Le 24 février est-il une rupture stratégique ?
L’invasion de l’Ukraine ne peut pas être considérée comme une surprise stratégique. Le basculement de la Russie d’une stratégie indirecte à la guerre ouverte, est, en revanche, un tournant. De nombreuses interrogations entourent les raisons de ce passage à l’acte et du moment choisi. Il y a probablement un facteur personnel qui a influé sur la prise de décision de Poutine. On n’est cependant pas en mesure de l’interpréter à l’aune des informations dont on dispose aujourd’hui. De même, l’acquiescement tétanisé de son entourage à l’entrée en guerre et les enjeux de pouvoir sous-jacents attendent d’être un jour décryptés. Ce qui est clair, c’est que la Russie de Poutine réalise le grand dessein expansionniste et impérialiste qui est le sien depuis 2007 : l’annexion et la neutralisation de pays limitrophes autrefois soviétiques ainsi que le rétablissement de sa stature de puissance selon un agenda exploitant systématiquement les faiblesses et vulnérabilité des Occidentaux.
Dans quel type de guerre nous a fait basculer cette campagne ?
On assiste à la réalisation de deux opérations militaires simultanées, avec un brouillage entretenu entre les deux.
L’une, à l’imitation des pratiques soviétiques, comme le coup de Prague en 1968, vise à impressionner les citoyens ukrainiens et à les désolidariser de leurs gouvernants. Il ne s’agit pas d’écraser militairement les populations mais d’exprimer par la force – les colonnes de chars – la volonté de l’envahisseur. Dans le cas de l’Ukraine, cela ne s’est pas du tout passé comme prévu. Le peuple Ukrainien est entré en résistance avec l’ensemble de sa classe dirigeante derrière le président Volodymyr Zelensky. Cette opération a donc déjà échoué, tout en mettant en évidence, au plan politique, du côté de l’envahisseur russe, une appréciation de la situation intérieure ukrainienne infectée de préjugés et au plan militaire les carences logistiques de son armée. Poutine, c’est Brunswick à Valmy. Face aux volontaires qui s’écrient vive la Nation, Brunswick s’interroge : qu’est-ce que la Nation ? Qu’est-ce que l’Ukraine pour Poutine sinon une réalité qui lui a échappé ? C’est évident, les Russes se sont trompés de narratif et sont incapables de l’adapter.
La deuxième opération traduit la façon actuelle de faire la guerre de la Russie, à la suite des démonstrations effectuées en Syrie, mêlant emploi d’armes classiques anciennes et de systèmes au dernier standard de la technologie, bombardements indiscriminés touchant les civils et frappes précises contre certains objectifs. La mixité des matériels déployés résulte de trois facteurs combinés : une modernisation incomplète de l’armée russe ; un souci d’économie des moyens – les armes de dernière génération sont chères – ; la volonté de conserver « sous la patte » des capacités – avions de combat – en cas de dérapage du conflit. La tactique est celle du stop and go, avec le franchissement de degrés dans la mise sous pression des Ukrainiens pour casser leur détermination. Les actions aériennes relativement peu nombreuses mettent en évidence des insuffisances en matière d’autoprotection d’une partie de la flotte d’aéronefs russes et de leurs capacités d’appui feu. La manœuvre à terre cherche la réduction progressive des poches de résistance dans la partie orientale de l’Ukraine tout en admettant le pourrissement localisé du conflit ailleurs jusqu’à la mise en place, par la voie des armes ou la négociation sous chantage, d’un cessez-le-feu puis d’une solution selon les vues de Moscou.
Pourquoi cette option serait-elle atteinte par Poutine ?
