• Le Conseil de coopération qui s’est déroulé aujourd’hui a dressé l’état des lieux portant sur les travaux et les prochaines étapes concernant l’accord de partenariat et de coopération renforcé entre l’UE et le Kazakhstan, qui a été signé par les deux parties en 20151. Un échange de vues sur les questions politiques, économiques et commerciales (notamment les réformes internes, l’État de droit et les droits de l’homme, le commerce régional) et sur la coopération a également eu lieu au cours du Sommet.
  • Dans un récent rapport, le Conseil de l’Europe pointait du doigt le niveau de corruption très élevé au Kazakhstan et le fait que le pays, dirigé par le président Kassym Jomart-Tokayev, avait besoin de contre-pouvoirs plus forts ainsi que d’une société civile plus active2. Tokayev est devenu président du Kazakhstan en 2019, après près 29 ans de règne du président Noursoultan Nazarbaïev, président depuis l’indépendance du pays en 1991. Formé au MGIMO de Moscou entre 1970 et 1975, le président kazakh a ensuite intégré le ministère des Affaires étrangères soviétique au sein duquel il a été en poste à l’ambassade de Singapour puis de Pékin.
  • Les délégations ont abordé l’évolution de la situation et la coopération aux niveaux régional et international, y compris en matière de sécurité. Quelques mois auparavant, le 6 janvier dernier, le président kazakh avait fait appel à 3000 soldats de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) — une alliance militaire regroupant la Russie et cinq autres ex-républiques soviétiques — afin de réprimer des manifestations contre la hausse des prix du carburant3.
  • Le président Tokayev a appelé en mars dernier à une médiation entre l’Ukraine et la Russie5. La position du président Kazakh se rapproche ainsi de la position du président ouzbek, qui est resté neutre dans le conflit, tandis que le président du Tadjikistan — où la Russie dispose d’une base militaire —, Emomali Rahmon, s’est positionné plus clairement en faveur de la Russie6.
  • Cette position peut en partie s’expliquer par la diversification des relations économiques du Kazakhstan avec d’autres partenaires que la Russie, comme la Chine, qui a lancé ses nouvelles routes de la Soie en 2013 depuis l’ancienne capitale kazakh, Astana. Si le Kazakhstan fait partie de l’Union économique eurasiatique avec la Russie et d’autres ex-républiques soviétiques d’Asie Centrale (Arménie, Biélorussie et Kirghizistan), il est également membre de l’Organisation de coopération de Shangaï (OCS), où la Chine, l’Inde, le Pakistan sont présents, au même titre que la Russie.
  • À l’issue de la réunion du Conseil de coopération Union-Kazakhstan, Catherine Colonna a rappelé la position européenne de soutien à l’intégrité territoriale de l’Ukraine avant de saluer les prises de positions constructives du Kazakhstan depuis le début de cette crise, y compris pour ne pas atténuer « les effets des sanctions contre la Russie ». La ministre a par la suite souligné que les deux parties étaient prêtes à coopérer dans le domaine de l’énergie et du réchauffement climatique, ainsi que sur la construction du corridor transcaspien. Sur la question de la corruption et de l’État de droit au Kazakhstan, Colonna a appelé à un rapport indépendant sur les évènements de janvier 2022 — une mesure que le ministre des Affaires étrangères kazakh s’est engagé à mettre en oeuvre7.