• L’embargo sur le pétrole russe était une sanction très attendue. L’annonce de la proposition par Ursula von der Leyen, au-delà du symbole, revêt d’une grande importance pour le régime de Vladimir Poutine ainsi que pour la suite de la guerre en Ukraine.
  • Comme l’illustre le graphique ci-dessus, la dépendance au pétrole russe varie grandement d’un pays européen à l’autre. Les Pays-Bas, l’Italie et la Pologne, qui font partie des pays européens les plus dépendants au pétrole importé de Russie, se sont tous les trois prononcés en faveur de la proposition de la Commission.
  • Le point de blocage principal sur lequel les diplomates s’échignent depuis maintenant une semaine est la Hongrie. Particulièrement dépendant au pétrole — mais également aux hydrocarbures de manière générale — russe, Viktor Orban refuse de voter en faveur de cet embargo, arguant qu’il aurait l’effet d’une « bombe atomique » sur l’économie hongroise1.
  • Toutefois, depuis quelques jours, certaines rumeurs laissent entendre que la Hongrie pourrait se prononcer en faveur de cet embargo, sous certaines conditions. L’équilibre réside, selon le HRVP Josep Borrell, dans la capacité de l’Union à offrir à la fois plus de temps pour se détacher complètement du pétrole russe, et une compensation financière pour des investissements dans de nouvelles infrastructures de raffinement du pétrole2
  • Selon les dernières discussions, il est possible que cette compensation financière — à laquelle certains États sont pour le moment réticents, celle-ci s’apparentant à du chantage — puisse faire partie de la stratégique REPower EU3, le plan de la Commission annoncé en mars dernier visant à rendre l’Union « indépendante des combustibles fossiles russes bien avant 2030 ». Si avancée il y a, celle-ci ne devrait pas arriver avant la semaine prochaine, une réunion des ministres des Affaires étrangères des États membres étant prévue pour lundi.
  • En parallèle, le remplacement des hydrocarbures russes par des énergies renouvelables est en bonne voie, et pourrait même s’accélérer dès la semaine prochaine, quand la Commission européenne devrait, selon le Financial Times, publié un document qui pourrait prévoir des assouplissements des réglementations environnementales et une révision à la hausse de l’objectif fixé par l’Union d’arriver à produire 40 % de l’électricité à partir de sources renouvelables d’ici à 2030, en s’appuyant en partie sur l’hydrogène vert. Depuis l’annonce du paquet Fit For 55 en juillet dernier, l’Union s’est fixé pour objectif de réduire de 55 % ses émissions d’ici à 20304.
Sources
  1. Jorge Liboreiro, Efi Koutsokosta, Shona Murray et Sandor Zsiros, « Russian oil ban plans are like ‘dropping an atomic bomb on Hungary’s economy’, says Viktor Orban », Euronews, 6 mai 2022.
  2. Sam Fleming et Andy Bounds, « EU could offer Hungary more time and money to agree to Russia oil ban », Financial Times, 6 mai 2022.
  3. Suzanne Lynch et Jakob Hanke Vela, « Brussels Playbook : Hungary hold-out — Clamping down on content — Eurovision latest », Politico, 11 mai 2022.
  4. Commission européenne, REPowerEU : action européenne conjointe en faveur d’une énergie plus abordable, plus sûre et plus durable, 8 mars 2022.