À ce stade, aucun moyen de pression n’a permis, hélas, d’infléchir la conduite du Président russe. En faisant l’hypothèse que le développement militaire du conflit ne soit pas exposé à des « fortunes de guerre » provoquées ou fortuites, tel un acte mal calibré atteignant un pays de l’OTAN, il est probable que Poutine réalise à plus ou moins brève échéance ses buts de guerre, d’autant plus aisément d’ailleurs qu’ils ne sont pas totalement explicités : annexions territoriales – mais jusqu’où ? –, organisation de référendums dans les régions russophones, changement du régime à Kiev ou mise sous tutelle, désarmement et neutralisation de l’Ukraine… Si Poutine a donné des éléments balisant l’issue au conflit de son point de vue, il s’est bien gardé d’être plus précis. Il n’a encore jamais décrit un scénario de sortie de crise tout en maintenant ouvert un espace de discussion/diversion, comme au sujet des couloirs humanitaires et des cessez-le-feu temporaires. En réalité, il ne peut y avoir de vraie négociation sans une médiation internationale. Or cette médiation est présentement introuvable. Jamais Poutine, abonné à la politique du fait accompli en Géorgie, en Crimée comme dans le Donbass ne l’accepterait avant avoir d’abord pris son gage. En renvoyant les Ukrainiens à des négociations bilatérales, on les abandonne à leur sort et au Diktat de Moscou.
Réinterprétation de la doctrine soviétique de la « souveraineté limitée », la politique agressive de la Russie à l’égard de son étranger proche a maintenant débordé dans une guerre ouverte qui déstabilise la sécurité globale de notre continent. La guerre contre l’Ukraine a provoqué une immense onde de choc sur l’ensemble de l’Europe. Ni la Chine, ni l’Inde et la plupart des États asiatiques ou africains ne semblent cependant vouloir s’impliquer dans une querelle qui, selon eux, ne les concerne pas. Quant aux Américains et à nos alliés non européens, leur soutien est acquis mais reste en arrière de la main. Les Européens et les Russes se retrouvent donc en face à face. Pour l’Europe, quelle que soit l’issue plus ou moins rapide des combats en Ukraine, c’est là que tout commence.
La réponse européenne contribue déjà à isoler la Russie. Même si la sortie de cette crise risque d’être décidée unilatéralement par Poutine, le paysage ne sera-t-il pas, quoi qu’il arrive, redessiné à la défaveur de la Russie ?
L’invasion de l’Ukraine est injustifiable. La Russie de Poutine devra rendre des comptes pour cette guerre. D’ores et déjà, son coup de force ne pouvait rester impuni. Le conflit a un très important coût politique, économique et social pour ce pays sous sanction et au bord du défaut de paiement. La résistance ukrainienne peut aussi contraindre Poutine à ravaler une partie de ses objectifs. Plus le conflit dure, plus il est politiquement problématique pour le Kremlin, vis-à-vis de l’opinion publique russe et sur la scène internationale.
Je ne partage cependant pas les conclusions hâtives de ceux qui prétendent que les gains militaires de la Russie sur le terrain sont autant de victoires politiques pour ses adversaires. En voulant effacer l’Ukraine, Poutine lui aurait donné une identité nationale. Que vaudra cette identité dans une Ukraine démembrée ? En voulant affaiblir l’OTAN, il l’aurait renforcée. Certes, l’OTAN bénéficie d’un pouvoir d’attraction accru. Elle est, pour ceux qui ont le privilège d’en faire partie, une garantie de protection unique, comme en attestent les manifestations d’intérêt de la Suède ou de la Finlande désireuses de l’intégrer. L’OTAN peut s’agrandir une nouvelle fois. Néanmoins, forcée de rester l’arme au pied face à l’intervention russe en Ukraine, elle ne sortira pas nécessairement grandie. Les limites extérieures de l’OTAN risquent de devenir un nouveau rideau de fer. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour ceux qui restent de l’autre côté. Quant à l’Europe, Poutine au lieu de la diviser, l’aurait rendue plus solidaire. Les Européens opposent en effet un front uni à la Russie. Ils ont pris collectivement un ensemble de mesures remarquables dont la décision historique de financer pour 450 millions d’euros des armes livrées aux Ukrainiens. La cohésion des Européens se démontrera cependant dans la durée, dans la tenue de la politique de sanctions économiques et financières ou de non-importation du gaz russe. La politique du bras de fer suppose de la constance et de l’endurance.
