités locales doivent gérer correctement les problèmes sur la base de la situation réelle dans leurs localités. En bref, nous devons travailler de manière décisive et minutieusement pour nous concentrer sur la répression du petit nombre de délinquants principaux et d’irréductibles impénitents et nous efforcer au maximum pour élargir la portée de l’éducation et de l’unité.

Durant son discours du 9 juin 1989, la seule intervention publique de Deng Xiaoping sur les événements de Tiananmen qui eurent lieu cinq jours plus tôt, Deng réaffirmait la décision du Parti d’autoriser le recours à la force le 4 juin. Il y critiquait notamment la « démocratie de style occidental » comme un « signe de libéralisme bourgeois » et comme une « idéologie qui n’est pas adaptée au développement interne de la Chine ».

Les organisations du Parti à tous les niveaux et tous les membres du Parti doivent profondément réfléchir à deux questions : Où se trouve la principale leçon à tirer du l’éclatement et la propagation des troubles et de la rébellion ? Et comment pouvons-nous éradiquer en profondeur les facteurs idéologiques, politiques, économiques et sociaux qui les ont générés et assurer la stabilité et la paix à long terme du Parti et de la nation ? Si ces questions sont bien résolues, les fruits de la révolution, de la construction et de la réforme peuvent être fondamentalement consolidés et développés. Développer activement mais régulièrement l’économie nationale conformément à notre stratégie de développement en trois étapes décidée par le Comité central et le camarade Deng sera toujours la tâche centrale de notre modernisation. En développant l’économie, nous devons faire en sorte que l’éducation, la science et la technologie jouent pleinement leur rôle. En dernière analyse, la clé pour rendre le pays prospère et enrichir le peuple est la force économique.

Par essence, la concurrence internationale est une concurrence économique majeure. Si l’économie se développe et que le pays devient puissant, nous aurons la force de résister à toute perturbation naturelle ou sociale et de résister à toute menace ou pression extérieure, et nous serons en mesure de rajeunir notre nation et apporter une plus grande contribution à l’humanité. À l’heure actuelle, nos tâches économiques les plus urgentes sont de continuer à améliorer l’environnement économique, de rectifier l’ordre économique et d’approfondir la réforme dans le respect des principes décidés lors de la troisième session plénière du treizième Comité central. Les comités du Parti à tous les niveaux doivent soutenir fermement les mesures que le Conseil d’État a déjà formulées et celles qu’il formulera, et veiller à leur mise en œuvre. Tous les membres du Parti n’épargneront aucun effort pour se remettre des pertes encourues pendant les troubles de la rébellion.

En même temps que nous développons divers secteurs économiques, nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour revigorer les grandes et moyennes entreprises d’État. Elles sont l’épine dorsale et le fondement de l’économie socialiste de notre pays. Nous devons nous appuyer de tout cœur sur la classe ouvrière. Rien ne peut être accompli sans l’enthousiasme, la créativité et le sens des responsabilités des travailleurs en tant que maîtres de leur pays.

Cette réforme évoquée dès 1989 des grandes et moyennes entreprises d’État donnera lieu au slogan « Grasping the large, letting go of the small » (抓大放小), littéralement « saisir le grand, laisse le petit s’en aller », et qui évoque toutes les réformes industrielles effectuées par l’État chinois en 1996 qui s’est trouvé en charge de beaucoup d’entreprises étatiques, dont beaucoup non rentables — il fallait alors choisir lesquelles « garder » comme entreprises étatiques, et lesquelles « lâcher » aux forces du marché privé. En réalité, cela n’avait pas tant à voir avec « grand » et « petit » qu’avec le potentiel économique des entreprises.

Dix années de réforme et d’ouverture ont changé le visage de l’activité économique et sociale de la Chine et ont insufflé un nouvel élan à l’économie chinoise et à la cause socialiste du pays une vitalité vibrante. Nous devons continuer à mener à bien la réforme et l’ouverture encore plus efficacement et faire ce travail plus rapidement et mieux. 

Le camarade Deng est l’architecte en chef et le leader de la réforme et de l’ouverture. La réforme et l’ouverture dont il s’est fait le champion et que nous avons mis en œuvre sont des réformes et des ouvertures qui respectent la voie socialiste et qui soutiennent la dictature démocratique du peuple, la direction du Parti communiste, le marxisme-léninisme et la pensée de Mao Zedong. Ceci est en contraste frappant avec la « réforme et l’ouverture » qui sont préconisées par ceux qui s’entêtent à promouvoir la libéralisation bourgeoise et prennent pour objectif la mise en œuvre du capitalisme occidental, renoncent à la dictature démocratique du peuple et à la direction du Parti communiste, et s’écartent du marxisme-léninisme et de la pensée de Mao Zedong et les rejettent.

