En Irlande du Nord, une victoire historique pour le Sinn Féin
Le renouvellement des 90 sièges du parlement national d’Irlande du Nord a eu lieu ce jeudi 5 mai. Cette assemblée détient des compétences en termes d’éducation et de santé, tandis que les pouvoirs régaliens restent dans les mains de Westminster. Le système électoral est basé sur le scrutin à vote unique transférable et permet aux électeurs de classer les candidats par ordre de préférence. Les cinq points à retenir :
- Avec 27 sièges, le parti pro-réunification Sinn Féin devient pour la première fois la plus grande force politique de l’Assemblée d’Irlande du Nord, reléguant le Parti unioniste démocratique (DUP) à la deuxième place avec 25 sièges. Ce résultat, anticipé par les sondages, est historique et ouvre la voie à l’idée d’une réunification irlandaise, cent ans après le rattachement de l’Irlande du Nord au Royaume-Uni. Pour autant, le parti nationaliste ne gagne pas de voix par rapport à l’élection de 2017, c’est le DUP qui en perd trois.
- L’autre gagnant des élections est le parti intercommunautaire Alliance, qui double son nombre de sièges par rapport à 2017 avec 17 députés. Il devance le Parti Unioniste d’Ulster (UUP) ainsi que le Parti social-démocrate et travailliste (SDLP), et devient le troisième parti le plus important de l’Assemblée. Il aura désormais droit à un ministère supplémentaire au sein de l’exécutif.
- Alors que l’UPP obtient 9 sièges, soit un de moins qu’en 2017, le grand perdant de l’élection est le SDLP, qui perd quatre sièges, passant de 12 députés à 8. Par ailleurs, malgré l’augmentation de sa part de suffrage, la Voix unioniste traditionnelle (TUV) n’a obtenu qu’un siège, celui de son leader, Jim Allister. Le Parti des Verts — qui détenait depuis 2017 deux sièges — a quant à lui perdu tous ses députés et ne sera pas représenté à l’Assemblée.
- Le Sinn Féin est désormais en mesure de nommer Michelle O’Neill, leader pro-réunification, au poste de Premier ministre (First minister). Pour autant, en vertu de l’accord de Belfast de 1998, les deux partis majoritaires, le Sinn Féin et le DUP, dirigent conjointement le gouvernement et les négociations pour sa formation s’avèrent difficiles. En effet, tant que seront maintenus les contrôles douaniers post-Brexit, le DUP refuse d’y participer et de nommer le vice-Premier ministre.
- Globalement, bien que la victoire du Sinn Féin recouvre une importance symbolique, les partis unionistes restent majoritaires au sein de l’Assemblé, et bien que l’écart entre unioniste et nationaliste se réduise, le vote pro-réunification n’a pas augmenté de manière spectaculaire.
Résultat des élections dans le Schleswig-Holstein
Dimanche 8 mai, les habitants du Schleswig-Holstein votaient pour élire les 69 députés de la 20e législature du Landtag. Les points à retenir :
- Le ministre-président sortant du Schleswig-Holstein, Daniel Günther (CDU), a remporté une victoire triomphale lors des élections régionales de ce dimanche. Selon les résultats provisoires, la CDU obtient 43,4 % des voix et progresse ainsi de 11,4 points de pourcentage.
- Comme lors des élections régionales dans le Bade-Wurtemberg, la Rhénanie-Palatinat et le Mecklembourg-Poméranie occidentale, Daniel Günther avait entamé la campagne électorale avec une cote de popularité exceptionnelle. Hier soir, Günther a offert au nouveau président fédéral de la CDU, Friedrich Merz, son premier succès.
- Le SPD, qui gouvernait encore le Schleswig-Holstein il y a cinq ans, a perdu 11,3 points de pourcentage et n’est arrivé qu’en troisième position avec 16 % des voix — derrière les Verts, qui ont gagné quatre points de pourcentage et formeront le deuxième plus grand groupe parlementaire du Landtag avec 18,3 %. Le FDP a divisé son résultat par deux et n’a obtenu que 6,4 % des voix. Le Südschleswigscher Wählerverband (SSW), qui représente la minorité danoise du Schleswig-Holstein, sera également représenté au Landtag.
- Pour la première fois, l’AfD quitte un parlement régional. Le parti a perdu 1,5 point de pourcentage et s’est retrouvé avec 4,4 %, juste en dessous de la barre des 5 %. L’AfD n’est donc plus représentée dans les 16 parlements régionaux.
- Dimanche soir, Daniel Günther a annoncé qu’il mènerait dans les prochains jours des discussions avec les Verts et le FDP — ses partenaires de coalition actuels — pour former un nouveau gouvernement régional. Robert Habeck, ministre fédéral de l’économie et ancien vice-premier ministre du Schleswig-Holstein, a déclaré après les élections : « Je pense que Daniel Günther est assez intelligent pour tirer toutes les conséquence de la victoire de [nos] deux partis ».