Les Européens sont engagés dans la durée sur une ligne de fermeté. Il convient cependant de ne pas enfermer l’avenir de l’Europe dans une confrontation obsessionnelle et stérilisante. Parler de nouvelle guerre froide européenne, comme certains le font légèrement, c’est tourner le dos à la perspective d’un continent qui reste ouvert sur le monde et cherche son unité dans la paix et la prospérité. Qui pourrait se résoudre à une telle perspective ? Avec une Russie un jour « normalisée », il faudra reconstruire. La guerre en Ukraine, en réponse, doit être l’occasion d’un sursaut pour les démocraties européennes membres de l’Union ; elle doit aussi rendre possible un Printemps des peuples européens qu’incarnerait l’ouverture d’une procédure d’adhésion de la Moldavie et de la Géorgie.
Certains parlent d’une menace nucléaire plus élevée, de l’emploi d’armes nucléaires tactiques dans la doctrine russe, qu’en est-il vraiment ?
En plaçant ses forces nucléaires en alerte, Poutine fait un usage gesticulatoire de la dissuasion. Sous la menace d’un péril extrême, la dissuasion sert à sanctuariser l’espace et à borner les seuils d’une confrontation. En clair, au-delà de l’effet d’intimidation recherché, il s’agit aussi de signifier que l’Ukraine est désormais incluse dans le périmètre des intérêts de sécurité de la Russie, comme les Américains le firent pour Cuba lors de la crise de 1962. Rien de nouveau.
Cela dit, depuis la fin de la guerre froide, une telle mise en scène est sans précédent. Poutine une fois de plus franchit une étape. De façon inutilement provocante et agressive, il entend donner corps et crédit aux dernières évolutions de la doctrine nucléaire russe couplées au déploiement d’une nouvelle gamme de missiles. Les Américains comme le Royaume-Uni ou la France ont compris le message et ont réagi en conséquence, sans surenchère.
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N’oublions pas que, sauf à manquer de cohérence, Poutine était aussi tenu par ses déclarations de 2015 quand, un an après l’annexion de la Crimée, il avait indiqué de façon intentionnellement provocatrice dans un documentaire avoir envisagé de mettre en alerte les forces nucléaires russes. Il ne pouvait donc faire moins cette fois-ci. À ce jeu Poutine se déconsidère cependant. Il n’est pas Kim Jong-un et la Russie n’est pas la Corée du Nord.
Même en relativisant sa portée, la gesticulation nucléaire Russe dans le conflit Ukrainien signale à certains Européens inattentifs ou indifférents que la question du nucléaire, prise dans sa double dimension de dissuasion et de désarmement, est bien devant eux. Contrairement à ce qu’ils pensaient, la problématique nucléaire ne concerne pas principalement l’équilibrage des relations stratégiques entre la Chine et les États-Unis ou les rapports entre le Pakistan et l’Inde, ou encore les risques de prolifération de l’Iran ou de la Corée du Nord. Malheureusement, l’Europe, comme le reste du monde, est entrée dans un troisième âge de la dissuasion nucléaire. Les Européens ne peuvent que regretter d’avoir, sans réaction à la hauteur des enjeux, laissé détricoter par Moscou et Washington tous les traités de désarmement post-guerre froide depuis vingt ans dont, en 2019, le traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaires (FNI).
Le facteur nucléaire, couplé à la posture d’imprévisibilité de Poutine, accentue-t-il l’intensité de la guerre ?
C’est ce que fait toujours la dissuasion nucléaire qui, dès lors qu’elle est en jeu, crée de la certitude – celle du pire – dans l’incertitude – celle de son emploi. Au cas d’espèce, ce raisonnement est un peu théorique. Les combats n’ont aucun risque d’escalader jusqu’à un seuil nucléaire, sauf agression caractérisée contre un membre de l’OTAN. Malheureusement la seule imprévisibilité dans ce conflit c’est l’impact des bombes russes et le nombre de victimes collatérales qu’elles causent aveuglément.
