• La Moldavie est un enjeu essentiel pour la suite de la guerre en Ukraine. Les capitales européennes craignent en effet que Moscou pourrait chercher à déstabiliser le gouvernement pro-européen sur fond d’une inflation qui avoisine les 30 % et des tensions sur le sujet énergétique. De plus, si les troupes russes avanceraient vers Odessa, le territoire séparatiste de Transnistrie, où sont stationnés environ 1 500 militaires russes, pourrait être un point d’appui essentiel pour les forces russes. 
  • La Moldavie est également l’un des pays ayant accueilli le plus de réfugiés ukrainines. Depuis le début de la guerre, le pays a accueilli en transit près de 500  000 personnes, un défi immense pour une population de 2,6 millions d’habitants. Aujourd’hui, environ 80 000 personnes, soit 3 % de la population moldave sont des réfugiés ukrainiens. 
  • Lors de sa visite, Emmanuel Macron rencontrera Maia Sandu, la présidente pro-européenne, élue en 2020 qui est arrivée au pouvoir avec un agenda fortement réformateur. Chișinău avait formulé une demande officielle d’adhésion à l’Union le 3 mars 2022, après le début de l’invasion russe de l’Ukraine, demande que les Européens examineront lors du Conseil européen des 23 et 24 juin, en même temps que celles de l’Ukraine et de la Géorgie. 
  • Les discussions entre les deux dirigeants devraient porter sur le cheminement européen de la Moldavie. Ce matin, en amont de la visite, la France a publié un non-paper, détaillant la proposition du président français de créer “une communauté politique européenne” : pour la France, l’élargissement ne répond pas aux besoins urgents de l’Ukraine, car la durée du processus est trop longue. Il n’offre pas non plus le cadre politique nécessaire pour “répondre aux besoins urgents découlant de la guerre menée par la Russie en Ukraine”. Cette communauté politique, qui avait été soutenue par la présidente Sandu au mois de mai, permettrait, selon Paris, de rassembler tous les pays européens désireux de contribuer ensemble « à la sécurité, à la stabilité et à la prospérité de notre continent ». 
  • L’obtention du statut de pays candidat à l’adhésion à l’Union pour la Moldavie et l’Ukraine n’est pourtant pas exclu par la partie française. Quant à la Commission européenne, qui doit rendre son avis sur la question le 17 juin, elle se dirigerait vers la recommandation d’accorder aux deux le statut de pays candidat “sous conditions”. Ces dernières pourraient être bien plus strictes pour les autorités de Chișinău. 
  • La visite d’Emmanuel Macron pourrait être aussi un tremplin pour une visite à Kiev, alors que les dirigeants français, allemand et italien n’ont toujours pas fait le déplacement, contrairement à de nombreux dirigeants d’Europe centrale et de l’est ou même de Boris Johnson. 
  • Cette éventuelle visite du président français, qui pourrait être accompagné par Olaf Scholz et Mario Draghi, permettrait de lever les malentendus sur la position de la France, après les critiques adressés à Emmanuel Macron sur les déclarations appelant à “ne pas humilier” la Russie.