• Dans cet article, nous observons l’effet du score de Marine Le Pen et d’Emmanuel Macron ainsi que des autres choix au premier tour (autre candidat ou abstention) sur l’évolution de la participation à midi entre le premier et le second tour. Cela permet d’estimer la mobilisation relative des différents groupes (attention, ces analyses se basent sur les pourcentages des inscrits).
  • Dans les départements qui ont fortement voté pour Emmanuel Macron au premier tour (où on observe un écart avec Marine Le Pen supérieur à 6 %), on peut observer que la participation augmente avec le score du candidat LREM au premier tour et diminue avec celui de la candidate du Rassemblement national : l’électorat du président sortant se mobilise, celui de Marine Le Pen se démobilise (La taille du disque correspond au nombre de votants concernés).
  • Il est important et intéressant de relever que dans les territoires d’Île-de-France de cette catégorie, les (très nombreux) électeurs de candidats tiers ou abstentionnistes se remobilisent. C’est beaucoup moins le cas dans l’Ouest par exemple (en haut à droite dans le graphique ci-dessous).
  • Ce résultat, couplé à la démobilisation des électeur du Rassemblement national, suggère l’émergence d’un « front républicain » en Île-de-France (« front anti-Macron » statistiquement possible mais improbable) : la (seule) bonne nouvelle de cette analyse pour Emmanuel Macron. 
  • Dans les territoires où Emmanuel Macron est arrivé légèrement devant Marine Le Pen au premier tour (entre 2 et 6 %), on n’observe plus de front d’aucune sorte : les soutiens d’autres partis participent nettement moins. La Seine-Saint-Denis fait figure d’exception où, malgré des scores très faibles des deux concurrents, la hausse de participation est dans la moyenne nationale : un probable effet du « tout sauf Marine Le Pen » de l’électorat de gauche multiculturel de Seine-Saint-Denis.
  • À l’inverse, dans ces zones, on se remobilise à la fois chez les soutiens du président sortant et de Marine Le Pen (il est difficile de dire a priori qui cela avantagera).
  • Dans les départements où les deux candidats ont moins de deux points d’écart (toujours sur les inscrits), les électeurs n’ayant soutenu ni l’un ni l’autre vont moins voter. Ici ça semble se remobiliser chez EM. C’est moins clair chez MLP.
  • Là où Marine Le Pen est légèrement en tête (dont Marseille et Lille), la situation n’est pas meilleure : là encore, les personnes ayant fait un autre choix au premier tour ne se mobilisent pas (et même se démobilisent). En revanche, comme précédemment, on semble se mobiliser chez les soutiens d’Emmanuel Macron et de Marine Le Pen.
  • Enfin, dans les fiefs du Rassemblement national, on n’observe pas non plus de « front républicain » visible dans les données, mais toujours une démobilisation tendancielle des électeurs des autres partis. On observe toutefois encore une mobilisation au Rassemblement national et chez LREM.
  • En conclusion : on ne peut guère s’attendre à un « front républicain » à ce stade, mais l’inverse ne paraît pas non plus manifeste. Les dynamiques de mobilisation semblent cantonnées aux fiefs des deux candidats, et faibles ailleurs… Seule l’Île-de-France applique de manière nette une logique « tout sauf le RN », qui semble avoir disparu ailleurs, y compris dans les terres modérées de l’ouest. Les zones où le vote traditionnel de gauche est fort (sud-ouest) sont largement démobilisées, et la Seine-Saint-Denis occupe dans ce paysage une position bien spécifique, comme exposé plus haut.