La dictature démocratique du peuple (人民民主专政) est une expression incorporée dans la Constitution chinoise. Le principe est que le PCC et l’État représentent et agissent au nom du peuple, mais que, dans le cadre de la préservation de la dictature du prolétariat, ils possèdent et peuvent utiliser des pouvoirs contre les forces réactionnaires pour empêcher le gouvernement de s’effondrer en une dictature de la bourgeoisie, ou une démocratie libérale occidentale.

Le cœur de cette conception de la « réforme et de l’ouverture » est l’adoption du capitalisme. Bien sûr, c’est quelque chose que le Parti et le peuple ne peuvent absolument pas permettre. Une très grave erreur commise par le camarade Zhao a été de séparer la réforme et l’ouverture des quatre principes fondamentaux et de les placer en opposition l’un à l’autre. En fait, il s’est écarté et a mis au rebut les quatre principes fondamentaux et a incité et encouragé la propagation de la libéralisation bourgeoise. Ceci a fermenté les récents troubles et la rébellion, qui ont infligé un grand désastre au Parti et à l’État. Cette manifestation négative a été un réveil brutal. Nous ne devons jamais oublier cette profonde leçon apprise à un si grand prix.

En même temps que nous nous empressons de promouvoir le progrès matériel socialiste, nous devons promouvoir le progrès culturel et éthique socialiste avec la même urgence et redresser de manière décisive la situation dans laquelle l’accent mis sur les premiers se fait au détriment des seconds. Depuis plusieurs années, le niveau de vie matériel des gens a augmenté, mais les déviations idéologiques du culte de l’argent, du consumérisme, de l’abandon de grands idéaux nobles pour la satisfaction immédiate, la course au gain personnel sans aucune considération pour les intérêts généraux du pays et mépriser sa propre patrie et son propre peuple tout en adorant tout ce qui est étranger se sont répandus, jusqu’à donner lieu à la corruption et à la dégénérescence et à la réapparition de phénomènes maléfiques qui avaient été éradiqués dans les premières années de la République populaire. Face à cette sombre situation nous devons réfléchir consciencieusement au problème souligné par le camarade Deng, à savoir l’incohérence dans l’adhésion aux quatre principes cardinaux. Les plus grandes erreurs de ces dix dernières années ayant été commises dans le domaine de l’éducation. Nous devons en tirer une leçon profonde.

En ce qui concerne le renforcement de l’éducation, je souhaite particulièrement aborder le problème de l’éducation dans ses dimensions nationales. Il s’agit de l’éducation dans des domaines tels que l’histoire de la Chine du siècle dernier, la nécessité du socialisme, le développement économique et culturel actuel, les ressources économiques et les questions de population, ainsi que les belles traditions de la nation chinoise. La plupart des jeunes soutiennent la réforme et l’ouverture, mais beaucoup d’entre eux ne comprennent pas le passé et le présent de la Chine. Par conséquent, ils ne peuvent pas comprendre à quel point la réforme est longue, formidable et complexe, et ils rêvent d’apporter la civilisation matérielle de l’Occident à la Chine du jour au lendemain. Ces personnes sont sensibles à la propagande promouvant le système capitaliste. Ils ont grandi sur le sol de notre mère patrie, ils devraient donc y plonger de profondes racines et se nourrir spirituellement de nos ouvriers, agriculteurs et soldats. 

Après la troisième session plénière du onzième Comité central, de grandes contributions ont été apportées dans les domaines de la publicité et du travail idéologique, en critiquant les « deux choses » et en promouvant l’émancipation de l’esprit des gens, ainsi que dans le domaine de l’exploration des lois régissant la modernisation et la réforme et l’ouverture. Cependant, au cours des quelques années qui ont suivi, toutes sortes de courants de pensée erronés, en particulier la pensée bourgeoise occidentale décadente, ont afflué, exposant d’autres problèmes graves. Le camarade Zhao a attaqué les camarades qui ont soutenu les quatre principes cardinaux et qui ont résisté à la pensée décadente et aux phénomènes répréhensibles de la société, et il a protégé, fait confiance et promu les personnes qui s’entêtaient à soutenir obstinément la libéralisation bourgeoise. Cela a duré longtemps et certains domaines des médias ne sont plus sous le contrôle du Parti et du peuple. Les ministères compétents doivent prendre des mesures décisives pour corriger cette situation.

« Nous soutiendrons résolument toutes les décisions politiques prises par le président Mao, et suivrons inébranlablement toutes les instructions données par le président Mao », extrait d’un éditorial du 7 février 1977 du Quotidien du peuple. Les « deux choses » (chinois : 两个凡是 ; pinyin : Liǎng gè fán shì) fait référence à l’affirmation selon laquelle « Nous soutiendrons résolument toutes les décisions politiques prises par le président Mao, et suivrons inébranlablement toutes les instructions données par le Président Mao » (凡是毛主席作出的决策,我们都坚决维护;凡是毛主席的指示,我们都始终不渝地遵循). Cette déclaration était contenue dans un éditorial commun, intitulé « Étudiez bien les documents et saisissez le lien clef », imprimé le 7 février 1977 dans le Quotidien du peuple, la revue Drapeau rouge et le Quotidien de l’APL.

