Bien que les élections municipales soient souvent axées sur des questions locales, la pression militaire de la Chine pour ramener l’île autonome dans son giron était un thème central de ce scrutin.

  • Tsai Ing-wen — présidente de l’île et présidente du Parti démocrate progressiste (PDP) depuis 2016 — mène la coalition pan-verte (泛綠軍), composée de 6 partis progressistes en faveur de l’indépendance de Taïwan.
  • La stratégie électorale de la présidente taïwanaise était claire : donner à cette campagne locale une dimension géopolitique. Voter pour le PDP aux élections reviendrait à se positionner contre la menace que la Chine exerce sur l’île.

Le Kuomintang (KMT) — principal parti d’opposition, conservateur et pro-business — est traditionnellement considéré comme favorable à un rapprochement avec la Chine continentale. L’ancien président taïwanais, Ma Ying-jeou, qui reste un membre éminent du KMT, a déclaré que voter pour le PDP pourrait entraîner une guerre avec la Chine et que soutenir le KMT garantirait la paix : « Choisissez la paix et rejetez la guerre ! » (選擇和平,拒絕戰爭 !).1

La stratégie électorale du PDP, visant à dénoncer le bellicisme croissant de la Chine, ne semble pas avoir fonctionné auprès des électeurs.

  • Les résultats marquent une progression du KMT encore plus large qu’en 2018, avec des victoires dans 13 des 21 circonscriptions, dont la capitale Taipei. 
  • Les candidats du KMT ont recueilli 50 % des voix contre 41,6 % pour le PDP — environ 1 million de voix d’écart sur une population de 23,5 millions. 
  • Le PDP n’a réussi à obtenir que cinq villes dans la partie sud de Taïwan, soit le nombre le plus faible depuis sa création en 1986.

Tenu en même temps que les élections locales, le référendum sur l’abaissement de l’âge requis pour voter et se présenter aux élections a été rejeté.

  • Bien que le « oui » fut majoritaire, ayant obtenu 53 % des suffrages, le vote de la moitié du corps électoral (soit 9 619 697 de voix) était requis. 
  • Avec une abstention de plus de 40 %, moins de 6 millions d’électeurs ont voté en faveur de l’amendement. 

Peu de temps après l’annonce des résultats, la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen a annoncé qu’elle quittait la présidence de son parti, dont elle était à la tête depuis 2016.

  • Bien qu’elle restera présidente de l’île, Tsai Ing-wen a déclaré : « Les résultats des élections n’ont pas été ceux escomptés… Je dois en assumer toute la responsabilité et je démissionne immédiatement de la présidence du PDP ».2 
  • L’attention va maintenant se porter sur l’élection présidentielle de 2024, que Tsai et le PDP ont largement remporté en 2020, en promettant de tenir tête à la Chine et de défendre les libertés de Taïwan.
  • En réponse à la visite de Nancy Pelosi sur l’île en août, l’armée chinoise a conduit des exercices militaires sans précédents à munitions réelles dans le détroit de Formose.