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Key Points
  • Entre 100 et 200 soldats russes sont tués chaque jour, avec 3 à 4 fois plus de blessés graves. À ce rythme, l’armée russe en Ukraine sera exsangue en trois mois.
  • On passe progressivement d’une armée régulière « classique » en infanterie urbaine à une armée de partisans sur les arrières.
  • Autour de Kiev, des assauts sont lancés au Nord, à l’Ouest, à l’Est. La résistance ukrainienne est en recul mais elle tient bon.

Résumé des opérations

On note un ralentissement de la progression russe par l’entrave des poches de résistance sur la frontière (Chernihiv, Sumy, Kharkiv) et l’élongation des axes logistiques.

L’assaut de Kiev est « progressif », au fur et à mesure de l’arrivée même partielle des armées russes. La bataille des villes périphériques à l’Ouest et à l’Est se poursuit, avec une pression de feux croissante sur la ville à attendre.

Un ralentissement de l’effort est à noter à l’Est de l’Ukraine en attente de la chute de Marioupol et de Kharkiv, pour avoir suffisamment de forces pour attaquer l’axe Kharkiv-Zaporijjia. Un effort est porté sur Mikolayev au Sud-Ouest, mais les forces seront insuffisantes ensuite pour tenir le siège d’Odessa.

Situations par zone

Zone Ouest 

Le groupement aéroporté russe se trouve au Sud-Ouest de la Biélorussie. Il est composé de la 98e Division aéroportée (DA), de la 31e Brigade assaut aérien (BAA) et d’une brigade motorisée. Elle pourrait se déployer comme force de surveillance et de couverture ou bien préparer un raid aéroporté dans l’Ouest ukrainien.

En revanche, on n’enregistre pas de poussée apparente vers le Sud (Jytomir) ou alors elle est interrompue par les forces ukrainiennes.

Zone de Kiev

À l’Ouest de la ville, une attaque de la 35e ou de la 36e Armée (il existe une incertitude) combinée à la 76e DA se trouve entre le réservoir de Kiev et la route occidentale vers Korosten, un axe solidement tenu par les forces ukrainiennes. Six groupements tactiques on lancé l’assaut sur les villes périphériques de Boucha et d’Irpin. La résistance ukrainienne est en recul.

Au Nord de la ville, la 41e Armée est toujours entravée par la résistance de Chernihiv, elle opère un contournement par l’Ouest et avance avec une force réduite – possiblement quatre GTIA – à 40 km au Nord de Kiev. Un probable assaut sur Chernihiv et la poche adjacente de Nizhym est à prévoir dans les jours qui viennent.

À l’Est de la capitale, l’effort de la 1ère ABG est renforcé, avec 20 GTIA identifiés et un combat pour Brovary, à 20 km à l’Est de Kiev. L’avance est entravée par la résistance de Soumy à la frontière et le harcèlement ukrainien le long de l’axe Soumy-Brovary.

Le combat est pris en charge par l’état-major de la 6e Armée et peut-être de la 20e (il existe une incertitude sur ce point). Le siège de Kharkiv, soutenu sous la pression du feu, sans assaut, est maintenu avec la jonction des forces de la 8e Armée de Louhansk. Des reconnaissances sont lancées vers Poltava et/ou Dnipro, mais avec des forces visiblement insuffisantes.

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Zone Sud-Est

Les 58e et 49e Armée (il existe une incertitude sur l’identification de ces armées) encerclent Marioupol, qui fixe au moins 7 GTIA. Un effort de la 58e Armée est effectué vers Zaporijia mais avec un nombre de forces insuffisant. On attend la chute de Marioupol pour relancer l’effort sur l’axe Zaporijjia-Kharkiv. Une menace sérieuse pèse sur les 10 brigades ukrainiennes dans la région.

Zone Sud-Ouest

Les combats pour Mikolayev, point stratégique, se poursuivent avec 3 GTIA et l’infiltration de la 7e DA vers le Nord-Ouest. Les forces en présence semblent pour l’instant insuffisantes pour porter le siège suivant, celui d’Odessa.

Perspectives 

Derrière la guerre visible des drapeaux et des tâches rouges qui avancent sur une carte (la campagne russe de conquête), il y a la guerre invisible des chiffres (la campagne ukrainienne de freinage et d’usure). Entre 100 et 200 soldats russes sont tués chaque jour, avec 3 à 4 fois plus de blessés graves. À ce rythme, l’armée russe en Ukraine sera exsangue en trois mois.

Un remplacement des pertes à venir sera probablement à prévoir par des conscrits et des réservistes. Il faut s’attendre à une diminution de la qualité du moral et des compétences des troupes russes, avant peut-être des mesures d’adaptation si l’armée russe anticipe des combats longs.

Pertes

Selon le site Oryx, 900 véhicules terrestres ont été perdus, dont 143 chars (soit la moitié du potentiel français) et 282 véhicules de combat d’infanterie. Dans les airs, on dénombre 11 avions et 11 hélicoptères perdus. Ces chiffres sont probablement inférieurs à la réalité. À ce rythme, le potentiel matériel sera aussi largement entamé.

Les pertes humaines ukrainiennes sont difficiles à estimer. Elles sont sans doute du même ordre que les pertes russes, peut-être un peu inférieures, mais le potentiel humain est beaucoup plus important.

Les pertes matérielles prouvées sont inférieures pour les Ukrainiens : on compte 272 véhicules perdus, dont 46 chars et environ 90 véhicules d’infanterie, ce qui fait un rapport de 1 pour 3 en véhicules de combat. Mais il existe bien sûr une distorsion possible puisque les Ukrainiens communiquent plus sur les pertes russes que l’inverse.

On passe progressivement d’une armée régulière « classique » en infanterie urbaine à une armée de partisans sur les arrières. L’armée régulière est condamnée à fondre au fur et à mesure des pertes au combat et de la capture dans zones conquises sans avoir une capacité de compensation équivalente

L’infanterie légère est de son côté de mieux en mieux équipée. Le potentiel d’usure au centre de la stratégie ukrainiennen est considérable. L’enjeu est celui de l’élévation des compétences de cette armée improvisée, et de sa capacité à combattre dans zones occupées.