• L’explosion observée ce matin aurait touché les deux sections (ferroviaire et routière, divisée en deux voies) du pont de Crimée. On ne connaît pas exactement l’étendue des dégâts pour l’instant, mais il semblerait que trois portions du pont se seraient effondrées. La structure de la section ferroviaire ne s’est quant à elle pas écroulée, mais a probablement été lourdement endommagée par l’incendie.
  • Impossible de dire à ce stade qui en est l’auteur et quel a été le mode opératoire utilisé. Certaines hypothèses tendent à considérer qu’il s’agit d’un attentat-suicide organisé avec un véhicule circulant sur le pont, mais rien ne permet pour l’instant de le confirmer. D’autres privilégient la piste d’un drone de surface transporté par bateau ayant explosé sous le pont1.
  • Le coup porté au Kremlin est significatif. En attaquant la Crimée (occupée illégalement par la Russie depuis 2014), cette attaque vise à envoyer un message directement à Vladimir Poutine, incapable de prendre Kyiv et désormais de défendre la Crimée. Mis en service en 2018 à l’occasion d’une mise en scène de Vladimir Poutine conduisant un poids lourd, ce pont était le symbole de l’annexion de la péninsule par la Russie et de la volonté du régime russe d’afficher une vitalité.
  • La ligne de chemin de fer qui passe par le pont est vitale pour l’approvisionnement de la péninsule et des civils qui y vivent, mais également pour les soldats russes qui combattent dans le Sud de l’Ukraine. Les camions nécessaires au transport des tanks et les chars devant cheminer sur de longues distances étant très consommateurs de carburant et de main d’œuvre, le train est la solution la plus efficiente pour le transport de matériel. De nouveaux renforts, du carburant ou des chars d’assaut ne pourront donc désormais plus se rendre en Ukraine par cette voie. La dernière ligne ferroviaire en service passe par l’oblast de Donetsk, à l’intérieur duquel l’armée ukrainienne a beaucoup progressé ces dernières semaines.
  • S’il est trop tôt pour dire si cette coupure constitue un tournant tactique, la chaîne logistique de la Russie pourrait en sortir durablement enrayée au cas où celle-ci venait à perdre Kherson, qui alimente en électricité et en eau la péninsule. Dans le cas où les forces ukrainiennes reprenaient cette ville et décidaient de cesser d’approvisionner la Crimée, une évacuation des civils devrait être envisagée.
  • Selon l’agence de presse russe proche du Kremlin Tass, l’explosion n’aurait provoqué aucun décès, selon des informations préliminaires. Le communiqué indique également que l’incendie provoqué par l’explosion d’un train transportant de l’essence n’aurait pas endommagé la structure de la section ferroviaire, ce dont il peut être légitime de douter compte tenu de l’ampleur de l’explosion2.