• À l’occasion du 77ème rassemblement annuel de l’Assemblée générale des Nations unies, ouvert le 13 septembre, les ministres des Affaires étrangères des États-Unis et de la Russie, ainsi que les membres européens du Conseil de sécurité, sont rassemblés autour d’une même table pour la première fois depuis le début du conflit en Ukraine.
  • L’ordre du jour de cette session très attendue porte sur la situation en Ukraine ainsi que l’apparente l’impunité de la Russie dans la guerre depuis sept mois. Dans la continuité des discours de la semaine à la tribune de l’ONU, la décision du Kremlin de mobiliser davantage de troupes et sa menace implicite d’utiliser l’arme nucléaire seront aussi au cœur des débats.
  • La rencontre se tient dans un contexte de contre-offensive ukrainienne qui s’est poursuivie cette semaine et d’intensification des bombardements russes ciblant des infrastructures civiles. La guerre de la Russie contre les civils ukrainiens a provoqué l’indignation à la tribune de l’ONU, où le président Zelensky a réaffirmé la nécessité que la Russie « paie pour cette guerre » — en accord avec les souhaits exprimés par la population ukrainienne au cours de l’enquête conduite sur le terrain par Karina V. Korostelina et Gerard Toal1.
  • Le président Biden a exprimé sa colère hier en mettant la Russie devant ses « atrocités et crimes de guerre », en déclarant que « personne n’a menacé la Russie, et personne d’autre que la Russie n’a cherché le conflit ». Le dirigeant américain a aussi réaffirmé le soutien financier sans faille des 40 pays présents qui ont déjà « contribué des milliards de dollars de leur propre fonds et d’équipements pour aider l’Ukraine à se défendre »2.
  • Emmanuel Macron a comparé quant à lui la situation en Ukraine à un retour « à l’âge des impérialismes et des colonies ». Le président français a déclaré que la « France refuse [ce retour en arrière] et recherchera obstinément la paix », tout en réaffirmant le besoin d’un dialogue nécessaire avec la Russie pour mettre un terme à son agression. Emmanuel Macron a conclu son discours en pointant du doigt « les pays neutres » (dont la position a été mise au jour une nouvelle fois lors du dernier vote à l’ONU), complices des crimes russes, et l’incohérence de la situation entre une Russie qui se dit prête à fonder un nouvel ordre tout en maintenant des positions hégémoniques vis-à-vis de ses voisins.
  • Le chancelier allemand a livré une analyse similaire à celle de son homologue français, en dénonçant « le retour de l’impérialisme », un « néocolonialisme » qui vient s’opposer à un monde multipolaire et qui est « une catastrophe non seulement pour l’Europe, mais aussi pour la paix dans le monde ». De même, Scholz a réaffirmé sa volonté de protéger l’ordre international mondial en refusant toute « paix dictée par la Russie […] C’est pourquoi nous n’accepterons aucun référendum prétentieux ».
  • Le président turc Erdogan s’est lui aussi exprimé à la tribune de l’ONU mardi dernier, mais s’est plutôt posé en médiateur dans le conflit entre la Russie et l’Ukraine. Erdogan est l’un des rares dirigeants qui communique encore avec le président russe et qui l’a récemment rencontré en Ouzbékistan. Erdogan a ainsi déclaré que « Le conflit ukrainien dépasse le seuil du septième mois et nous pensons qu’un processus de paix équitable n’aura pas de perdant. Nous soulignons toujours l’importance de la diplomatie dans le règlement du différend par le dialogue ». Celui-ci a déclaré cette semaine que l’échange de 200 prisonniers de guerre entre l’Ukraine et la Russie était une « étape importante » vers la fin de la guerre3.
  • Malgré de fermes condamnations, les diplomates du Conseil de sécurité ont déclaré qu’il n’était pas prévu d’introduire une résolution ou une action pour imposer des sanctions à la Russie aujourd’hui. Selon Nicolas de Rivière, représentant permanent de la France aux Nations unies (qui assure la présidence tournante du Conseil ce mois-ci) : « C’est une occasion de discuter de l’Ukraine en public, […] Je ne suis pas sûr que nous aurons une percée sur cette question, mais au moins le canal restera ouvert ».
Sources
  1.  Alan Yuhas, « In a Defiant Address, Zelensky Says, ‘Russia Should Pay for This War’ », 21 septembre 2022.
  2.  Nations unies, General Debate Live (USA, Kenya, Ukraine, UK & More) »,21 septembre 2022.
  3.  Cora Engelbrecht & Carlotta Gall, « Erdogan says Russia should return all captured Ukrainian territory », The New York Times, 20 septembre 2022.