Beaucoup d’espoirs ont été placés dans le Sommet de Versailles des 10 et 11 mars. Quelles seraient selon vous les meilleures annonces qui pourraient en sortir ?
Il faut espérer que ce sommet se conclue par la mise en place de mécanismes de solidarité rendant supportables pour certains pays et dans certains secteurs les décisions imposant des sanctions économiques et des restrictions à l’achat de gaz russe.
Dans le domaine militaire, on attend une dynamique de relance et des renforcements de la défense européenne ainsi que la mobilisation de crédits supplémentaires pour des capacités européennes partagées, mais aussi pour des coopérations militaires et la gestion des crises – notamment les fonds des Facilités de paix.
Ces mesures que vous décrivez mettent en avant un impensé, ou au moins une difficulté : celle d’arrimer le temps court de la gestion de crise à un temps plus long qui s’ouvre pour la défense européenne.
À plusieurs reprises, l’Union européenne a connu des chocs qui ont fait avancer la défense européenne – la guerre du golfe, le Kosovo, le terrorisme, les attaques cyber. À chaque fois, hélas, l’élan s’est brisé. Aujourd’hui, il ne s’agit pas d’un choc mais d’un séisme.
Persuadés, après la chute du mur de Berlin en 1989, qu’à la condition de laisser faire le temps, l’extension de la démocratie sur le Vieux Continent était inéluctable, les Européens avaient oublié que la démocratie reste dans l’histoire un régime minoritaire, fragile, régulièrement combattu par les États autoritaires. L’invasion de l’Ukraine dissipe le brouillard d’une paix établie depuis trente ans sur quelques faux semblants. Tenue pour hautement improbable, l’hypothèse d’un conflit majeur en Europe est ainsi soudain redevenue tangible dans la nuit du 24 février 2022. De même, l’idée que les Européens étaient à l’abri d’un chantage militaire, même indirect, a volé en éclat. La guerre en Ukraine agit comme un révélateur et un précipité de ce qui menace l’Europe et de la nécessité de mieux la défendre.
La décision de l’Allemagne de doter son budget de défense de 100 milliards d’euro supplémentaire l’atteste : quelque chose a vraiment changé dans la tête des Européens. Du point de vue de leur défense, il faut changer de logiciel. Cela doit se traduire par des efforts nationaux et collectifs soutenus pour rendre plus efficaces les appareils militaires et plus sûrs les dispositifs de protection.
Par où ce passage devrait-il commencer, concrètement ?
Il faut a minima que les Européens adaptent puis adoptent une « boussole stratégique » à la hauteur des enjeux. La boussole doit intégrer à côté des menaces cyber, du terrorisme, de la protection des frontières et des infrastructures critiques de l’Union, le risque de guerre majeure sur le sol européen. Les Européens doivent s’intéresser à la définition de leur contribution à leur défense collective et à l’articulation des moyens militaires à disposition de l’Union et de l’OTAN. Il faut réduire enfin l’aporie d’une organisation militaire, l’OTAN, qui pour des raisons politiques ne peut pas toujours intervenir et d’une organisation politique, l’Union européenne, qui pour des raisons militaires en est bien souvent empêchée. Quel que soit le cadre d’emploi et les missions, les forces européennes à disposition de l’OTAN et de l’Union sont d’ailleurs les mêmes. La seule chose qui importe est leur cohérence, leurs performances et leur interopérabilité pour contribuer à la défense collective des Européens comme à d’autres missions. Or cette rationalisation n’interviendra que si l’on fait enfin converger les programmations militaires des États européens. De même, il est indispensable de veiller à la consolidation des dispositifs de sécurité au sein de l’Union, en particulier concernant le cyber et les infrastructures critiques.
