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- Officiellement, les chefs d’État et de gouvernement devront s’accorder sur des réalisations concrètes, en lien avec la Déclaration de Versailles adoptée en mars dernier, notamment en matière de réduction de la dépendance aux hydrocarbures russes et de défense commune.
- Mais le point le plus sensible – qui officiellement ne figure pas à l’ordre du jour – c’est l’embargo sur les importations de pétrole russe, un mois après la présentation par la Commission européenne du sixième paquet de sanctions à l’encontre de la Russie.
- Selon des sources proches du dossier, les 27 devront parvenir à trouver un accord, malgré l’opposition nette de la Hongrie. La semaine passée, le Premier ministre hongrois Viktor Orbán, a adressé une lettre officielle à Charles Michel, soulignant qu’il refusait d’en parler lors de la réunion du Conseil et qu’il persistait dans son opposition à l’embargo. Budapest considère qu’un éventuel embargo contribuerait à augmenter significativement le prix de l’énergie et que la stratégie RePowerEU (210 milliards €) n’offre pas de garanties suffisantes, ni infrastructurelles ni financières, pour les États enclavés.
- La proposition initiale de la Commission prévoyait des périodes de transition plus longues pour la Hongrie, la Slovaquie et la République tchèque, tous des pays dont la sécurité d’approvisionnement dépend de l’oléoduc Druzhba Sud.
- Si plusieurs scénarios sont évoqués – un embargo avec de plus importants transferts financiers pour la Hongrie, un paquet de sanctions financières plus fortes contre les compagnies russes, la proposition de compromis pourrait inclure seulement les importations de pétrole par voie maritime, excluant donc l’oléoduc Druzhba Sud et Druzhba Nord, qui dessert la Pologne et l’Allemagne. Les deux oléoducs assurent ensemble un tiers des importations de pétrole russe de l’Union, mais l’oléoduc Droujba Nord représente 66 % de ce total. Les longues heures de négociation seront donc décisives. La question épineuse est de savoir comment maintenir le “level playing field” à l’intérieur du marché unique, alors que des pays importeront du pétrole plus cher sur les marchés internationaux et d’autres, dont l’Allemagne, bénéficieront d’un avantage compétitif, grâce à des importations de pétrole russe bon prix. Dans ce contexte, des mécanismes de compensation pourront être demandés par les États-membres concernés par l’embargo.
- S’il est adopté sous cette forme, l’embargo concernera deux tiers du pétrole importé de Russie.
- Le sixième paquet de sanctions inclut également des mesures contre trois médias audiovisuels russes et trois banques – dont Sberbank – qui pourraient être déconnectées du système de messagerie financière SWIFT, en plus des septs premières banques russes déjà sanctionnées au début de la guerre. Gazprom n’est en revanche pas inclus dans le paquet de sanction. La Commission propose également de sanctionner 58 personnalités dont le patriarche Kirill.
- La sécurité alimentaire sera également à l’ordre du jour. Ce samedi, lors d’un appel téléphonique, Emmanuel Macron et Olaf Scholz ont insisté auprès de Vladimir Poutine pour lever le blocus d’Odessa afin d’acheminer par la mer Noire les céréales ukrainiennes et d’éviter une crise alimentaire mondiale. Dans la lettre d’invitation aux 27, Charles Michel a également déclaré : “Lors de notre réunion, nous discuterons des moyens concrets d’aider l’Ukraine à exporter ses produits agricoles en utilisant les infrastructures de l’Union. Nous verrons également comment mieux coordonner les initiatives multilatérales à cet égard.”
- Les discussions porteront enfin sur l’élargissement de l’Union, après les demandes officielles de l’Ukraine, de la Moldavie et de la Géorgie.