• Le groupe des « Neuf de Bucarest » est composé de neuf pays d’Europe de l’Est, issus de l’ancien bloc communiste, ayant rejoint l’OTAN après la fin de la guerre froide. Ce forum diplomatique, dont l’objectif est de coordonner les points de vue des pays participants sur les questions présentant un intérêt en lien avec l’Alliance Atlantique ainsi que de soutenir des projets de sécurité conjoints, a été créé en 2015 après l’annexion de la Crimée par la Russie. Ainsi, depuis 2014 et surtout depuis l’invasion de l’Ukraine le 24 février dernier, le flanc Est de l’OTAN s’est fortement renforcé, avec plus de 100 000 militaires américains stationnés dans la région et 40 000 militaires placés directement sous le commandement de l’OTAN. Le Secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, sera présent par visioconférence lors de la réunion d’aujourd’hui1
  • Les pays d’Europe centrale et orientale adoptent une position très ferme vis-à-vis de la Russie. Les déclarations d’Emmanuel Macron appelant à « pas humilier la Russie » et à négocier un accord de paix entre la Russie et l’Ukraine ont été globalement mal reçues dans les capitales d’Europe de l’Est2. La Première ministre estonienne, Kaja Kallas, a répondu au président français en estimant que les appels à cesser les combats étaient « prématurés », la priorité étant pour le moment de « casser la machine de guerre du Kremlin ». 
  • Les pays d’Europe centrale et orientale sont aussi particulièrement favorables à accorder le statut de candidat officiel pour intégrer l’Union européenne à l’Ukraine. Une source proche du dossier nous confiait que l’idée d’Emmanuel Macron de création d’une communauté politique européenne pourrait faire son chemin dans les capitales de l’Est de l’Europe, s’il y avait des garanties que l’adhésion restera une option viable pour Kyiv. Le président polonais, Andrzej Duda, a entamé la semaine dernière une tournée diplomatique européenne pour soutenir la candidature de l’Ukraine, en rencontrant successivement le Premier ministre portuguais, Antonio Costa, et le président italien, Sergio Mattarela, en amont du Sommet de Bucarest3
  • Tandis que le débat sur la suite de la Conférence sur l’avenir de l’Europe a été ouvert par le président français dans son discours du 9 mai à Strasbourg, ces mêmes pays d’Europe centrale et orientale sont également opposés à la fin de l’unanimité et à la modification des traités. Dans une résolution votée hier par une majorité simple de 354 députés — 155 contre et 48 abstentions —, le Parlement européen a voté pour appeler le Conseil européen à trouver un accord afin de déclencher la procédure de révision des traités européens4.
  • La réunion d’aujourd’hui précède le Sommet de l’OTAN prévu à Madrid les 28, 29 et 30 juin prochain. Les Alliés y adopteront les nouvelles orientations stratégiques de l’OTAN ainsi que leur dispositif de dissuasion et de défense à long terme. Le ministre des Affaires étrangères espagnol, José Manuel Albares, détaillait en amont de ce Sommet une doctrine pour le prochain concept stratégique de l’OTAN. La demande de la Finlande et de la Suède de rejoindre l’OTAN — pour l’instant bloquée par l’opposition de la Turquie — y sera aussi à l’ordre du jour.
  • Enfin, selon le président polonais, Andrzej Duda, le sommet de l’OTAN de juin sera aussi important que celui tenu à Varsovie en 2016, lorsque la présence de troupes alliées sur le flanc Est de l’Alliance y avait été approuvée. Il a ainsi déclaré qu’il espérait que cette dernière « sera portée au niveau des brigades » et « que les forces de l’Otan seront renforcées ainsi que l’infrastructure de défense ». Pour Duda, l’Alliance atlantique est « nécessaire dans notre partie de l’Europe face à une menace posée par l’agression de la Russie contre l’Ukraine et la transformation de la Biélorussie en un autre district militaire russe »5.