Dans votre rapport au président de la République sur la défense européenne en 2019, vous faisiez aussi beaucoup reposer sur l’articulation avec l’OTAN.
Le rapport envisageait trois étapes : 2020 avec une nouvelle Commission, 2022 avec la Présidence française du Conseil de l’Union européenne et 2027. Les événements consolident ce calendrier. 2020, comme proposé, a vu la création d’un commissariat et d’une direction générale chargés de la défense, ainsi que du Fonds européen de défense. En 2022, le communiqué provisoire de Versailles retient les points proposés par le rapport, notamment l’ambition capacitaire.
L’articulation avec l’OTAN repose quant à elle sur une équation qui se formule assez simplement : soit, pour gérer une crise et dès lors que les Américains ne sont pas engagés, les Européens ont accès – c’est ce qui était prévu dans les accords « Berlin plus » – aux moyens de planification, de commandement et de conduite opérationnelle de l’OTAN ; soit ils doivent disposer en propre de telles capacités. Sinon rien ne changera.
La crise ne peut-elle pas faire sauter ce blocage sur l’OTAN ?
La guerre contre l’Ukraine met en évidence l’immense avantage de faire partie de l’OTAN, dont il est indispensable de conforter les moyens de défense collective. Cependant, la gestion de cette crise montre aussi que l’Organisation n’est pas toujours aussi « manoeuvrante » que l’Union. L’OTAN, après l’Afghanistan et avec ce conflit en Ukraine, ne peut que se concentrer davantage sur la mission historique de défense collective de ses membres. Il est donc indispensable que l’Union puisse intervenir de façon préventive et stabilisatrice dans des crises de moindre intensité pouvant survenir dans son voisinage, par exemple en Méditerranée, au Levant ou dans les Balkans. Pour cela elle doit disposer ou avoir accès facilement à des forces de réaction rapide ainsi qu’à des outils de planification et de conduite des opérations militaires.
Il faut aussi arrêter de se voiler la face. Les armées européennes possèdent à la fois des capacités en surnombre et ont de trop nombreuses carences au point que leur cohérence d’ensemble n’est rendue possible que par l’implication des États-Unis. Ce n’est pas raisonnable. Nous devons pouvoir compter sur des forces dont le déploiement n’est pas a priori compromis, d’où la rationalisation des moyens que j’évoquais plus haut.
Si des blocages sont à lever c’est bien ceux-là.
Face à cette guerre, la position de la Chine est assez intéressante.
D’évidence, les Chinois n’aiment pas vraiment cette guerre qui trouble le retour à la prospérité après la crise Covid, fragilise les échanges et déstabilise le marché de l’énergie. D’un autre côté, elle les arrange. Elle détourne l’attention de la communauté internationale sur la question de Hong-Kong et quelques dossiers embarrassants. Elle crée un second front qui handicapent les Américains jusqu’ici absorbés par leur compétition avec la Chine. Xi Jinping, enfin, ne va pas abandonner Poutine qui s’est aligné sur certaines des positions récemment prises à l’international par la Chine…
En même temps, cette rivalité entre la Chine et les États-Unis est toujours structurante de cette période d’interrègne. Dans ce contexte, la solitude stratégique des Européens est-elle accentuée ?
Ce que j’ai appelé « la solitude stratégique des Européens », à partir du second mandat d’Obama, donc bien avant ce conflit, s’accuse en effet. Les Américains observent la situation comme le lait sur le feu mais nous laisserons payer le prix de la facture, notamment celle des sanctions et du gaz. Nous seuls devront subir les conséquences de la solution imposée unilatéralement par la Russie en Ukraine avec le risque d’une zone de déstabilisation permanente à notre porte. Car Poutine, lui, en sens inverse, risque de continuer à exercer des pressions pour tenter d’alléger les sanctions.
Plus que jamais les Européens sont seuls, seuls face à la Russie de Poutine, seuls face à eux-mêmes, seuls face à l’avenir de leur Union et au devenir du continent.