• Plusieurs milliers de migrants provenant principalement du Moyen-Orient, et notamment d’Irak ou d’Afghanistan1, auraient été escortés à la frontière polono-bélarusse par les autorités bélarusses. Si les migrants contenus à la frontière font part de leur volonté de rejoindre l’Allemagne, une loi polonaise a été votée en octobre autorisant leur refoulement aux frontières2 et l’état d’urgence a été décrété par les autorités de Varsovie. À ce jour, les aides humanitaires ne parviennent pas aux migrants3 qui se trouvent dans des conditions particulièrement délétères. Des centaines de personnes ont établi des campements alors que les températures ne cessent de chuter et que huit individus sont décédés au cours des deux derniers mois.
  • Le ministre de l’Intérieur polonais a déclaré qu’il s’agit « des représailles du régime de Loukachenko contre les fondements des gouvernements de Lituanie, de Lettonie et de Pologne, mais aussi contre les actions de l’Union européenne. Ces actions de Loukachenko remettent en cause la sécurité de la frontière polonaise et son intégrité ». 
  • Malgré les demandes répétées des organisations humanitaires, les autorités polonaises ont affirmé leur détermination à ne laisser passer aucun migrant et n’ont pas hésité à utiliser des gaz lacrymogènes pour repousser certaines personnes essayant de passer à travers les fortifications et les barbelés érigés à la frontière. Selon le ministre de la Défense, Mariusz Błaszczak, 12 000 soldats sont «  prêts à défendre la frontière polonaise. »
  • Si la situation dure déjà depuis quelques mois et s’inscrit dans les tensions qui ont caractérisé les relations entre l’Union et la Biélorussie après les répressions violentes des manifestations par les autorités de Minsk, qui ont suivi aux élections présidentielles truquées d’août 2020, l’Union peine à trouver une réponse. Ursula von der Leyen a appelé lundi à de nouvelles sanctions contre le régime bélarusse4. De son côté, le ministre allemand de l’intérieur a déclaré que la Pologne avait besoin de soutien pour faire face à la « menace hybride » de l’immigration politiquement organisée.
  • Ces évolutions s’inscrivent dans un contexte européen particulier. Premièrement, le nouveau Pacte sur l’asile et la migration,  présenté par la Commission européenne le 23 septembre 2020, se heurte à des difficultés et l’opposition de certains États membres. La France, qui assure la présidence tournante du Conseil européen à partir de janvier 2022, pourrait pourtant le remettre à l’ordre du jour. Deuxièmement, la remise en cause par la Pologne de la primauté du droit européen a accru les tensions avec la Commission, qui avait sanctionné le pays au mois d’octobre. Les autorités de Varsovie ont refusé l’aide de l’agence commune de garde-frontières, Frontex. 
  • Si les situations à travers l’Europe diffèrent en termes de migration, il faut noter que la Pologne fait de plus en plus appel à la main-d’œuvre étrangère : selon l’OCDE, le pays, qui pratique de plus en plus activement une politique de migration choisie, est la première destination des migrants temporaires de travail dans le monde. En 2018, la Pologne a délivré 1,1 million de nouvelles autorisations à des travailleurs non européens.
Sources
  1. The Guardian, Belarus escorts 1,000 migrants towards Polish border, Andrew Roth, 8 novembre 2021
  2.  Reuters, Poland passes legislation allowing migrant pushbacks at border, Justyna Pawlak, Anna Wlodarczak-Semczuk and Mark Heinrich, 14 octobre 2021
  3. The Guardian, Poland-Belarus border crisis : what is going on and who is to blame ?, Andrew Roth, 9 novembre 2021
  4. France 24, Migrants : Bruxelles appelle à de nouvelles sanctions contre Minsk, 8 novembre 2021