• Si les premiers résultats provisoires seront annoncés à 21h, les chances de déroger aux sondages et aux prédictions sont faibles. Le Parti conservateur (Høyre), au pouvoir en Norvège depuis 2013, devrait laisser la main au Parti travailliste (Ap) et à son président Jonas Gahr Støre, auquel se joindraient au minimum le Parti du centre et la Gauche socialiste afin de former une coalition.
  • Le pays passerait d’un gouvernement de coalition de droite depuis 2013, le « bloc bourgeois » (borgerlig blokk1), à un gouvernement de centre-gauche, dominé par le Parti travailliste. Le leader de ce dernier, le millionnaire Jonas Gahr Støre, a principalement fait campagne autour de la lutte contre les inégalités, qui persiste notamment entre les ménages les plus aisés et les plus modestes, et du rôle de l’État-providence en Norvège.
  • Le grand sujet de friction entre les quatre principaux partis en lice durant la campagne (travailliste, conservateur, du progrès et du centre) aura été l’écologie, et principalement le pétrole, dont la Norvège est l’un des principaux producteurs et exportateurs au monde — le premier en Europe. Si le Parti écologiste (MDG) n’a que peu progressé en terme d’intentions de vote depuis les élections de 2017 (passant de 3,2 % à 4,8 %), une de ses candidates, Ulrikke Torgersen, se réjouit qu’on « discute enfin du pétrole et du gaz »2.
  • Le principal cheval de bataille du Parti écologiste norvégien durant cette campagne était l’arrêt de la production et de l’exportation de pétrole après 2035, et la fin dès maintenant de projets de nouvelles explorations, conformément aux recommandations issues dans le dernier rapport de l’AIE. Les deux principaux partis de Norvège (travailliste et conservateur) sont conscients des enjeux climatiques et environnementaux, mais ne sont pas prêts à renoncer à l’exploitation de leurs ressources en énergie fossile.
  • L’extraction de pétrole compte pour 15 % du PIB norvégien, et le secteur d’activité représente plus de 150 000 emplois, pour une population d’un peu plus de 5 millions d’habitants3. Ainsi, aucun des principaux partis n’a pris le risque d’un virage vers un monde post-carbone, de peur de renoncer à une large part de leur électorat. Lors de la dernière importante crise liée à la chute du prix du pétrole en 2014, des dizaines de milliers de personnes ont perdu leur emploi. Lors des élections législatives de 2017, le Parti travailliste passait devant le Parti conservateur en obtenant 27,37 % des voix contre 25,04 %.
  • Selon les scores des élections législatives qui seront annoncés dans la soirée, le Parti travailliste pourrait avoir à composer avec le Parti écologiste au sein d’une coalition qui regrouperait au minimum trois partis. Si c’était le cas, le dilemme qui se pose en Norvège entre l’exploitation de la manne pétrolière et la nécessité de la transition écologique et de la fin de l’exploitation de pétrole risquerait de sérieusement ralentir le processus législatif de ces prochaines années.
Sources
  1. Les Echos, « Norvège : les électeurs appelés aux urnes, un parfum d’alternance flotte sur Oslo », 10 septembre 2021.
  2. Anne-Françoise Hivert, « L’après-pétrole divise la Norvège », Le Monde, 10 septembre 2021.
  3. Direction générale du Trésor, « Situation conjoncturelle de l’économie norvégienne », 21 septembre 2020.