- Au pouvoir depuis 1994, le président biélorusse Alexander Lukashenko a été réélu pour un sixième mandat consécutif dans une élection contestée en août 2020. Depuis, la Biélorussie a été sanctionnée par l’Union à deux reprises en septembre 2020 et en avril 2021 après le détournement par Minsk d’un avion reliant Athènes à Vilnius.
- Minsk a alors choisi la voie de la confrontation avec l’Union, en suspendant sa participation au Partenariat Oriental et en menant une attaque hybride en instrumentalisant les flux migratoires vers l’Europe, provoquant une crise à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie.
- Dans ce contexte, le 4 novembre 2021, Minsk et Moscou ont signé une série d’accords techniques pour rapprocher les législations fiscales et douanières des deux pays. Alors que le dirigeant biélorusse avait auparavant refusé de reconnaître l’annexion de la Crimée par la Russie, il a décidé le 30 novembre 2021 de changer de position, en affirmant que la Crimée était légalement “russe”, devenant le 11ème État de l’ONU à adopter cette position. Demain, Loukachenko supervisera aussi les exercices militaires russes de “dissuasion stratégique”, comprenant des tirs de missiles balistiques et de croisière avec Vladimir Poutine en Russie.
- La rencontre entre les deux présidents se tient dans un contexte de tensions accrues entre l’Ukraine et la Russie. Si la Biélorussie accueille depuis le 10 février des exercices militaires communs avec la Russie pour dix jours officiellement, le président biélorusse a néanmoins déclaré que les forces armées russes pourraient rester “aussi longtemps que nécessaire”. Un référendum doit aussi avoir lieu le 27 février sur une réforme de la Constitution biélorusse de 1994 qui pourrait donner la possibilité à Moscou de déployer des armes nucléaires, en contravention avec le mémorandum de Budapest de 1994 entre la Russie, la Biélorussie, le Kazakhstan, l’Ukraine, les États-Unis et le Royaume-Uni. Moscou s’était engagé à préserver l’intégrité territoriale des ses trois voisins, en échange du retrait des armes nucléaires présentes sur leur sol et de signature du Traité de non prolifération nucléaire.
- Dans le contexte de la reprise des hostilités dans le Donbass, Loukachenko avait déclaré qu’il se coordonnerait avec son homologue russe avant de reconnaître ou non les auto-proclamées Républiques de Donetsk et Lougansk. Aujourd’hui, les dirigeants des deux régions ont appelé les civils à partir vers la Russie, en annonçant que le président ukrainien allait mener une attaque militaire pour reprendre le contrôle des territoires.
- Selon les autorités américaines, ces provocations pourraient être utilisées par la Russie comme prétexte pour une opération militaire contre l’Ukraine, en reproduisant le scénario de 2008 contre la Géorgie. Vladimir Poutine a appelé à nouveau Kiev à appliquer les accords de Minsk pour mettre fin à l’escalade militaire.