Le variant Omicron menace les fêtes de Noël

Fin octobre 2020, les prix Nobel d’économie Banerjee et Duflo publiaient déjà une tribune appelant à « sauver Noël » en instaurant un confinement pour l’automne. Cette posture avait évidemment des raisons sanitaires, mais elle permettait encore une fois de poser la question d’Olivier Roy : L’Europe est-elle chrétienne ?

Le nombre de décès dus au Covid-19 en Europe (incluant la Russie) a officiellement dépassé 1,5 million. Le 23 novembre, l’OMS a affiché le chiffre de 700 000 morts supplémentaires d’ici fin février si rien n’est fait pour stopper la pandémie. Le 4 novembre, l’OMS ne parlait « que » de 500 000 morts. Il faut bien sûr prendre ces chiffres avec précaution dans la mesure où ils n’incluent pas de potentielles restrictions sanitaires prises bientôt par les États. Notons enfin qu’au contraire du début de l’automne, c’est désormais l’Europe de l’Ouest et du Sud qui fait face à une hausse fulgurante des cas de Covid-19, alors que la hausse ralentit en Europe centrale.

Le variant B.1.1.529, identifié par l’Afrique du Sud, a été qualifié de « préoccupant » par l’OMS. Si la Commission a appelé vendredi à interdire les arrivées des pays d’Afrique australe, le variant est déjà en Europe. Les bourses se sont effondrées vendredi, alors que le variant omicron, déclaré le 24 novembre par l’Afrique du Sud, était présent aux Pays-Bas dès le 19 novembre¹, et était, le 30 novembre, présent dans 20 pays dont 13 sont européens, notamment l’Italie, la Belgique et les Pays-Bas². Le variant a également fait son apparition en France, aux Etats-Unis et en Allemagne, ces deux derniers pays mettant en place davantage de restrictions³. Si les chiffres sur la contagiosité et la résistance au vaccin d’omicron n’ont pas encore été publiés, il semblerait que ce variant soit bien plus transmissible que les précédents, et pourrait causer, d’ici quelques mois, plus de la moitié des infections du Covid⁴, alors que plusieurs contaminations isolées concernaient des personnes totalement vaccinées⁵.

En attendant, omicron ou non, les États européens ont renforcé les mesures de lutte contre la pandémie cette semaine. La 3e dose de vaccin est maintenant accessible dans la plupart des pays européens, dont la France, l’Islande, le Royaume-Uni, la Hongrie, le Danemark, l’Espagne, l’Allemagne – qui envisage de rendre la vaccination obligatoire⁶ – ou encore la Suède et la Grèce, pour des populations ciblées en fonction de leur âge et de leurs conditions de santé. En Italie, du 6 décembre au 15 janvier, le passe sanitaire devient en réalité vaccinal : l’accès aux restaurants et certains espaces publics (théâtres, etc.) est réservé aux personnes vaccinées et guéries, un résultat négatif de test ne suffisant plus.

Preuve du regain de vigilance et aveu d’impuissance face au Covid-19, la Nouvelle-Zélande abandonnera officiellement sa politique « zéro Covid » jeudi à minuit, tout en conservant les frontières fermées jusqu’à avril 2022 au moins. Cette politique consistait dans l’éradication du virus, notamment par le biais de restrictions et par la fermeture des frontières depuis mars 2020. La Nouvelle-Zélande, de même que l’Australie, table maintenant sur la vaccination⁷.