Nous avons un excellent groupe d’intellectuels, qui sont actifs dans les domaines de la production, de la défense nationale, de la recherche scientifique, de l’éducation, de la santé, la publicité, la presse, l’édition, la littérature et l’art. Ils travaillent dur et apportent des contributions désintéressées, et ils sont vraiment l’élite de la nation et l’épine dorsale de la modernisation socialiste. Parmi les intellectuels, il y a un très petit nombre de soi-disant élites qui ont atteint la proéminence en critiquant le Parti communiste et le socialisme. Ils ont jeté le voile du patriotisme et de la démocratie. Pendant plusieurs années, ils ont été encensés, et ils ont non seulement mené une propagande politique anti-Parti et anti-socialiste, mais aussi créé une atmosphère académique très malsaine et démagogique. Ils ne peuvent pas représenter les intellectuels chinois ; au contraire, ils sont le rebut des intellectuels chinois. 

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Nous devons développer rapidement la démocratie et le système juridique. De nombreux jeunes étudiants veulent que nous accélérons ce travail, et leur demande est compréhensible. Nous devons continuer à améliorer et à développer tous les aspects du système démocratique et du système juridique afin de s’assurer que les politiques et le travail du Parti et du gouvernement puissent pleinement manifester les intérêts du peuple et garantir que les cadres à tous les niveaux soient soumis à un contrôle efficace de la part du peuple. Cependant, en développant la démocratie et le système juridique nous ne pouvons absolument pas dévier de l’orientation ou de la voie socialiste ou importer le prétendu système bourgeois occidental de démocratie et de liberté. L’histoire moderne de la Chine dans son ensemble prouve que cette approche est en faillite. Ces troubles démontrent abondamment que faire les choses de cette manière ne mène qu’au chaos. 

Cette manifestation d’étudiants révèle également que certains jeunes étudiants et d’autres n’ont pas une compréhension correcte de la démocratie et ont une conception très vague de la loi. Le type de démocratie que certains souhaitent est une forme extrême et totalement anarchique de démocratie, une sorte d’anarchie, qui est complètement différente de la démocratie. Elle est réactionnaire et destructrice à la démocratie. Cette forme extrême de démocratie n’est pas acceptable, même dans les nations occidentales ou n’importe où ailleurs dans le monde.

Notre Parti est l’avant-garde de la classe ouvrière et la force directrice de la cause socialiste. Notre situation et nos tâches changent constamment, et la ligne, les principes, les politiques et les stratégies du Parti, ainsi que sa manière de travailler et les activités doivent évoluer en conséquence, mais la nature du Parti et son noble objectif de réaliser le communisme ne peuvent être altérés. La force et l’objectif du Parti communiste résident principalement dans la qualité, et non le nombre, des membres du Parti. Nous devons mener à bien l’éducation dans tout le Parti en ce qui concerne la théorie fondamentale du marxisme-léninisme et de la de la pensée de Mao Zedong, de l’idéologie du socialisme et du communisme, et dans la plate-forme et la Constitution du Parti et dans sa ligne, ses principes et ses politiques à la lumière de la réalité de la construction et de la réforme et de l’état de développement du monde contemporain.

L’une des raisons importantes pour lesquelles les conspirateurs ont pu inciter autant de personnes a participer au cours des troubles était que certains membres et cadres, et surtout un très petit nombre de cadres dirigeants, se livraient à une grave corruption. Les yeux des personnes de toutes les ethnies du pays sont tournés vers nous attendant de voir si nous pouvons ou non prendre des mesures réelles pour punir la corruption. À court terme, nous devons entreprendre un certain nombre d’activités dans ce domaine pour inspirer les membres du Parti et le peuple. Après une période de travail acharné, nous formulerons un système de prévention et de sanction de la corruption afin d’ajuster fondamentalement la conduite du Parti pour le mieux et de restaurer et renforcer les liens étroits du Parti avec le peuple.

Camarades,

Nous avons convoqué cette réunion à un moment crucial où l’existence même du Parti et de l’État est en jeu. Cette réunion sera inscrite dans les annales de l’histoire comme une victoire du Parti. Cependant, nous devons réaliser qu’il s’agira d’une tâche longue et ardue pour se remettre des dommages massifs que le camarade Zhao a infligés à la cause du Parti, surmonter toutes les nombreuses difficultés qu’il a fait peser sur nous, mener à bien le sain développement sain de la modernisation socialiste de la Chine, veiller à ce que l’indépendance nationale pour laquelle nos martyrs ont sacrifié leur vie soit préservée, et garantir que les objectifs de la modernisation socialiste soient complètement atteints. Nous sommes fermement résolus à entretenir l’esprit de lutte ardue et d’autosuffisance, à écarter tous les obstacles, à surmonter toutes les difficultés et à multiplier au centuple nos efforts.

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