La rumeur circulait depuis plusieurs jours : l’armée russe, affaiblie et subissant des pertes importantes, préparait déjà son départ de Kherson lundi, selon les renseignements ukrainiens. C’est chose faite depuis hier, mercredi 9 novembre, date à laquelle l’état-major russe a annoncé mettre en place une « défense le long de la rive gauche du Dniepr » — en d’autres termes, l’armée russe recule.
Lors d’une audition par le ministre de la Défense russe et son état-major, le commandant chargé des opérations militaires en Ukraine, Sergueï Sourovikine, a annoncé que cette décision survenait après une « évaluation globale de la situation actuelle ».
- Selon le nouvel homme chargé de mener la guerre du Kremlin en Ukraine (le dernier en date d’une longue série), ce repli permettrait de libérer des troupes pour mener des opérations offensives.
La ville de Kherson se situe sur la rive occidentale du Dniepr, le plus long fleuve d’Ukraine qui passe par Kyiv au nord et coule vers le sud-ouest en passant par Dnipro, Zaporijia puis Kherson avant de se jeter dans la mer Noire.
- Capitale administrative de l’oblast concerné par les référendums d’annexion de fin septembre, Kherson revêt une importance stratégique majeure.
- La ville est non seulement située sur le Dniepr, mais aussi au nord de la Crimée, qui dépend de la région de Kherson pour son approvisionnement — surtout en ressources hydriques.
Le retrait de Kherson marque l’échec de l’offensive russe dans le sud de l’Ukraine.
- Énième manœuvre militaire de ce conflit qui voit la Russie reculer, après la tentative de prendre Kyiv par le nord en passant par la Biélorussie et la contre-offensive ukrainienne de septembre.
- La Crimée est elle aussi touchée par le conflit, entre le sabotage du pont de Crimée et la menace que constitue la reconquête ukrainienne de Kherson.
Selon des images satellites recueillies par des analystes faisant du renseignement en sources ouvertes (OSINT), l’état-major russe se prépare depuis la mi-octobre au moins à un recul vers le sud, illustré par le creusement de tranchées près des villes d’Armiansk, de Novotroïtske et du check-point de Chonhar, au nord de la péninsule de Crimée 1.
Selon l’état-major américain, 100 000 soldats russes auraient été tués ou blessés en Ukraine depuis le début de la guerre. Ce chiffre est similaire aux pertes subies par l’armée ukrainienne 2.
- Pour le chef de l’état-major des armées des États-Unis, Mark Milley, la retraite de l’armée russe « ne leur prendra pas un jour ou deux, mais des jours et peut-être même des semaines ».
- Selon les estimations du renseignement américain, entre 20 000 et 30 000 soldats russes se situeraient au nord du Dniepr dans la zone de Kherson.
Sources
- Tweet de Benjamin Pittet, 9 novembre 2022.
- Phil Stewart et Idrees Ali, « More than 100,000 Russian military casualties in Ukraine, top U.S. general says », Reuters, 10 novembre 2022.